En 2016, Air BnB, l’entreprise US de mise en ligne d’annonce de location d’appartements, a payé à peine 92 000 € d’impôts en France. Alors que le site loue plus de 400 000 locations saisonnières en France, son deuxième marché mondial. Pour un chiffre d’affaires estimé à 65 millions d’euros. Uber elle aurait payé moins de 6% d’impôts sur les sociétés en France en 2014. Cette optimisation fiscale se fait au détriment du budget de l’État et donc du fonctionnement des services publics des travailleurs en France qui se voient eux appliquer les hausses d’impôts par Macron. Cette optimisation fiscale est le résultat direct de l’Union Européenne qui organise une véritable évasion fiscale en permettant aux multinationales de déclarer leurs bénéfices dans les pays de l’UE appliquant les taux d’impôts les plus bas et non sur le lieu d’exercice de leurs activités.
Mais l’ubérisation de l’économie ce n’est pas seulement l’évasion fiscale, c’est aussi la précarisation généralisée de l’ensemble des salariés
L’Ubérisation de l’économie pour casser tous les conquis du salariat !
par nos camarades du Front Syndical de Classe
Il fut effectivement un temps où le mouvement ouvrier s’est fixé comme objectif la fin du salariat.
À présent, c’est le capital qui s’est fixé cet objectif au nom de la modernité, des évolutions technologiques, de l’extension du domaine … de l’économie numérique.
C’est que contrairement au mouvement ouvrier, ce dont il veut se débarrasser ce n’est pas de la subordination constitutive du salariat aux détenteurs de la propriété des moyens de production MAIS des conquêtes ouvrières issues de luttes acharnées, parfois sanglantes qui ont tissé un véritable réseau de droits échappant au contrôle du marché et du patronat : retraites, protection sociale … financées par les cotisations sociales.
Les travaux de Bernard FRIOT en particulier témoignent de ces conquêtes, de leur caractère révolutionnaire et de la nécessité pour le mouvement social de les étendre jusqu’à la suppression de la propriété lucrative prédatrice du travail humain :
Mais la résistance s’organise contre les conséquences de ces choix … et commence à s’organiser contre ces choix eux-mêmes !
Deliveroo La loi Travail au pas de course – communiqué de la CGT
Le 27 juillet, Deliveroo a décidé de modifier unilatéralement tous les contrats de ses coursiers à vélo pour les payer à la tâche. Ces contrats, loin d’être mirobolants, assuraient une rémunération minimum de 7,5 euros par heure ainsi qu’une part variable allant de 2 à 4 euros par course.
Le procédé employé est d’une brutalité inouïe : un simple appel téléphonique pour annoncer la suppression du contrat avec, pour seule alternative, la « liberté » de partir ou un paiement à la course à hauteur de 5 euros, sans minimum. A la clé, des pertes de revenus de l’ordre de 30 à 40 % et la difficulté à vivre qui en résulte.
La technique n’est pas nouvelle, profiter de l’été pour s’attaquer aux droits et garanties et augmenter la précarité. Encore une fois, politiques au pouvoir et grandes entreprises s’entendent sur ce sujet. Sur le fond, c’est la mise en œuvre pour les travailleurs dits « ubérisés » de ce dont rêvent Macron et les entreprises financiarisées pour l’ensemble des salariés au moyen des ordonnances.
Le syndicat CGT des coursiers à vélo de Gironde et ses syndiqués se mobilisent afin de stopper les abus et de rééquilibrer les pouvoirs entre les coursiers et les sociétés de plateformes. Ceci permettant d’encadrer le travail et d’éviter la paupérisation du métier.
Malgré la volonté de Deliveroo de contourner par tous les moyens la grève des coursiers, le mouvement s’étend à Lyon et Paris, à partir de revendications communes. Avec son syndicat, la CGT apporte tout son soutien à cette lutte. Elle exige pour ces travailleurs auprès des sociétés de plateformes :
– un pouvoir de négociation et de représentation véritable ;
– la création de « comités d’entreprises » et d’instances représentatives des personnels ;
– le bénéfice des protections garanties par le code du travail, évitant la création d’un statut de surexploitation et d’une « zone grise » de non-droit.Dans ce contexte, la CGT a pris l’initiative de se porter partie intervenante auprès de la Cour de Cassation pour la requalification en contrat de travail de la relation liant un ancien livreur à vélo de TakeEatEasy. C’est la première fois que la Cour de Cassation aura à juger du cas d’un livreur en litige contre une plateforme numérique dans le cadre du droit du travail.
Le combat se prépare pour la rentrée. D’un côté, les 1000 coursiers concernés seront au RSA à partir du 28 août. De l’autre, les salariés sont appelés à se mobiliser contre la loi Travail XXL. La lutte des uns est bien la lutte des autres. La régression ne peut être le commun de tous les travailleurs mais bien le contraire du droit à l’autonomie et du progrès social pour tous.
Montreuil, le 9 août 2017