Par Georges Gastaud, auteur du livre « Patriotisme et internationalisme » – Il fut un temps où les communistes français, alors applaudis par l’Internationale communiste et par son secrétaire général l’héroïque Dimitrov, associaient fièrement le drapeau tricolore de l’indépendance nationale au drapeau rouge de la révolution prolétarienne. C’était le temps du VRAI Front populaire à la fois antifasciste et patriotique où le fougueux Jacques Duclos, au nom de la Jeunesse communiste, entonnait coup sur coup la Marseillaise et l’Internationale au stade Buffalo au premier meeting du Front populaire, significativement organisé le 14 juillet 1935.
Ces deux drapeaux furent par la suite largement associés sous l’Occupation par les Francs-Tireurs et Partisans Français et par les FTP-MOI, lesquels étaient fiers de donner à leurs Bataillons des noms issus de la grande histoire révolutionnaire et humaniste de notre pays : Carmagnole, Liberté, Saint-Just, Cyrano, Valmy… Ainsi, le PCF clandestin s’inscrivait pleinement dans le fil tricolore et rouge de l’histoire de France et travaillait ingénieusement, en créant successivement face à Hitler le « Front français » (1938) puis le « Front National de Lutte pour l’Indépendance de la France », avant de participer centralement au Conseil nationalde la Résistance et de placer méthodiquement « la classe ouvrière au coeur de la vie nationale » comme on disait alors. Avec, entre autres résultats les magnifiques avancées sociales portées par les ministres communistes de la Libération, Maurice Thorez, Marcel Paul, Ambroise Croizat, François Billoux, etc. : Sécurité sociale, retraites par répartition, statuts de la fonction publique, nationalisation d’EDF, de Renault, des Banques, de l’Aéronautique et des Charbonnages, généralisation des conventions collectives, etc.
Hélas depuis lors, et surtout depuis que le PS-SFIO de Léon Blum d’abord, puis, lors du tournant de l' »euro-mutation », le PCF démarxisé ensuite, ont successivement rallié dans son principe la sinistre « construction européenne » destructive de notre pays, la fausse « gauche », les prétendus « eurocommunistes », les euro-trotskistes de toujours et toutes sortes de « léninistes » de parade ont, machiavéliquement et/ou inconsciemment selon les cas, capitulé devant l’extrême droite raciste qui usurpe le drapeau des Sans Culotte pour l’opposer au drapeau rouge de la Commune (qui arborait elle-même le drapeau tricolore !) et de la Révolution d’Octobre 1917 (Lénine ayant adopté la Marseillaise comme tout premier hymne !), ce fier étendard qui flotta par la suite victorieusement sur le Reichstag nazi définitivement terrassé par l’Armée rouge en mai 1945.
Ainsi et durant des années, alors que le P »C »F archi-muté de Robert Hue, Pierre Laurent, Fabien Roussel et Cie reniait l’emblème ouvrier et paysan (le marteau et la faucille) et qu’il capitulait veulement devant le gauchisme en cessant de défendre le drapeau tricolore dans les manifs, un certain nombre de pseudo-révolutionnaires confondant vandalisme et antifascisme ont fait leur en l’inversant la manoeuvre idéologique des extrémistes de droite opposant entre eux nos deux drapeaux de combat. Et pendant que les fachos traquaient de leur côté, parfois la barre de fer à la main, le drapeau rouge des « cocos », le gauchisme fonctionnait en miroir des premiers et validait « de gauche », et en toute stupide inconscience, leur détestable manoeuvre idéologique en traquant dans les manifs ces trois couleurs que les communistes du PRCF et de la JRCF continuaient courageusement à associer dans les manifs à l’oriflamme rouge ornée des « outils ».
Quant à l’oligarchie euro-atlantiste qui sait bien, elle, que ces questions de drapeau ne relèvent nullement du « fétichisme », comme disent sottement certains, mais bien de la bataille hautement politique pour l’hégémonie culturelle progressiste et de la conquête par la classe travailleuse de son rôle dirigeant dans la Nation (Marx ne se contentant nullement de dire que « les prolétaires n’ont pas de patrie » et appelant les ouvriers, quasiment dans le même paragraphe souvent cité du Manifeste, à « devenir la Nation »!), elle associait systématiquement le drapeau tricolore… au drapeau clérical-impérialiste de l’empire européen en construction, c’est-à-dire le « drap marial » de l’UE frappé des douze étoiles apostoliques. Et qui ne voit l’omniprésence dans le paysage symbolique « français » de l »Union Jack » anglais et du « Stars and Stripes » yankee dont la présence obsédante jusque sur nos vêtements est fort loin de relever d’une signalétique anodine à l’heure où l’empire anglo-saxon tente de maintenir sa belliqueuse hégémonie économique, militaire, linguistique et culturelle sur toute la planète et où l’UE a programmé un « saut fédéral européen » de nature à liquider rapidement l’existence nationale de notre nation.
C’est pourquoi la vidéo affichée ci-dessous est d’une extrême importance symbolique, culturelle et politique. Qu’un jeune et intelligent rappeur franco-sénégalais brandisse le drapeau français et qu’il soit le premier à appeler les jeunes militants de gauche à disputer l’emblème national républicain à l’extrême droite raciste est un magnifique exemple de la capacité de la jeunesse multicolore de France à disputer à l’ennemi de classe et à ses activistes fascistes la légitimité nationale sans laquelle aucune lutte pour le socialisme ne pourra reprendre pied dans notre pays. Que ce jeune homme et bien d’autres que lui, qui ont porté le drapeau tricolore et/ou le drapeau rouge dans les manifs pour la Palestine ou contre l’extrême droite, en soient chaleureusement félicité. Car oui, comme le dit la magnifique chanson « Ma France » popularisée par Jean Ferrat, « elle répond toujours du nom de Robespierre, Ma France ». Celle de la liberté, de l’égalité et de la fraternité pour toutes et tous, PARTOUT.
C’est ainsi, en mariant les deux drapeaux, en chantant à la fois la Marseillaise ET l’Internationale, deux chansons françaises qui ont fait le tour du monde, que peu à peu nous redeviendrons ensemble, face à toutes les oligarchies capitalistes, à tous les fascismes et à tous les impérialismes, y compris l’impérialisme français destructeur à la fois de l’Afrique et de notre Nation, une France Franchement Insoumise, une « F.F.I. » !