La nomination d’un dirigeant des assurances à la tête du cabinet de la Ministre de la santé suscite les plus vives inquiétudes de l’UFAL qui sonne l’alerte. Ce n’est pas une surprise, comme Fillon, Macron a dans son viseur la Sécurité Sociale. C’est qu’il s’agit de répondre aux ordres de libéralisation et d’austérité donnés par l’Union Européenne, c’est-à-dire l’institution supranationale via laquelle s’exerce le pouvoir totalitaire des multinationales, des banques, de la classe capitaliste. Il est vrai que la Sécu fait échapper au marché capitaliste un budget de plusieurs centaines de milliards d’euros. Soustrayant par là- même aux profits et aux dividendes un potentiel marché juteux, celui de la santé. Rappelons que les frais de gestion de la Sécu sont infiniment moins élevés que ceux des mutuelles et surtout des assurances privées. La Sécu n’a pas à servir de riches administrateurs (et l’affaire Ferrand rappelle à tout un chacun ce que peut être la gestion de certaines mutuelles, sans devoir remonter dans le temps jusqu’aux affaires de la MNEF) et encore moins à remplir les coffres du CAC40. C’est bien là l’un des enjeux à révéler de ces législatives : barrer la route à Macron, c’est défendre la sécu et les droits des travailleurs
Le 17 mai dernier, Agnès Buzyn a été nommée Ministre des Solidarités et de la Santé par le Premier Ministre Édouard Philippe. Cette professeure en hématologie, ex-Présidente de la Haute Autorité de Santé, succède à Marisol Touraine à la tête du Ministère de tutelle de la Sécurité sociale et de la santé. L’UFAL adresse ses vœux de réussite à la nouvelle Ministre. Notre mouvement espère notamment qu’elle saura mettre sa compétence et son énergie au profit de l’accès aux soins pour tous, de la remise en cause des différentes générations de reste à charge qui ont provoqué un accroissement inquiétant du renoncement aux soins et qu’elle aura à cœur de rétablir le service Public Hospitalier en sortant les Hôpitaux Publics de l’impasse austéritaire dans lesquels ils sont enlisés depuis de nombreuses années. Plus encore, l’UFAL souhaite que la nouvelle Ministre entende remettre la Sécurité sociale au cœur du dispositif de prise en charge universelle et égalitaire de l’accès aux soins pour tous.
Toutefois, l’UFAL estime que la nomination de Gilles de Margerie en qualité de Directeur de cabinet de Mme la Ministre est un signal extrêmement inquiétant envoyé à tous ceux qui, comme l’UFAL, défendent le modèle social hérité du Conseil National de la Résistance.
En effet, Gilles de Margerie exerçait précédemment la fonction de Directeur général adjoint du groupe Humanis, le troisième groupe paritaire du marché (assurance santé, prévoyance et retraite complémentaire). C’est la première fois qu’un haut dirigeant des assurances privées entre à de si hautes fonctions au Ministère de la santé, ce qui suscite au sein de notre mouvement de vives inquiétudes.
Par cette nomination, le Président Emmanuel Macron entend bel et bien renforcer le rôle des complémentaires santé dans le système de soins et accroître leur poids dans la prise en charge des dépenses de santé.
Un tel projet de santé se fera nécessairement au prix d’un accroissement considérable des tarifs des complémentaires, d’une exclusion des plus démunis et le cantonnement de la Sécurité sociale à une mission de plus en plus secondaire au sein du système de soins français.
Par ailleurs, la nomination d’un haut dirigeant de l’assurance aux plus hautes fonctions de l’État laisse planer peu de doute quant à la feuille de route de la nouvelle Ministre des Solidarités et de la santé. Elle aura en effet pour mission de transformer notre régime de retraite à Prestations définies en un régime unique par points à cotisations définies. Un tel projet, d’inspiration libérale, est un danger pour les travailleurs et les retraités ; l’UFAL affirme son opposition marquée à une telle réforme de notre régime de retraite par répartition et à l’affaiblissement de la Sécurité sociale qui participe depuis plus de 70 ans à l’amélioration des conditions de vie de tous les Français.