L’effet de la crise sanitaire était déjà catastrophique pour les intermittents du spectacle : le niveau de salaires a baissé de plus d’un tiers et, selon un rapport officiel, seuls la moitié des artistes et les deux-tiers des techniciens sont assurés de garder leur statut. La situation est pire évidemment pour les autres artistes, notamment les plasticiens ainsi que pour les jeunes qui voulaient intégrer ces métiers.
La fin du confinement crée donc un besoin vital d’événements générateurs de cachets. Mais l’obligation du « passe » qui n’a de sanitaire que le nom entend faire participer artistes et techniciens à une logique de flicage généralisé. Comme le dit un appel d’artistes :
Entrer dans une salle de spectacle ou aller voir un spectacle dans la rue est d’abord un élan personnel qui doit s’affranchir de toute contrainte. L’espace de la représentation n’est pas un supermarché. Cela doit rester un espace sans code barre, un espace du sensible, du possible, un espace dédié à l’imaginaire, un espace où il est possible de se rendre pour des raisons intimes, profondes, invisibles.
Exiger le « passe sanitaire » transforme en contrôleurs des milliers de salariés de la culture qui avaient plutôt choisi l’animation et le partage. Elle crée un obstacle à l’entrée des Médiathèques, équipements au contraire conçus pour s’adresser au plus grand nombre. Cette situation est d’autant plus inacceptable que cédant aux injonctions du MEDEF davantage qu’aux jugements des tribunaux administratifs, le gouvernement Castex a décidé de mettre fin au passe sanitaire pour accéder aux grands centres commerciaux. Une fois de plus, la Macronie démontre son absence de considération absolue pour la Culture, traitée depuis des décennies – et non depuis le début de la pandémie – comme un domaine « non essentiel », susceptible d’être livré aux appétits des forces du Capital avec pour seul objectif les profits, et non l’émancipation individuelle et sociale !
LE P.R.C.F fait part de sa solidarité aux travailleurs des médiathèques de Grenoble, en grève sur ce sujet ! Elle oblige à clôturer les lieux de spectacle de rue : un comble !
C’est donc un dilemme cornélien pour les petits lieux culturels.
Priver de liberté au nom de l’égalité ?
Fermer les lieux de culture c’est priver tout le monde de ses droits culturels (artistes et public) pour ne pas porter atteinte au libre accès de tous à la culture.
Restaurer des libertés sous condition d’inégalités ?
Ouvrir, c’est restaurer la liberté pour certains artistes de se produire et pour un certain public de se cultiver, mais sous condition de ségrégation, de surveillance généralisée des uns par les autres et de surveillance accrue par l’Etat.
Mais au fond, ne serait-ce pas l’Etat macroniste, ultime avatar de l’Etat bourgeoise réactionnaire (en attendant le fascisme ?), qui nous somme de choisir entre le rien et un privilège cher payé et qui divise ainsi les citoyens ?
Pour sortir de ce piège, le PRCF en appelle au simple mais strict respect des gestes barrière.
Ceci nécessite deux choses :
- L’engagement ferme des organisateurs qui doivent en faire la preuve, le recours aux sbires de Darmanin et aux vigiles devant rester une dernière extrémité.
- Des mesures publiques de compensation lorsque les jauges doivent être réduites.
Mettre ceci en œuvre serait restaurer l’égalité et la liberté culturelle plutôt qu’accepter de se retrouver entre le marteau et l’enclume.