La privatisation d’Aéroports de Paris, le groupe public détenant les aéroports de Paris, c’est ce que veut faire passer le régime Macron avec sa loi Pacte. Aux cotés d’autres privatisations tout aussi scandaleuses telles que la Française des Jeux. Une privatisation réalisée à marche forcée, alors que l’ensemble de l’opposition s’y oppose et qui est manifestement contraire à l’intérêt de la Nation. Une privatisation qui reproduit celle des autoroutes dont les Français peuvent constater les conséquences financières dramatiques aujourd’hui. Une privatisation qui n’a qu’un seul but, satisfaire aux critères des 3% de déficit public imposés par l’Euro et les traités européens, dans le seul but justement d’obliger les États à brader à vil prix leurs entreprises, leur patrimoine public. Et ainsi de permettre aux capitalistes de mettre la main sur les richesses de chaque pays de l’Union Européenne. Car il ne faut pas s’y tromper, il n’y a pas que Macron qui privatise. Ce sont tous les pays européens, Grèce, Portugal, Italie, etc… qui, sous les ordres de la Commission Européenne, privatisent leurs routes, leurs autoroutes, leurs chemins de fer, leurs ports, leurs aéroports. En effet, c’est là l’un des objectifs de l’Union Européenne du Capital, et c’est pourquoi il faut en sortir au plus vite.
Stopper la privatisation d’ADP
Alors que le Sénat vient de se prononcer contre la privatisation d’Aéroports de Paris, inscrite dans la loi Pacte par le régime Macron, c’est le Canard Enchaîné qui jette un pavé dans la mare:
« Numéro 1 mondial de la gestion aéroportuaire, ADP a vu son bénéfice progresser de 6,9% en un an. Tout comme le dividende qu’il va verser à l’État, environ 180 millions d’euros ».
« C’est là que le bât blesse. Le gouvernement prévoit de vendre ses 50,6% du capital d’ADP pour environ 7,5 milliards et de les placer à 2,5% pendant cinquante ans pour financer des starts-up ».
Cela signifie que l’État prétend vendre un aéroport dont le dividende a doublé en dix ans et qui devrait progresser aussi vite que le nombre de voyageurs (il devrait doubler d’ici 2030), pour mener des investissements qui rapporteront au mieux la même chose la première année et moitié moins dans trente ans. Chacun voit que l’opération n’est pas rentable. Il s’agit en fait de brader le patrimoine de la Nation auprès des Capitalistes. Pour les travailleurs, les investissements, les pertes, les dettes. Pour les capitalistes, le patrimoine, les bénéfices, les dividendes. C’est cela le capitalisme.
Les leçons de la privatisation de Toulouse
En avril 2015, le ministre de l’économie Macron procède à la vente de 49,99% de l’aéroport de Toulouse Blagnac, l’un des aéroports stratégiques de l’industrie aéronautique française à une holding à capitaux chinois et hongkongais. L’aéroport est privatisé, détenu à 10% par l’État, 40% par la région, le département, la métropole de Toulouse et la Chambre de Commerce et d’Industrie. Dans la foulée, Macron fait privatiser, dans des conditions tout aussi scandaleuses, les aéroports de Lyon sur lesquels la multinationale Vinci met la main, et de Nice, emporté par une holding franco-italienne. Les trois aéroports sont vendus pour à peine 2 milliards d’euros. À l’époque, le PRCF dénonce une opération qui brade le patrimoine des Français, alors que ces actifs rapportent de l’argent au budget de l’État (lire ci-après l’analyse que nous publiions en 2016)
Plus de trois ans plus tard, le rapporteur de la Cour Administrative d’appel de Paris a demandé l’annulation de la privatisation, dénonçant un vice substantiel. Et donnant raison à l’intersyndicale CGT-FSU-Solidaires qui avait porté l’affaire en justice.
La Cour des Comptes a elle dénoncé le résultat catastrophique de ces privatisations sur le plan financier. Le rapport de 127 pages est un réquisitoire qui devrait imposer l’abandon immédiat, pour n’importe qui soucieux de préserver l’argent public, d’Aéroports de Paris et de tout autre aéroport en France.
Jugez plutôt.
L’aéroport de Toulouse est vendu pour une bouchée de pain : à peine 18,5 fois la valeur de son bénéfice annuel à une holding domiciliée dans un paradis fiscal, les Îles Vierges britanniques.
Les ventes de Lyon ( 21 fois l’EBITDA) et de Nice ( 22 fois l’EBITDA) ne rapportent pas plus.
Toulouse est acheté par une société CASIL Europe qui n’a que 10 000 € de capitaux et qui est domicilié dans une société de domiciliation d’entreprise. Le ministre Macron s’en moque, l’agence des participations de l’État observant selon la Cour des Comptes que « les flux financiers devraient être d’ATB vers son actionnaires et non l’inverse ». On ne saurait dire plus clairement que la privatisation vise à offrir les bénéfices juteux dégagés par les aéroports aux capitalistes et à en priver les travailleurs de France qui se voient ainsi dépouillés. Dans le cas de Toulouse, ni l’industriel Airbus qui occupe 100 des 723ha de l’aéroport, ni l’autorité de contrôle de l’aviation civile en France, la DGAC ne sont consultés. C’est Bercy, c’est-à-dire Macron qui pilote la vente.
Dès 2016, la privatisation de l’aéroport de Toulouse produit ses premiers résultats. Alors que l’aéroport dégage 10 millions d’euros de bénéfice, CASIL Europe demande le versement de 40 millions d’euros de dividende, soit une augmentation de 800% visant à siphonner les 67 millions d’euros de réserves de l’aéroport issus des précédents exercices, et qui auraient permis une rentabilité de l’investissement supérieur à 10% des 308 millions d’euros du montant de la privatisation, dès la première année. Les autres actionnaires protestent. Le dividende est ramené à 20 millions d’euros, le double du bénéfice. En 2017, ce sont 7,85 millions d’euros dont 1,5 millions pris sur les réserves qui sont versés en dividendes.
Observons qu’à ce train de versements de dividendes, un investisseur rembourserait son achat de 50% de l’aéroport en à peine 22 ans ! On voit donc bien là qu’il s’agit pour le régime Macron de brader ni plus ni moins le patrimoine des Français.
La situation est aussi scandaleuse à Nice. Au moment de sa privatisation, la société aéroportuaire régionale, aéroport de la Côte d’Azur est titulaire jusqu’en 2044 de la concession. Elle dégage un résultat net de 25 millions d’euros par an, et un EBITDA de 104 millions d’euros. Les 60% de son capital sont vendus pour 1 222 millions d’euros à Atlantalia, une holding qui appartient principalement au groupe Benetton, également le plus important concessionnaire d’autoroutes en Italie, concessionnaire du tristement célèbre pont Morandi à Gènes.
Si le rapport de la Cour des Comptes confirme combien ces privatisations ont été profitables uniquement pour le nouvel actionnaire privé, il confirme aussi que ce sont les salariés des aéroports qui payent en premier, avec les usagers, le coût des dividendes versés à ses actionnaires. En effet, la privatisation a conduit à une baisse générale des salaires versés. À Lyon, les effectifs sont réduits de 5%. Les salaires versés sont diminués de 10% !
La privatisation se traduit par une augmentation importante du résultat net des trois aéroports au profit de leur actionnaire privé. La Cour des Comptes explique :
Les objectifs de rendement financier des trois investisseurs ne sont pas affichés publiquement et dépendent du coût de leur financement. Ils entrainent néanmoins une pression accrue sur les résultats des plateformes particulièrement marquée à Lyon et Toulouse. Outre les efforts de maitrise des charges précités, les SAR disposent de marges permettant d’augmenter le résultat net en ajustant les durées d’amortissement, particulièrement à Toulouse, ou en retardant les besoins en investissement comme à Lyon.
(..) À Toulouse le résultat progresse fortement deux ans après la cession, le résultat double dès 2016 à Nice
Cour des Comptes
En langage clair et compréhensible : en diminuant l’entretien, le renouvellement et la modernisation des aéroports, en exploitant plus les personnels, les capitalistes qui investissent dans ces privatisations se remplissent copieusement les poches.
Les grands perdants de ce marché de dupe ? l’État qui perd les recettes générées par ces aéroports, les usagers qui perdent en qualité de service, les personnels qui voient leurs salaire et conditions de travail dégradés, les Français qui perdent contre une bouchée de pain, un patrimoine qu’ils ont pourtant directement financé, un patrimoine, qui plus est, est stratégique pour le développement de la Nation.
JBC pour www.initiative-communiste.f
Scandale : le gouvernement privatise les aéroports sous les ordres de l’UE pour une bouchée de pain !
Après le scandale de la privatisation des autoroutes, le gouvernement privatise les aéroports.
Dans la torpeur de l’été, le gouvernement a donc finalisé la privatisation des aéroports de Nice et Lyon. Cette privatisation prévue par la loi Macron a été conduite en application des ordres de l’Union Européenne. Dans le même temps le processus de privatisation des barrages hydroélectriques, toujours sous les ordres de Bruxelles se poursuit.
Des aéroports appartenant au patrimoine de la Nation bradés au privé avec l’aide de fonds publics
En application des lois de décentralisation – voulue notamment par l’Union Européenne – les aéroports régionaux ont été transformés en concession en 2005, concessions dont la majeure partie était détenue par l’État et une minorité par les CCI conjointement avec les collectivités locales. Il s’agissait ainsi de lancer le processus de privatisation des aéroports. Sous la pression de l’UE, le gouvernement Valls a mis en œuvre cette privatisation
La part de 60% de l’État dans la concession de l’aéroport de Nice a été vendue à un fond d’investissement ( 65% Atlantia, un fond italien spécialisé dans les infrastructures, ainsi que l’aéroport de Rome (10%) lui-même détenu par Atlantia ainsi qu’EDF Invest filiale d’EDF (25%) dont les revenus sont supposés couvrir les futurs coûts de démantèlement des centrales nucléaires) pour un montant de 1,2 milliards d’euros. Les 40% restants demeurent détenus par les collectivités locales et la CCI. Atlantia détient ainsi la concession jusqu’en 2044. Pour mesurer combien le montant de la vente du troisième aéroport français est une mauvaise affaire pour l’État, il suffit de comparer la valorisation de cette infrastructure avec le bénéficie (EBITDA) dégagé par l’aéroport. En 22 ans, le fond d’investissement aura remboursé totalement son achat, ce qui correspond à une rentabilité du placement de 4,5%. À comparer au 0,75% du livret A, par exemple ! Surtout cela signifie que Atlantia vient d’acquérir pour la somme de 1,2 milliards d’euros, 1,68 milliards d’euros de revenus potentiels. La décision du gouvernement Valls prive ainsi le budget de l’État c’est-à-dire chaque Français d’un demi-milliard d’euros
Atlantia devance sur le fil la multinationale française du BTP Vinci alliée à la Caisse des Dépôts.
C’est justement Vinci qui a emporté, jusqu’en 2047, soit pendant 31 ans, les 60% des parts de l’État dans l’aéroport de Lyon, le 4e aéroport français, pour un montant de 535 millions d’euros, valorisant la totalité de la concession à 921 millions d’euros. L’EBIDTA de l’aéroport étant de 53 millions d’euros, cela signifie que Vinci aura remboursé son achat en … 17 ans. Et que l’État se prive de 721 millions d’euros sur ces 31 prochaines années.
Il faut noter que Vinci est déjà actionnaire minoritaire du groupe Aéroport de Paris qui détient notamment les aéroports de Roissy et Orly.
En tout et pour tout, la privatisation des aéroports de Nice et Lyon pourrait donc coûter plus de 1,2 milliards d’euros aux Français. Et après le gouvernement prétend que les caisses de l’État sont vides. Avec de telles mesures, on comprend mieux pourquoi.
Les privatisations sacrifient l’intérêt public pour les profits des capitalistes
La région Rhône-Alpes a déposé un recours contre l’attribution de la concession de Lyon, dénoncée comme “viciée”. L’Autorité de la Concurrence devra vérifier si ces privatisations sont conformes au fonctionnement du marché entre les différents aéroports français. Au-delà de ces questions formelles, sur le fond, il faut constater combien cette privatisation est contre-productive et s’oppose à l’intérêt public.
Cette vague de privatisation des aéroports introduit de fait une concurrence entre les différentes plateformes aéroportuaires là où l’État avait la possibilité de conduire un développement harmonieux et complémentaire permettant la plus grande rationalisation des différents aéroports, à même de diminuer non seulement les coûts mais surtout de pouvoir limiter l’empreinte environnementale des ces infrastructures.
L’exemple de l’Ayraultport de Notre-Dame- des-Landes confié à Vinci et surdimensionné avant même d’être construit est à ce titre édifiant. Une politique économique et écologique des transports en France – et les défis sont grands en la matière – nécessite à l’opposé de pouvoir s’appuyer sur une maîtrise publique des infrastructures de transport.
Ces privatisations sont par ailleurs porteuses de conflits d’intérêts contradictoires avec la nécessité de service public. Les intérêts des groupes capitalistes détenant différents aéroports ne seront pas forcément ceux des populations qui dans les régions utilisent ces aéroports. Elles vont également appauvrir le pays en fragilisant encore plus la compagnie nationale Air France en accroissant la dynamique d’implantation de compagnies étrangères low cost sur le sol national, compagnies aériennes qui elle peuvent bénéficier de l’absence de concurrence dans leur ciel, mettant encore plus sous la pression du dumping social les travailleurs du secteur aérien. Sans présenter aucune garantie par ailleurs contre la constitution de monopoles capitalistes. À l’image de Vinci présent désormais dans les aéroports de Lyon, Nantes et Paris…
Les privatisations d’aéroports répondent aux ordres de l’UE et aux directives européennes de libéralisation de l’aviation
Les privatisations des aéroports de Nice et Lyon ne sont pas un cas isolé. La Grèce vient ainsi de céder quatorze aéroports à l’Allemagne, en application du troisième memorandum imposé sous la menace de l’Euro à la Grèce et que Tsipras a mis en œuvre alors que les grecs avaient voté contre à plus de 60% par referendum.
C’est ainsi que la société allemande Fraport fait main basse – dans ce qui ressemble à l’évidence à du racket – sur 14 aéroport du pays contre la modeste somme de 1,2 milliards d’euros. Bruxelles s’est immédiatement réjouit de “la première action concrète d’un programme de privatisation ambitieux”. Pourtant ces privatisation vont encore venir diminuer les ressources de l’état grecs et donc augmenter son déficit. Soumettant encore un peu plus la Grèce à la dictature de l’Union Européenne du Capital, via l’euro et le chantage permanent des marchés financiers.
Rappelons que Tsipras avait d’abord stoppé la privatisation des aéroports après son élection en janvier 2015 : préférant l’Euro à la défense des travailleurs, Tsipras avec le soutien du PGE de Pierre Laurent poursuit désormais la seule politique permise dans le cadre de l’Union Européenne celle remplissant les comptes du Capital en faisant les poches des travailleurs. De fait, à Athènes comme à Paris, il est interdit de stopper les privatisations et les libéralisation pour un pays membre de l’Union Européenne : rester dans l’UE c’est permettre à la classe capitaliste de dépouilles les biens et entreprises publics des travailleurs, sous la menace de l’Euro. Au contraire, sortir de l’UE et de l’euro c’est permettre de stopper l’offensive capitaliste ultra libérale pour au contraire impulser la contre offensive révolutionnaire et internationaliste de la classe des travailleurs. C’est bien ce que propose en France les militants franchement communistes du PRCF dont le programme candidat propose :
1.1. Proclamer la suprématie du droit, de la Constitution et des lois françaises sur les « directives » européennes; récuser par avance toutes les prétendues sanctions et admonestations de Bruxelles et de Francfort;
1.2. Planifier le retrait de la France de l’U.E. et du désastreux euro, reconstituer la souveraineté politique, monétaire, budgétaire, économique et sociale du peuple français
3.1 suspendre tout projet tendant à privatiser ou à libéraliser un secteur économique; remettre en cause radicalement « l’économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » imposée par l’OMC, le FMI, les traités européens supranationaux et néolibéraux;
3.4 : re-nationaliser Air-France et « Régional
4.3. Reconstituer de vrais services publics d’Etat et/ou territoriaux en favorisant l’égalité des citoyens; retour au monopole public pour l’énergie, le rail, la poste, les Télécoms, etc.
8.3. Reconstituer le ministère de l’Équipement, l’ONF, l’aménagement du territoire; les doter des moyens nécessaires pour aider au développement éco-compatible de tout le territoire;
programme candidat du PRCF
JBC pour www.initiative-communiste.fr
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