APF, télex 31 mars. Coup de tonnerre sur le front syndical français :
les premiers secrétaires de la CGT, de la FSU, de la CGT-FO, de SUD et de l’UNEF appellent à « une manifestation nationale de combat avec appel à la grève interprofessionnelle reconductible pour faire tomber la loi El Khomri, obtenir la levée des sanctions contre les syndicalistes injustement sanctionnés et engager la contre-offensive pour le progrès social, l’emploi, les salaires et le retrait de l’ensemble des contre-réformes inspirées par le MEDEF et par Bruxelles ».
21 h 23, service A.E.S.. – Corentin Rothering
A l’issue d’une conférence de presse surprise tenue au siège de la CGT le 30 mars, Mme Bernadette Groison (FSU) et MM. Jean-Claude Mailly, Philippe Martinez, William Martinet, auxquels s’est associé le « collectif de direction autogéré » de SUD, ont déclaré, en rupture avec toutes les pratiques syndicales usitées jusqu’alors :
« Réunies au siège de la CGT à l’issue de la très grande journée de lutte du 31 mars, constatant l’arrogance et la surdité persistante de F. Hollande à propos de la loi « Travail » et prenant acte de l’inefficacité persistante des « journées d’action » sans suite, de l’inertie revendicative de la CES et du comportement hautement toxique des « syndicats » CFDT et FAGE, nos organisations syndicales appellent ensemble les salariés du public et du privé, les retraités, les chômeurs, les lycéens et les étudiants à donner un prolongement combatif à la grande journée du 31 mars. Pour cela, nous mettons ensemble en débat le principe d’une immense manifestation nationale de combat à Paris avec appels à la grève dans la première quinzaine d’avril avec pour objectifs,
- le retrait de la loi scélérate El Khomri, qui n’est que la transcription en droit français des sommations de l’UE sur la dérégulation du marché français du travail. Les concessions mineures « obtenues » par la CFDT sur la base des luttes d’autrui, ne modifient pas sur le fond ce projet scélérat dont la philosophie générale est maintenue : inversion de la hiérarchie des normes, facilités accrues pour l’employeur de licencier arbitrairement, précarisation générale des salariés, à terme, baisse des salaires et de la rémunération des Heures Supplémentaires. ;
- La levée immédiate des sanctions infligées par la justice de classe, à l’invitation de Valls et du MEDEF, contre les ouvriers de Goodyear, Air-France, PSA, EDF, etc.
- d’appeler tous les salariés, retraités, étudiants, chômeurs, qu’ils soient français ou étranger, à construire démocratiquement « en bas », la convergence des luttes et à mettre en place démocratiquement les conditions d’une grève générale reconductible interprofessionnelle sans hésiter à aller vers le blocage des profits capitalistes. La meilleure défense étant l’attaque, nos organisations appellent à mettre sur la table l’ensemble des problèmes : reconstruction des services publics (Education nationale, SNCF, EDF/GDF, Poste, Equipement, Université, Recherche publique, etc.), de la Sécurité sociale et des retraites par répartition (avec retour aux 60 ans pour 37 ans ½ de cotisation pour tous, études et temps de chômage et de précarité compris), de l’indemnisation du chômage, la relance du produire en France industriel et agricole (avec ouverture partout de dialogues des organisations de jeunes et de salariés avec les agriculteurs et artisans en lutte), l’interdiction des licenciements et des délocalisations, la renationalisation franche des grandes entreprises privatisées ou semi-privatisée, la relance du logement social,
- le retrait de l’ensemble des contre-réformes dictées par le MEDEF et l’UE depuis la mise en vigueur de Maastricht avec le soutien des gouvernements maastrichtiens successifs.
- Le retrait des lois liberticides menaçant les libertés syndicales, civiques et individuelles.
Construisons le tous ensemble, en même temps et jusqu’à la victoire de l’action revendicative ! Pour ce faire, débattons partout sur le temps de travail, dans les amphis, à l’interpro ou par tout autre moyen faisant l’accord des salariés et des étudiants, de nos cahiers de revendications respectifs, d’une plate-forme revendicative nationale unitaire et surtout, d’une immense et urgente MANIFESTATION NATIONALE DE COMBAT le 12 avril à Paris en généralisant l’action et en montant très fort vers un immense 1er mai de lutte ». Montreuil, le 31 mars à l’issue du grand succès populaire du 31 mars.
Aussitôt ce communiqué publié, les réactions sont nombreuses et contrastées. Nombre de syndicats CGT, SUD, FO, de base et de branche, et même plusieurs syndicats CFDT, ont publié des communiqués de soutien enthousiastes à cette perspective alors que MM. Manuel Valls et Emmanuel Macron ont déclaré ensemble : « ce retour du syndicalisme vieillot est d’autant plus inquiétant qu’il est porté par une jeune génération tentée par l’archaïsme social ».
En visite à Kiev, Angela Merkel a averti : « il semble décidément que le peuple français n’ait rien appris ».
David Cameron, appuyé par Tony Blair, a grondé : « nous invitons fermement Paris à prendre toutes les mesures nécessaires, y compris répressives, pour préserver la libre circulation des marchandises et des capitaux au sein de l’UE.. En Grande-Bretagne, un tel mouvement irresponsable serait interdit. ».
Soucieuse, Marine Le Pen, plus discrète que jamais, a persiflé : « la colère des salariés est compréhensible, mais ce n’est pas en suivant à nouveau les Rouges que notre pays va se sortir du déclin organisé par les forces cosmopolites ».
Pierre Gattaz, le chef de file du MEDEF, s’est récrié : « décidément, ce pays est incorrigible, il refuse tous les challenges et ne pourra que constater le départ vers l’étranger des grandes entreprises vers d’autres sites de production : si le site France reste désespérément aux mains des nostalgiques de 1936 et de Robespierre, nous n’aurons plus qu’un mot : « Good bye France ! ».
La réaction la plus exaspérée est cependant venue de la CFDT, M. Laurent Berger, s’est exclamé dans Le Figaro : « La France est désespérante. Si l’on veut un vrai syndicalisme de négociation, il est temps que les fédéralistes de droite et de gauche imposent le transfert à l’UE des compétences nationales en matière de régulation sociale ».
Très nombreuses réactions enthousiastes en revanche en Italie, en Grèce, en Espagne, en Belgique et même en RFA (surtout dans la partie orientale du pays) au brûlot intersyndical publié hier à Montreuil du côté de syndicats CGIL, PAME, Commissions ouvrières d’Espagne (CC.OO), CGTP (Portugal), etc. .
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NDLR A suivre le 1er avril… qui confirme que c’était malheureusement un poisson d’avril
et surtout avoir tous les jeunes avec nous ON NE RELACHE RIEN
est-ce un poisson d avril camarades?
Cette Europe a bien été construite contre les salariés et pour les multinationales et les banques, on le voit avec les propos tenus par Gattaz et A.Merkel qui ont peur que les manifs en France se propagent au reste de l’Europe et remettent en cause cette Europe libérale.