A la rédaction d’Initiative Communiste, nous avons l’habitude de compter avec méthode et science les chiffres de la participation aux manifestations. Nous nous en sommes expliqués, avons partagé des tutoriels sur ce point. Si notre méthode n’est pas parfaite, elle permet cependant de comparer de manière très factuelle l’ampleur de la participation. Un élément factuel, journalistique, important pour mesurer l’ampleur des mobilisations et par là même les rapports de forces au sein de la société française. Alors que le gouvernement, avec un tumultueux battage médiatique et des menaces intenses en disqualifications antirépublicaines, avait sommé notre Nation, de descendre en masse dans la rue ce dimanche 12 novembre, il est effectivement important de compter combien ont répondu présent à l’appel. Un appel lancé par l’engagé professionnel de la droite dure formée chez Pasqua, passée de l’équitation au Sénat depuis Rambouillet M Larcher et l’également très à droite député de l’une des plus riches villes de France, le Vésinet macroniste siégeant au perchoir de l’assemblée Mme Braun Pivet. La présidente de l’Assemblée qui – en compagnie de M Habib, député des français de l’étranger citoyen israélien militant proche de B Netanyahu et de son parti d’extrême droite le Likoud qui s’était déclaré le « candidat de « la cause sioniste» et des « valeurs de la Torah » » des valeurs éloignés de la République Laïque et du député de droite extrême E Cioti, était allé revendiquer son soutien inconditionnel à la politique du gouvernement d’extrême droite de Tel-Aviv au moment même où celui-ci déchaine une pluie de bombe sur les populations civiles de Gaza. Un appel se voulant pour la République et contre l’antisémitisme – mot d’ordre louable et nécessaire – mais dont le contenu même faisait l’impasse sur la condamnation du racisme. Dans le but finalement revendiqué de pouvoir faire bloc avec l’extrême droite, invité à participer en grandes pompes au cortège parisien, afin d’exclure les progressistes et vrais républicain pour activer le clivage de la société française dans la logique fascisante poussée de façon constante par le régime Macron, de concert avec l’extrême droite, au service des menées d’intensification de l’exploitation des travailleurs et de la mise en coupe réglée, à la découpe, du pays.
A Paris ; la préfecture annonce 105 000 manifestants
Les images parlent parfois plus que des mots. Leur absence également. L’absence de photos ou de vidéos aérienne de la marche du 12 novembre signe comme un aveu d’une mobilisation en berne. Qui peu imaginer qu’une esplanades des invalides bourrés à craquer et débordant sur les boulevards n’auraient pas été largement diffusée par le gouvernement, image qui indéniablement existe au regard des essaims de drones déployés par la préfecture de police de Paris pour son service d’ordre.
Au plus fort des manifestations contre la réforme des retraites, la préfecture de police publié un chiffre de 119 000 manifestants à Paris le 23 mars 2023. En réalité 800 000 revendiqués par l’intersyndicale selon le décompte de la CGT. Cette manifestation entre Bastille et Opéra avait emprunté un double itinéraire par les grands boulevards mais aussi par la rue Saint Antoine et la rue de Rivoli dès 15h. Un double cortège se déployant sur respectivement 4 et 3.7 km pour un linéaire total de 7.7 km. Parti à 14h20 de la Bastille, le double cortège avaient vu les derniers manifestants arriver après 21h. En considérant les 20 m de large de la rue Saint Antoine et les 30 m de large du boulevard Beaumarchais, c’est indéniablement plus de 600 000 manifestants qui étaient présents pour cette manifestation (50 m x 40 manifestants par m et par minutes x 60 minutes dans une heure x 5 heures de manifestation depuis la place de la bastille). La surface occupée par le cortège était de plus de 220 000 m²
Pour le 12 novembre 2023, la marche a suivi un parcours de 3 km entre l’Assemblée Nationale et la place Edmond Rostand, partant du Quay d’Orsay, suivant le boulevard Saint Germain puis obliquant sur le Boulevard Saint Michel. La largeur moyenne de ces boulevards est de 23m environ. Soit une surface de 69 000 m²
Pour cette manifestation, les amis de LREM, de l’officine Occurence n’ont évidemment déployé aucun dispositif de comptage. En-effet, un seul chiffre a été communiqué par les médias, celui officiel, du gouvernement, par ailleurs organisateur de la marche.
A Paris d’après le suivi en direct publié par TF1 et par Le Monde, le cortège s’est élancé des Invalides, ou plus précisément de l’Assemblée Nationale à 15h30. Sa tête à atteint la mi parcours à 16h06 et son terminus la place Edmond Rostand à 16h43. Soit une vitesse moyenne d’évolution de 2,5km/h.
Sur les réseaux sociaux, on peut constater qu’à 16h, l’esplanade des invalides commençait déjà à être largement en train de se vider
L’horodatage précise que Marine Le Pen, en queue de cortège sur une esplanade des invalides clairsemées a quitté le défilé à hauteur de la rue du bac à 17h30, située à 1,2km du départ. Les réseaux sociaux confirment que les groupes d’ultra droite fermant la marche sont passés devant l’assemblée nationale à 17h
Ces éléments permettent d’évaluer à environ 1h30 la durée de défilé de la manifestation à son point de départ. On peut donc estimer selon notre méthode à 83 000 le nombre de participants à la marche. On le voit, ici le chiffre de la police est ici du même ordre de grandeur quoi que évalué très positivement en le gonflant de 25% par rapport à celui que nous calculons. La preuve que la police sait quand elle le veut chiffrer généreusement les manifestations.
Si l’on considère maintenant la surface occupé par le cortège, de 69 000 m² si l’on considère les boulevards, à 63 000 m² si on considère l’emprise occupée dans le moment du départ de la manifestation, alors c’est plutôt une évaluation de 50 à 70 000 manifestants qu’il faudrait considérer
On retiendra le chiffre le plus haut de cette fourchette de 50 000 à 83 000 manifestants. Car nous ne saurions vouloir d’occune façon minorer l’ampleur d’une marche comportant tout de même le mot d’ordre légitime et important de lutte contre l’antisémitisme. Fut il instrumentalisé, celui-ci aura tout de même étant considéré par l’ensemble des citoyens du pays.
Un chiffre de mobilisation au fond très faible alors que le FN et le PS, les LR et le PCF, LREM et EELV, conjointement avec la CFDT et tout ce que les organisations de la droite extrême à l’extrême droite en passant par la droite ou la social-démocratie avaient appelé à descendre en masse dans la rue. Une mobilisation sommes toute très en-deça des récentes manifestations contre la réforme des retraites. Mais également moitié moindre que la marche du 14 mai 1990 contre l’antisémitisme qui avait rassemblé 200 000 personnes à Paris. Ou les 400 000 manifestants du 1 mai 2002 contre l’extrême droite et le racisme après que Le Pen a fait irruption au second tour de la présidentielle. Un échec qualitatif également dans la mobilisation avec une absence remarquée de la jeunesse et des classes populaires.
Ne nous y trompons pas, il ne faut pas se réjouir de cette mobilisation en berne. Mobilisation certes importante, mais en deçà de ce qu’il faudrait attendre pour combattre l’antisémitisme et le racisme, en deça au regard de l’instrumentalisation de cette marche bien loin de la lutte contre l’antisémitisme et le racisme, au profit d’une mise en avant de l’extrême droite et de ses propositions déchirant le pays et promouvant la guerre.
A Marseille : 3000 selon la Provence, 7500 selon la police aux ordres des organisateurs.
A Marseille, chaque manifestation syndicale de la CGT donne lieu à des écarts des chiffres spectaculaires. Qui font rire les buchorodaniens qui connaissent bien la taille massive des manifestations et les chiffres ridicules de la préfecture de police. (lire ici) . Par exemple, le 23 mars 2023, alors que 280 000 manifestants défilés dans les rues de Marseille, la police n’en avait compté que 16 000…
Pour autant quand la manifestation est organisée par le gouvernement, la préfecture de police ne mégote plus sur les chiffres. Quitte à être ridicule autant l’être à chaque fois. Ce 12 novembre, sans doute pour tenter de masquer la mobilisation ratée en raison de la présence de l’extrême droite et du silence complice sur les massacres commis par le régime de Tel-Aviv contre les palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, la préfecture a donc annoncé un gros chiffres. 7500 manifestants. Soit plus que la plupart des énormes manifestations contre la réforme des retraites du printemps 2023. Un chiffre démenti par les journalistes de la Provence présents sur place estimant la participation à 3000 personnes tout au plus. Soit moins de deux fois moins. L’analyse conduite pour IC par les communistes du PRCF à Marseille confirment en tout point ce chiffre de 3000 manifestants maximum.
En dehors de Paris, les chiffres de manifestants annoncés par le gouvernement sont très modestes. Par exemple : Strasbourg (5 000), Grenoble (3 700), Bordeaux (3 500), Nice (3 000), Lyon (3 000), Nantes (2 000) et La Rochelle (2 000).
D’après les photos publiées par le député EELV Iordanoff, à Grenoble, la place de la préfecture, place verdun était loin d’être rempli, avec environ 2000 manifestants présents. Un décompte confirmé par un participant sur le réseau social X très étonné du chiffre publié par la préfecture.
Certains de ces chiffres sont cependant cohérents, à l’image du décompte de 3700 manifestants à Bordeaux, que nous pouvons pleinement corroborer
JBC pour www.initiative-communiste.fr