Mauvaise nouvelle pour Macron, Pécresse, Le Pen, Zemmour &Cie : en pleine présidentielle, la combativité populaire repart à la hausse en France – par Georges Gastaud
LA REMONTÉE DES LUTTES: BONNE NOUVELLE POUR LE CAMP DU TRAVAIL, MOTIF D’ANGOISSE POUR LE CAPITAL !
Initiative Communiste n’avait pas manqué de le signaler: la remontée des luttes sociales ponctuée par les grèves déterminées de la SNCF et d’EDF, par la journée d’action des hospitaliers (12 janvier), par la grève historique des enseignants (13 janvier), sans oublier le coup de semonce du 27 janvier sur les salaires ni les multiples grèves locales du secteur privé (emploi, salaires…), sont une bonne nouvelle pour celles et ceux qui gardent au cœur l’idéal d’une République sociale et souveraine, et un motif d’inquiétude pour la Bande des Quatre Super-réacs (les Macron, Pécresse, Le Pen et autre Zemmour). Ce « Quadriréacteur » chéri des média fait tout pour accaparer la présidentielle 2022 en l’absence d’une franche alternative progressiste médiatiquement visible (pour le moment!) à l’euro-dislocation de la France, à la fascisation du pays (et de l’Europe!) et aux préparatifs de guerre de l’UE/OTAN à l’encontre de la Russie et de la Chine.
PRÉSIDENTIELLE : FACE AU « QUADRIRÉACTEUR » M.P.P.Z. ET À L’EURO-COMPLAISANCE DE LA GAUCHE ÉTABLIE, DE VRAIS OBJECTIFS DE RUPTURE
Tout est fait en effet par l’audiovisuel d’État et par les médias des milliardaires pour cadenasser l’élection-clé de la Vème « République »: la présidentielle. À cette fin, la campagne médiatiquement visible est recadrée en permanence sur des problématiques plus xénophobes, fascisantes, bellicistes (à bas la Russie et la Chine!) et antisociales les unes que les autres. Par ailleurs, non seulement l’extrême droite pseudo-patriote des Le Pen, Ciotti et autre Zemmour donne des gages à l’oligarchie en se prononçant pour le maintien de la France dans l’UE, l’euro, l’OTAN et Schengen, mais les candidats de la gauche institutionnelle (ceux qui, au dernier moment parfois, auront leurs « parrainages »…) prennent la tangente dès qu’on leur parle de points stratégiques tels que…
- le Frexit progressiste, c’est-à-dire la sortie par la gauche de cette UE imbriquée dans l’OTAN et arrimée à la zone euromark qui orchestre sur tout le continent la casse sociale, la destruction des nations existantes, l’anticommunisme d’État, la banalisation de l’extrême droite et la marche vers un « conflit de haute intensité » avec la Chine et la Russie;
- l’interdiction des délocalisations, le blocage des euro-privatisations, la nationalisation démocratique des secteurs clés de l’économie et la reconstruction planifiée du produire en France sous l’impulsion d’un secteur public reconstitué et élargi;
- la taxation des profits capitalistes, des surprofits de TOTAL, des dividendes du CAC 40, des grandes fortunes accumulées par des rentiers parasites et des expatriés fiscaux, avec en contrepartie, l’augmentation générale du pouvoir d’achat populaire (salaires, pensions, indemnités chômage, minima sociaux, APL et logement social, revenu étudiant…).
BRISER LES VERROUS DE L’UE SUPRANATIONALE, DE LA ZONE EUROMARK, DE L’OTAN, AFFRONTER L’OLIGARCHIE !
Car disons-le clairement, les mesures sociales proposées par certains candidats ne seront que de la barbe-à-papa sans un affrontement sans merci avec le grand capital et avec sa marche à l’ « État fédéral européen » programmé par Berlin et applaudi par Macron et le MEDEF. Et c’est précisément à tout cela que se dérobent, non seulement Taubira, Jadot et Hidalgo, ces émanations de la social-eurocratie, mais hélas aussi, on peut le craindre, les candidats d’une gauche « radicale » qui n’osent même plus mettre en débat devant le peuple la perspective d’une rupture franche avec l’UE (le fameux « plan B » que comportait la formule mélenchoniste de 2017 : « l’UE on la change ou on la quitte! »): dès lors, que penser des promesses que des candidats pas franchement communistes et pas si totalement euro-insoumis que ça, prodiguent aux travailleurs SANS AFFRONTER LA VACHE SACRÉE EUROPÉENNE, sans exiger l’expropriation du grand capital et un seuil de nationalisations indispensable, celles qui toucheraient les banques et les autres secteurs-clés de l’économie, sans avoir le courage de dire que le conflit qui s’aggrave à la frontière de la Russie et en Mer de Chine, a pour premiers responsables les dirigeants de l’U.E./OTAN en totale collusion avec l’euro-gouvernement atlantique d’E. Macron?
SÉCESSION(S) DE CLASSE(S)
Mais la classe ouvrière de France est intelligente: les ouvriers et les employés qui, en mai 2005, ont massivement voté Non à la constitution d’un État européen, ne sont pas dupes. Et même si certains d’entre eux s’apprêtent à voter Mélenchon ou Roussel, moins par adhésion politique que pour conjurer – pensent-ils – la montée des Zemmour/Le Pen, la majorité des ouvriers est tentée, bien des études d’opinion le montrent, par ce qu’il faut bien appeler une très large abstention de classe, voire par un boycott de fait de la présidentielle. Le fait est en effet que les villes ouvrières ont massivement boycotté les dernières européennes, et plus encore, fait nouveau, les municipales et les régionales (dites « de proximité »…), certains quartiers populaires s’abstenant à 80%. Quand on en est à ce degré de rejet, surtout émanant d’une classe ouvrière qui s’était massivement rendue aux urnes pour voter Non à l’euro-constitution en 2005 (là, l’enjeu était clair: la survie de la France, de l’industrie, de la protection sociale, des services publics…), nul n’a le droit de parler dédaigneusement de « désintérêt des classes populaires pour la chose publique »: déjà des politistes avancent l’expression de sécession de classe. Une sécession qui répond au séparatisme antinational des élites oligarchiques et assimilées (lesquelles planquent méthodiquement leur pognon à l’étranger) et qui ne peut pas ne pas percuter de front (n’en déplaise à ceux qui continuent de pleurnicher sur « notre démocratie »*[i]), la « légitimité républicaine » du futur élu. Lequel, regardons les choses en face, aurait toute chance, si l’élection se tenait demain, d’être socialement encore plus minoritaire que ne le fut Macron-2017… D’ailleurs, lors de la législative de juin 2017, 56% des Français et, parmi eux, une écrasante majorité d’ouvriers, s’étaient abstenus, délégitimant par avance l’assemblée de godillots macronistes qui ne pouvait manquer de sortir des urnes dans le cadre du dispositif précontraint du « quinquennat » (subordination des législatives à la présidentielle dans le but d’éviter à la bourgeoisie de diviser ses forces en cas de cohabitation droite/PS).
CONVERGENCE ET MONTÉE DES LUTTES EN PLEINE PRÉSIDENTIELLE?
Certes, si les ouvriers se contentaient de s’abstenir passivement et « à l’américaine », cela ferait les choux gras du bloc bourgeois. Mais les ouvriers ne se contentent pas de s’abstenir majoritairement, avec nombre de salariés d’autres catégories, ils reprennent insolemment le chemin des luttes et des grèves offensives ! En ce moment même, nombre d’entreprises privées sont en grève dure sur les salaires. Écrasés par le prix des carburants malgré le « geste » publicitaire qu’ont dû consentir, pour prévenir la colère sociale, les actionnaires gavés de Total Énergies, nombre de travailleurs habitant les « périphéries » et forcés… de PAYER UN « POGNON DE DINGUE » (comme dirait Macron) POUR ALLER BOSSER, ne peuvent pas ne pas penser aux Gilets jaunes de 2019. Certains sont également tentés de participer aux « convois de la liberté » dont, il est vrai, les orientations restent équivoques selon leurs régions de provenance (certains de ces « convoyeurs » se dénomment en globish, cultivent le régionalisme et se tournent… vers Bruxelles, qu’ils légitiment ainsi malencontreusement comme LE lieu de la décision finale, d’autres ont au cœur les libertés démocratiques et le pouvoir d’achat…) ; mais à qui la faute si les confédérations syndicales affiliées à la C.E.S. pro-Maastricht ont refusé de se doter d’une plateforme revendicative fédératrice et d’un vrai calendrier de lutte durant la sacro-sainte campagne électorale, les uns pour ne pas déplaire à Macron, que les dirigeants confédéraux ont presque tous rallié au second tour de 2017, les autres pour ne pas gêner leurs bons amis de la gauche établie (et dire qu’on appelle ça l’ « indépendance syndicale »!) ?
AUX ENTREPRISES POUR L’ALTERNATIVE ROUGE ET TRICOLORE ET LA RECONSTRUCTION DU PARTI DE COMBAT !
Dans ces conditions, le rôle des militants franchement communistes est clair. Il est d’une part
- d’aider le mouvement social du printemps 2022 à décoller, à s’organiser et à converger sur des revendications de classe claires (quitte à perturber le dispositif d’euro-verrouillage, de cadenassage électoral et de fascisation galopante: car Le Pen ne suffisant plus, le milliardaire intégriste Bolloré promeut à millions son pitbull extrémiste Zemmour!),
- d’appeler les syndicalistes de classe à se fédérer sans attendre,
- et de faire connaître plus largement aux travailleurs les projets de construction du parti communiste de combat et d’Alternative populaire et patriotique dont le PRCF est porteur. Mesures d’urgence, tracts, affiches, autocollants, tout cela ne demande qu’à être diffusé partout. Alors, au terrain, aux manifs, et surtout, aux usines et autres services publics.
COURSE DE VITESSE
« Liez une veine, vous avez la maladie; entravez un fleuve, vous avez l’inondation; barrez l’avenir, vous avez les révolutions ». Victor Hugo
Le grand capital, son euro-gouvernement, ses chiens de garde fascistes, son Empire européen supervisé par Berlin et Washington, veulent donner l’impression qu’ils contrôlent tout et qu’il n’y a plus qu’à assister, impuissants, à l’écrasement du mouvement ouvrier et à l’enterrement de la gauche populaire et patriotique. Il n’en est rien. De moins en moins « ceux d’en bas » acceptent et accepteront de se soumettre aux oligarques et à leur pouvoir, quelle qu’en soit la couleur. Si les communistes s’y mettent « tous ensemble et en même temps » sans se mettre à la remorque de quiconque, si les syndicalistes de lutte se fédèrent en bas, si les citoyens non communistes, mais républicains, patriotes et épris de paix proposent ensemble des perspectives fondées, alors la présidentielle euro-verrouillée jouera le rôle d’un couvercle trop fort vissé, sans même un sifflet de sécurité, sur une marmite au contenu de plus en plus chaud: ce couvercle vissé à fond n’empêchera pas éternellement la « grande explication » inéluctable entre le peuple souverain qu’on violente, et ses pseudo-élites « post-nationales » et de plus en plus tentées par le fascisme car rejetées par un peuple potentiellement éruptif. C’est pourquoi la classe dominante qui l’a compris (coup de semonce du Non de 2005, puis des Gilets jaunes) fascise ses médias et son État sur fond de marche au « conflit de haute intensité » avec la Russie.
La course de vitesse est engagée entre fascisation et « explication » populaire: alors retroussons les manches avec abnégation et discipline, citoyens et camarades, et expliquons-nous fraternellement « en bas » avec le monde du travail et la jeunesse populaire!
[i] Aux dires d’instituts universitaires peu suspects de bolchevisme, la France est classée depuis des années parmi les « démocraties défaillantes »… Étrange chose que d’entendre parfois des démocrates sincères parler de « notre démocratie » à propos de cette Vème République corsetée par le dispositif du quinquennat (qui soumet le législatif au monarque présidentiel), par Maastricht et par un empilement de lois liberticides !