Ce 5 novembre 2024, le distributeur Auchan a présenté à ses représentants du personnel un projet de « plan social » (autrement dit, de licenciement) qui pourrait entraîner la suppression de 2 389 postes en France, dans le but de « redresser la barre après plusieurs années difficiles ». En moins bonne forme que ses concurrents, Auchan a enregistré, au cours des six premiers mois de 2024, une perte nette de près d’un milliard d’euros, comme l’a révélé sa holding Elo Groupe en juillet dernier.
Plus précisément, Auchan, qui emploie actuellement 54 000 personnes en France, prévoit de supprimer 784 postes au sein de ses sièges sociaux, ainsi que 915 dans des hypermarchés qui continueront de fonctionner. À travers ce « plan social », l’enseigne entend repenser son organisation et développer un nouveau modèle de magasin.
Les syndicats de Michelin, de leur côté, redoutaient un avenir difficile pour les sites de Cholet (Maine-et-Loire) et de Vannes (Morbihan) ; cette inquiétude a été confirmée également ce 5 novembre 2024 par la direction du groupe. La production dans ces deux usines, qui emploient ensemble 1 254 personnes, cessera définitivement « au plus tard début 2026 », a annoncé Michelin, un groupe comptant 132 000 employés dans le monde, dont 19 000 en France. À Vannes, les 300 travailleurs fabriquent des tringles métalliques pour renforcer les pneus de poids lourds tandis qu’à Cholet, les 963 salariés produisent des pneus pour véhicules utilitaires. Lors de leur assemblée générale du mardi 5 novembre, les salariés de Cholet ont voté en faveur d’une grève à partir du jour suivant. Une grève est déclenchée également au siège du groupe Michelin à Clermont-Ferrand ce 7 novembre.
C’est peu dire que cette annonce représente un nouveau coup dur pour l’emploi industriel et le « produire en France ». En ce sens, les directions syndicales affiliées à la Confédération européenne des syndicats (CES) seraient bien inspirées de dénoncer le rôle dévastateur de l’Union européenne capitaliste et de ses politiques de « libre-échange » dans la destruction de notre outil industriel et la fuite des industries à l’étranger. Plus aucun mois ne passe désormais sans qu’un nouveau projet massif de délocalisation et de destruction de l’emploi industriel ne vienne ternir l’horizon de notre pays.
Les dirigeants de Michelin et d’Auchan, évidemment, ne se soucient pas de leurs salariés, leur priorité étant de maintenir – au moins à court terme – leurs taux de profit.
L’Union européenne, en imposant ses traités contre la volonté des peuples et en sacrifiant notre indépendance nationale sous le couvert d’un « marché unique (capitaliste) » à l’échelle continentale, est devenue une véritable arme de destruction massive, au service des capitalistes du CAC40 contre le « produire en France », l’emploi, les salaires et les services publics. Quelle nation peut prétendre à la souveraineté populaire et à l’indépendance nationale si elle ne dispose pas d’une industrie stratégique, protégée des appétits capitalistes, et capable d’offrir un emploi à des millions de travailleurs, de garantir une production nationale et de permettre à des régions entières de se développer économiquement tout en créant de nouveaux emplois ?
La France agonise sous le poids de son « adhésion » à l’Union européenne. Il est plus que temps d’en sortir, comme le réclament déjà plus de deux ouvriers sur trois.