Par un enseignant syndicaliste proche du PRCF: « Moi professeur », j’ai fait un rêve…
… qui, certes, n’a rien de grandiose ni de si utopique que ça, vous allez voir !
J’ai rêvé que les contre-réformes scolaires de ces dernières décennies, toutes dictées par l’euro-austérité (les « critères de Maastricht qui font corps avec la monnaie unique) et par la volonté d’aligner l’école française – certes bien imparfaite ! – sur les « modèles » anglo-saxon, allemand, finlandais… que sais-je, étaient enfin abolies.
J’ai rêvé qu’on laissait enfin les enseignants enseigner sans les fliquer ni les harceler au nom de prétendues « bonnes pratiques » concoctées par des chefaillons arrogants, dont la principale caractéristique est d’avoir fui les élèves.
J’ai rêvé que les hiérarchies défendaient enfin partout, au lieu de les accabler et de les suspecter, les profs qui s’engagent pour que les jeunes qui le souhaitent, et qui sont encore majoritaires, puissent décemment étudier face aux comportements de voyous de certains pourrisseurs d’ambiance (et qui ne sont pas tous des élèves à la dérive !). J’ai rêvé que la dégradation du climat scolaire de certains établissements naufragés par des chefs d’établissement anti-profs cessait de rabattre vers l’école privée et sa ségrégation sociale organisée.
Bref, j’ai rêvé d’une chose très simple et dont il est navrant qu’elle finisse par passer pour inaccessible : que l’institution scolaire et nombre de ses hiérarques nationaux, académiques ou locaux (honneur aux quelques proviseurs « résistants » qui continuent de soutenir leur personnel !) ne soient plus là pour nous EMPÊCHER DE TRAVAILLER, mais pour nous AIDER à faire ce métier de plus en plus usant.
J’ai rêvé qu’enfin, l’on créait les postes nécessaires au lieu de « traquer tout ce qui dépasse », que l’on abaissait sensiblement les effectifs de classes partout, que l’on remettait en place une formation initiale et continue respectueuse des savoirs et ouverte au débat de fond sur les méthodes.
J’ai rêvé que nos gouvernants maastrichtiens successifs (PS, LR, LRM…) ne s’éveillaient pas chaque matin en se demandant comment ils pourraient saquer davantage ces fainéants de fonctionnaires (bloquer leur salaire ? Retarder encore leur retraite et diminuer leur pension ? Instaurer des « jours de carence » au lieu de les supprimer dans le privé ? Écourter les congés ? Imposer la bivalence ? Les faire bosser sur encore plus d’établissements ?).
J’ai rêvé qu’on relevait les salaires pour rendre nos professions attractives, que l’on mettait en place un minimum de « social » pour les personnels de l’Éduc (pourquoi nos syndicats ne revendiquent-ils pas un comité d’entreprise ou son équivalent !).
J’ai rêvé que l’on cessait de culpabiliser les enseignants à propos du chômage des jeunes et qu’au contraire, s’attaquant aux vraies causes, on nationalisait les banques et les entreprises stratégiques pour stopper les délocalisations, planifier la relance du produire en France et donner à nouveau une place dans la nation aux millions de fils et de filles d’ouvriers qui sont aujourd’hui précarisés ou « ubérisés » par « l’économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » (Traité de Maastricht).
J’ai rêvé que la démocratisation souhaitable du bac passait par un progrès général de l’instruction et de l’éducation et non par la mise en place de barèmes surréalistes dont le but est de dévaluer l’examen et de sélectionner par le fric dans le Supérieur.
Et je me suis réveillé en me disant que pour que ce rêve devienne réalité, il faudra plus que jamais militer pour que la France sorte de l’UE supranationale et du capitalisme qui DÉTRUISENT nos acquis tout en nourrissant le FN et les intégristes de tous poils.
Et le fait que ce rêve plutôt « sage » pourrait bien me classer, au choix, parmi les « réacs » (aux yeux de la fausse gauche bobo qui méprise l’héritage « jacobin » de notre pays !) ou parmi les « goulago-nostalgiques », montre hélas combien notre pays a dérivé fort loin des fondamentaux de la Révolution française, du mouvement ouvrier et du Conseil national de la Résistance ! Raison de plus pour ne pas se contenter de rêver et pour résister à l’unisson des autres travailleurs !