Reuters 06.08.09 | 07h30 – Molex ferme temporairement son usine de Haute-Garonne
– Le fabricant de connecteurs Molex a annoncé mercredi la fermeture temporaire de son usine française de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) au lendemain des incidents survenus sur le site.
Des salariés de l’usine ont été convoqués jeudi devant la justice à ce sujet, ont annoncé les syndicats qui affirment que cette fermeture est provisoire, ce que le directeur général du site, Markus Kerriou, a confirmé à Reuters.
« La fermeture de l’usine de Villemur n’est que temporaire, a déclaré Markus Kerriou. Je ne peux pas vous dire combien de temps durera cette fermeture, mais cette décision n’est pas définitive. » La fermeture sera effective à partir de ce jeudi 08h00, a-t-il précisé.
Dans un communiqué daté de Lisle, dans l’Illinois, où le groupe à son siège, Molex a justifié cette mesure par la nécessité d’étudier la sécurité du site et de ses employés.
Selon le groupe, le directeur du développement de la firme, Eric Doesburg, et deux agents de sécurité ont été attaqués et blessés « par un groupe d’une quarantaine de personnes comprenant des membres du comité d’entreprise local et des représentants syndicaux ».
Les syndicalistes de l’entreprise contestent les faits de violence et affirment qu’il n’y a eu que quelques jets d’oeufs et une légère bousculade, mais pas de blessé.
Ces incidents ne sont pas seuls à l’origine de la fermeture temporaire, qui fait également suite, a dit Markus Kerriou, à « la découverte récente par des huissiers que des machines avaient été mises en panne volontairement ».
« Je me refuse à parler de sabotages, mais il fallait fermer ce site afin qu’une évaluation précise des machines puisse être effectué », a ajouté le directeur du site.
BLOCUS
Les représentants du personnel ont annoncé qu’ils étaient convoqués jeudi à 10h00 devant le Tribunal de Grande Instance de Toulouse après les incidents de mardi soir.
« Nous nous rendrons évidemment à cette convocation judiciaire et nous défendrons notre position devant la justice qui, plusieurs fois déjà, nous a donné raison », a déclaré Denis Parise, délégué central CGT.
La direction du groupe américain a annoncé au début de la semaine aux salariés, en grève depuis le 7 juillet, la rupture des négociations avec un éventuel repreneur de l’usine.
Eric Doesburg, qui travaille aux Etats-Unis, était en France pour participer aux négociations avec le comité d’entreprise sur le plan social lié au projet de fermeture de l’usine, précise le communiqué de Molex.
Le directeur du développement, qui s’est vu reconnaître une incapacité temporaire de travail de sept jours après les incidents de mardi, s’est dit « indigné » par les violences et affirme, dans le communiqué du groupe, que la police n’a pas répondu à ses appels « répétés » à l’aide.
Le directeur général et vice-président du groupe Molex Martin Slark s’est déclaré « très préoccupé » par les violences et « l’absence totale de soutien » des forces de l’ordre.
« Ce n’est pas acceptable et nous sommes prêts à prendre toutes actions que nous jugerons nécessaires pour assurer la sécurité de nos employés et de l’usine », a-t-il déclaré dans le communiqué.
D’AUTRES REPRENEURS PAS EXCLUS
Les syndicalistes, eux, se sont déclarés mercredi soir « déterminés plus que jamais à poursuivre (le) combat ».
« Nous poursuivrons notre blocus du site pour que l’outil industriel ne soit pas déménagé en catimini », a déclaré Denis Parise.
Le ministre français de l’Industrie, Christian Estrosi, a « condamné fermement (les) actes de violences exercés par une minorité.
En avril, à l’annonce de la fermeture du site, qui emploie 280 salariés et est jugé « non rentable par Molex, les employés avaient séquestré deux des dirigeants de l’usine durant 36 heures.
Christian Estrosi avait sollicité un entretien avec le directeur du développement après que Molex eut renoncé à toute discussion sur une cession du site de Villemur-sur-Tarn.
Le rendez-vous devait avoir lieu mercredi, mais il a été reporté à la suite des incidents.
Le directeur général du site Markus Kerriou a assuré mercredi que le groupe n’excluait pas de négocier avec d’autres repreneurs.
« Nous ne fermons la porte à personne. D’autres discussions pourront être entamées avec d’éventuels repreneurs, sur d’autres bases que les précédentes », a-t-il dit.
Nicolas Fichot, Gérard Bon et Danielle Rouquié, édité par Grégory Blachier