par Georges Gastaud (1) – A l’échelle du monde comme aux niveaux européen et hexagonal, deux blocs très dangereux pour les peuples, pour la France des travailleurs et pour l’avenir global de l’humanité verrouillent la problématique culturelle et sociopolitique et tentent de bloquer à jamais, par la marche à la guerre mondiale impérialiste, par l’arasement des souverainetés populaires et/ou par la fascisation galopante, l’indispensable issue révolutionnaire à la crise systémique généralisée du capitalisme-impérialisme-hégémonisme :
– Aux Etats-Unis d’Amérique, « hégémon » de plus en plus contesté de la domination capitaliste-impérialiste mondiale, la nouvelle course à la Maison-Blanche engagée entre Biden et Trump offre le navrant spectacle d’un affrontement sans perspective aucune pour les travailleurs américains. D’un côté, un président sortant sénile et un Parti « démocrate » masquant sa servilité envers le complexe militaro-industriel sous les postures d’une fausse gauche « sociétale » totalement coupée du, et des peuple(s) ; de l’autre, un milliardaire pervers et raciste, fabulateur et démagogue, irresponsable et aventurier, ignare et obscurantiste, misogyne et homophobe, climato-sceptique et putschiste. Ces deux têtes de gondole hideuses du grand capital oligarchique rivalisent du reste d’attitudes et d’actes provocateurs à l’encontre des peuples et de la paix mondiale…
– Au niveau européen, et même s’il a été boycotté par 49% des inscrits et par la majorité absolue des travailleurs de France et d’Europe, le scrutin de juin 2024 a lui aussi renforcé une forme de bipolarisation réactionnaire. D’un côté, un bloc soi-disant « ouvert sur le monde » rassemblé derrière Ursula von der Leyen, soutenu par Emmanuel Macron, par l’euro-droite classique, mais aussi par la social-eurocratie, par les euro-écologistes et par l’aboyeur ultra-atlantiste Raphaël Glucksmann. Incapable de la moindre écoute démocratique, ce bloc est fanatiquement tourné vers la marche à la guerre otanienne contre la Russie, voire contre la Chine populaire, et vers la mise en place totalement antidémocratique de ces « Etats-Unis d’Europe » dont Lénine disait qu’ils ne peuvent être autre chose, en régime capitaliste, qu' »impossibles ou réactionnaires », et dont Jaurès prédisait déjà 20 ans auparavant qu’ils ne pourraient être, s’ils advenaient jamais, qu’une « forme de césarisme monstrueux ».
Feignant de s’opposer à ce bloc dit euro-mondialiste, les extrêmes droites européennes xénophobes, racistes et national-populistes d’Europe se posent mensongèrement en alternatives populaires alors même que, comme le montre l’attitude constante des Orban (Hongrie), Kaczynski (Pologne), Le Pen et autre Meloni (Italie), elles se prosternent devant le grand patronat, adoubent la monnaie unique et la BCE, capitulent par avance devant les « marchés financiers » et s’inscrivent totalement dans la « construction » euro-atlantique dont elles acceptent les orientations antisociales, bellicistes et foncièrement antinationales. Quitte à les « agrémenter », pays par pays, de pratiques liberticides, misogynes, anticommunistes, racistes, antisyndicales et xénophobes.
Comme aux Etats-Unis, il s’agit donc ici aussi des deux variantes européennes également détestables d’une même politique oligarchique. A des nuances près, ces deux variétés de la politique oligarchique convergent du reste dans leur soutien commun apporté au régime russophobe, anticommuniste, antisyndical, anti-ouvrier, comprador et obsessivement antisoviétique de Kiev asservi à l’UE-OTAN et odieusement nostalgique du pogromiste génodicaire Stepan Bandera.
– En France, l’effondrement en cours de l’illégitime régime Macron, réjouissant en soi tant il a nui à la France, à la paix et aux couches populaires, profite principalement au RN lepéniste désormais flanqué du politicien patronal et ultraréactionnaire Eric Ciotti et de la bien-nommée Marion Maréchal.
A propos des responsabilités écrasantes des directions liquidatrices successives du P »C »F-PGE dans le succès de l’extrême droite
Cet essor de l’extrême droite raciste, appuyée sur l’Etat policier « en marche » des Sarkozy, Valls, Castaner et autre Darmanin, et reposant souterrainement sur un grouillement de groupes fascistes violents, armés et factieux, est indirectement et involontairement, mais très objectivement hélas dû au fait que, depuis des décennies, le PCF en proie au révisionnisme anti-léniniste et au prétendu « eurocommunisme » a renoncé à mener un combat de classe conséquent pour affranchir la France de l’UE atlantique et pour orienter les résistances populaires vers le socialisme et le pouvoir des travailleurs. Derrière les faux-semblants grossièrement populistes et franchouillards de la direction « identitaire » d’un Roussel, la « mutation » et la dénaturation antiléniniste, euro-réformiste et liquidatrice du grand PCF animateur du Front populaire et de la Résistance patriotique armée, se sont tellement aggravées qu’une crise existentielle de ce parti en faillite ouverte est devenue inévitable*. Les militants qui se veulent encore véritablement communistes au sein du PCF et des JC devront de plus en plus urgemment répondre à l’exigence pressante d’une reconstruction franchement communiste du parti de combat de la classe travailleuse ; rejettant l’esprit de parti mal compris et tournant désormais à l’esprit de boutique, ils devront, s’ils préfèrent servir le peuple plutôt qu’un appareil discrédité, rompre avec leur direction irréversiblement institutionnalisée pour saisir enfin la main fraternelle que n’ont cessé de leur tendre le PRCF et la JRCF.
Cette reconstruction d’un Parti communiste et d’une Jeunesse communiste de classe et de combat est d’autant plus vitale désormais que, parallèlement, la crise explosive et les dissensions publiquement exprimées de LFI, son orientation de plus en plus erratique, euro-soumise et OTAN-compatible, ainsi que la mascarade éhontée de sa gouvernance « gazeuse » en réalité lourdement sectaire et autoritaire, démontrent a contrario aux travailleurs conscients – notamment aux syndicalistes de classe – non pas l’urgence de « s’interroger » sans fin sur la « forme-parti » de l’organisation politique, mais sur la nécessité de rebâtir au plus tôt un parti d’avant-garde marxiste-léniniste, démocratiquement centralisé et discipliné, ancré prioritairement dans la classe ouvrière, dans la jeunesse populaire et dans le monde du travail. Un parti renouant avec son histoire pour réassocier haut et fort le combat patriotique, l’engagement internationaliste et anti-impérialiste, la lutte antifasciste, la défense de la paix, le refus du négationnisme antisoviétique et antijacobin: tout cela dans la visée assumée – et non reportée aux calendes grecques! – d’un socialisme-communisme de nouvelle génération pour notre pays.
Du rôle moteur de la social-démocratie française et internationale dans la promotion de l’extrême droite
Il faut aussi évoquer les responsabilités écrasantes de la social-démocratie traditionnelle et de ses satellites « verts » et euro-trotskistes dans la montée de l’extrême droite. Durant des décennies, le PS des Mitterrand, Delors, Jospin, Hollande et autre Valls, un PS dont est issu Macron lui-même, a systématiquement préféré la « construction » euro-atlantique et son cortège de délocalisations industrielles, de désertification agricole, de démontage des services publics et de contre-« réformes » maastrichtiennes (retraites, Sécu, services publics, Code du travail…) à la défense de l’indépendance nationale et à l’élargissement des conquêtes sociales de 1936, 1945 et 1968. Durant des décennies, ces dirigeants sociaux-démocrates carriéristes et dénués de toute moralité ont salement amalgamé, sous l’étiquette antiscientifique de « totalitarisme », le Troisième Reich exterminateur et son principal vainqueur politique et militaire, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques; laquelle avait pourtant, « joué le rôle principal dans la libération de la France » selon le mot du Général de Gaulle (Moscou, 1944). Cet antisoviétisme grossier (et soi-disant « de gauche »!), qui était aussi le support idéologique principal de l’extrême droite, a logiquement contribué à criminaliser le communisme historique tout en banalisant sur le long terme le nazisme et le néonazisme! La social-démocratie hexagonale et européenne est désormais totalement intégrée à l’ordre atlantique et aux Etats-Unis, jusqu’à adouber le régime pronazi de Kiev, vassal de Washington, à fermer les yeux sur le réarmement de l’impérialisme allemand, à présenter comme des « combattants de la liberté » les néonazis ukrainiens d’Azov ou les djihadistes sanglants d’Afghanistan, de Libye ou d’Irak. Durant des décennies, les dirigeants « socialistes » mitterrandiens et post-mitterrandiens de la France ont déshonoré notre pays, discrédité la Francophonie internationale et pillé l’Afrique en entretenant la hideuse Françafrique néocoloniale du Rwanda au Mali et de la Côte d’Ivoire au Niger. Comment s’étonner après cela si notre peuple, si notre monde du travail, qui aspirait à « changer la vie » lors des grandes grèves ouvrières de 1968 et qui n’a eu en récompense que le changement biaisé et totalement perverti de Mitterrand-Delors, est gravement divisé et désorienté aujourd’hui, d’autant plus que, dans la même période, le PS au pouvoir aura tout fait pour étouffer son « allié » communiste avec l’aide, il est vrai, d’une direction communiste dérivant elle-même, on l’a vu ci-dessus, vers la social-démocratie ?
A propos des « Verts » et des euro-trotskistes
Quant aux « Verts » et aux euro-trotskistes, notamment à ceux du NPA désormais auto-éparpillé, ils ont tout fait, comme Lutte ouvrière, pour séparer et diviser ce que le PCF de Thorez et Duclos avait courageusement réappris à unir, à savoir d’une part la défense de l’indépendance nationale, invariablement qualifiée de « repli national » par les trotskistes, celle du « produire en France » (base de l’existence matérielle de la classe ouvrière et de la paysannerie laborieuse !), et d’autre part l’aspiration des travailleurs à la révolution sociale, à la paix mondiale et à la solidarité internationale. Il faut au contraire, comme y appelait déjà le Conseil National de la Résistance, remettre « le monde du travail au centre de la vie nationale », ce qui ne peut plus se faire aujourd’hui qu’en oeuvrant pour un Frexit progressiste orienté vers l’Europe des luttes et vers la révolution socialiste. Plus que jamais, il s’agit donc aujourd’hui, pour les vrais communistes, d’assumer pleinement sur des bases anticapitalistes et foncièrement anti-exterministes, la défense du vivant et de l’environnement, non pas « avec » les dirigeants euro-écologistes fauteurs de guerre antirusse, mais contre tous les serviteurs d’un capitalisme qui mène l’humanité au désastre en tous domaines, destruction de l’environnement incluse. Et contre le faux internationalisme trotskiste, il s’agit pour les vrais communistes de militer pour la reconstruction d’une grande Internationale communiste et ouvrière et d’une véritable Europe des luttes, non pas « dans » l’UE et « dans » le cadre mortifère de l’euro encadré par la BCE et les critères de Maastricht, mais bien contreelles et hors d’elle dans la perspective d’un monde et d’une Europe des coopérations égalitaires et fraternelles entre peuples souverains.
Dérives syndicales euro-réformistes et boulevard politique laissé à l’extrême droite
Grande est également la responsabilité historique des dirigeants confédéraux successifs de la CGT jusqu’à aujourd’hui; des dirigeants qu’il faut évidemment distinguer des syndicalistes de classe qui, dans divers secteurs ouvriers du pays, Chimie, ébouage, ferroviaire, énergie, ont impulsé le mouvement de défense des retraites en prenant souvent de grands risques personnels. Quant aux dirigeants confédéraux, ils ont, au moins depuis l’époque du regretté Krasucki et les mandatures de plus en plus dérivantes de Viannet, Thibault, Le Paon, Martinez et désormais Binet, distendu et brisé les liens de la CGT avec la Fédération Syndicale Mondiale. Ainsi se sont-ils rendus compatibles avec la Confédération Européenne des Syndicats, cet appareil bureaucratique supranational subventionné par l’UE et adepte d’un « syndicalisme » d’accompagnement qui n’a d’autre but que de faire passer en douceur les contre-« réformes » de l’UE, les « plans d’ajustement structurel » destructeurs des nations (hier la Grèce, l’Espagne, l’Italie et le Portugal, aujourd’hui la France…), et de permettre, si possible sans explosions sociales, la transformation de l’UE en une vaste économie de guerre alimentant les monopoles de l’armement et entièrement tournée vers la guerre contre la Russie, et demain, contre la Chine ou l’Iran.
Cette orientation suicidaire au long cours des dirigeants confédéraux de la CGT a affaibli la confiance que la classe ouvrière mettait historiquement dans sa confédération combative, la CGT. Tout cela a abouti au « décrochage » de la CGT, perdant sa place de première confédération du pays, à son arrimage croissant à la CFDT, cette organisation jaunâtre favorite du MEDEF et des médias, occasionnant ainsi une série de défaites sociales stratégiques, notamment sur les retraites (2003, 2007, 2010, 2018, 2023). Cette orientation idéologiquement désarmante a également conduit au refus de la confédération CGT d’engager un vrai dialogue avec les Gilets jaunes en 2019, y compris quand ces derniers subissaient la plus cruelle des répressions macronistes. Cela a suscité la montée du désespoir social et promu l’idée odieuse et fausse qu’il serait plus facile de défendre la France et les acquis sociaux en suivant passivement un parti raciste (« on est chez nous » !), plutôt que de participer à des actions syndicales d’autant plus impuissantes qu’elles s’interdisaient d’avance, pour complaire à la CFDT et à la C.E.S., la perspective de bloquer les profits capitalistes, d’occuper les lieux de travail comme en 36 et en 68, ou de construire un affrontement de classes global et offensif avec le gouvernement, le MEDEF et l’UE sans crainte d’appeler les autres prolétaires d’Europe à la solidarité avec les travailleurs français et immigrés de notre pays.
Un Macronat discrédité mais encore dangereusement à la manœuvre nationalement et internationalement
Face au RN, le bloc prétendument centriste, et en réalité « radical-capitaliste » et « radical-belliciste » de Macron est affaibli, lézardé et discrédité. Mais le « chef » nominal de l’Etat peut encore, hélas, bien que ce soit devenu plus difficile pour lui, choisir la fuite en avant vers une guerre antirusse suicidaire et/ou chercher désespérément, comme les institutions bonapartistes de la Vème « République » l’y autorisent, soit à gouverner en cohabitation avec le RN, soit à prendre appui sur les LR patronaux, voire sur l’aile droite dite social-démocrate du prétendu « nouveau Front populaire » (NFP) pour former un « gouvernement de coalition » prétendument antifasciste et avant tout tourné contre le mouvement ouvrier. Une aile droite du NFP qui, de Hollande aux Verts en passant par Glucksmann, s’est aveuglément investie dans la course au « saut fédéral européen », à l' »armée européenne », à l' »économie de guerre européenne » et à la guerre continentale euro-atlantique.
Dans le même temps, malheureusement, l’aile plus populaire du NFP composée de LFI et du PCF, mais aussi des états-majors CGT et FSU, est engluée dans le mensonge de l' »Europe sociale » et d’une union des euro-« gauches » dénuée de contenu anti-impérialiste et anticapitaliste comme de tout véritable tranchant antifasciste – même s’il faut rendre aux députés sortants de LFI cette justice d’avoir eu le courage de défendre haut et fort les militants de la solidarité avec Gaza placés ous un déluge de calomnies médiatiques et de menaces répressives.
En résumé, et selon les résultats du 7 juillet 2024, la France pourrait bien, dans l’immédiat, avant de devenir de plus en plus ingouvernable – comme ne cesse de l’annoncer le PRCF depuis 2022 – et fortement sujette à de grands affrontements de classes quand les dirigeants lepénistes, « centristes » ou sociaux-atlantistes auront renoncé à leurs promesses sociales et se seront couchés devant les diktats budgétaires de l’UE et la ruineuse course aux armements de l’OTAN, soit tomber sous la coupe d’un large bloc ultraréactionnaire RN/Ciotti cohabitant ou non avec Macron, soit sous celle d’un nouveau bloc, sinon « centriste » et « modéré », du moins central, regroupant les macronistes, les LR non ralliés au RN et les députés NFP les plus acquis à la dissolution euro-fédéraliste de la Nation et à l’implication française dans la guerre en Ukraine.
C’est pourquoi le PRCF continuera d’appeler les éléments sincères de la gauche du NPF à s’affranchir du soutien, fût-il « critique », à l’UE-OTAN, mais aussi à rejeter la collaboration autodestructive avec les forces en réalité droitières et patronales qui, derrière Hollande, Glucksmann etc., craignent avant tout que le mouvement populaire et le syndicalisme de classe ne reprennent leur indispensable offensive sociale à l’automne en s’affranchissant des appareils euro-formatés des syndicats, CFDT en tête.
C’est donc à tous niveaux, refus de l’UE, de l’OTAN, mais aussi des appareils bureaucratisés de la gauche établie et des états-majors syndicaux institutionnalisés que l’heure vient pour les militants de la République indépendante, pacifique et sociale, de « s’insoumettre » franchement s’ils veulent déjouer les manoeuvres oligarchiques tout en résistant aux fauteurs de guerre et de fascisation, si ce n’est à terme au fascisme pur et dur. Car c’est à cela que pourrait aboutir à terme l’arrivée de Bardella à Matignon (et/ou de Le Pen à l’Elysée) mâtinée de l’ingouvernabilité relative du pays si la classe laborieuse ne reconstitue pas à temps son aptitude organisée à reprendre l’initiative historique et à tenir ferme en toutes circonstances dans les affrontements de classes décisifs qui s’annoncent.
Face à ces situations en apparence durablement bloquées à tous niveaux, que faire et sur quelles forces
Face à ces situations en apparence durablement bloquées à tous niveaux, que faire et sur quelles forces s’appuyer alors pour que se redessinent des alternatives révolutionnaires remettant le camp du progrès social au centre du combat social et des batailles pour l’hégémonie culturelle, que ce soit en France, en Europe ou à l’échelle mondiale ? La conviction des militants franchement communistes, 100% antifascistes et anti-UE du PRCF est que les forces sociales existent pour débloquer ces situations périlleuses qui portent en germes la guerre mondiale d’extermination et la fascisation, voire le fascisme pur et dur, comme la nuée porte la foudre. Renforcée par nos expériences militantes récentes de la bataille des retraites, de la lutte pour la paix, du juste boycott du scrutin européiste, puis par notre présence autonome, si modeste soit-elle pour commencer, dans la bataille des législatives, notre conviction est que, en dépit de circonstances présentement très noires, les conditions mûrissent d’une contre-offensive des peuples et des travailleurs pour peu que soit amplifié le travail de réorganisation, d’analyse scientifique, de réarmement idéologique, de proposition politique et de reconstruction des outils de lutte au centre desquels figurent la renaissance communiste et le renouveau du syndicalisme de classe.
Tout d’abord à l’échelle mondiale, il faut rappeler que, si l’hégémonisme américain et euro-atlantique pense de plus en plus à jouer son va-tout irresponsable dans une conflagration possiblement nucléaire avec la Russie, voire avec la Chine, la Corée populaire et l’Iran, ce n’est en rien parce qu’il se soucierait de défendre l’intégrité territoriale de l’Ukraine, lui qui a si gaiment dépecé la Yougoslavie et la Serbie, mais parce que l’Oncle Sam et ses vassaux européens et anglo-saxons perdent pied économiquement, voire culturellement et géopolitiquement (cf. l’ONU où les Etats-Unis et Israël sont systématiquement isolés lors des votes sur la Palestine ou sur Cuba), face aux BRICS défenseurs du « multilatéralisme » et représentant déjà plus de la moitié de la population mondiale.
C’est aussi parce que, sous des formes douloureuses, souvent confuses et forcément contradictoires en l’absence d’un puissant Mouvement Communiste International et de PC nationaux fortement implantés localement, les peuples d’Afrique échappent de plus en plus aux prédateurs occidentaux traditionnels, parmi lesquels la Françafrique néocoloniale, sans parler des peuples de l’Amérique latine, de l’Inde ou de l’Asie du Sud-Est. Ne pas oublier non plus qu‘au sein des BRICS, des PC chevauchant de fortes traditions rouges et anti-impérialistes continuent d’oeuvrer de manière sourde ou très offensive (comme l’ont montré les grèves
ouvrières et paysannes de masse en Inde à l’appel du PCI (M)). Première économie du monde et cheffe de file des pays du Sud global et de l’Est, la Chine populaire dirigée par le PCC a remis à l’honneur ces dernières années – non sans contradictions – les thématiques de la nationalisation, du rôle dirigeant du PCC dans l’économie productive, d’une réorientation complète de la mondialisation et de la lutte contre l’unilatéralisme euro-atlantique. En outre, et malgré de cruelles difficultés, qui seraient encore accrues si Trump parvenait au pouvoir, Cuba socialiste continue de tenir bon et des Etats latino-américains proches d’elle tiennent la dragée haute à Washington. De son côté, la Corée populaire harcelée par l’impérialisme américain développe ses moyens de défense et resserre ses alliances avec la Chine, Cuba, le Vietnam et la Russie.
Quant au prolétariat international, et plus généralement au mouvement populaire, assommé et désorienté durant plusieurs décennies par les campagnes révisionnistes à l’intérieur du mouvement ouvrier et par la destruction contre-révolutionnaire du camp socialiste, il relève la tête comme l’a maintes fois relevé le journal du PRCF, Initiative communiste. On le voit avec le retour de grandes grèves revendicatives au Bangladesh, au Mexique, en Birmanie, en Inde, au Québec, mais aussi en Grande-Bretagne et… aux Etats-Unis où les ouvriers de l’automobile et d’autres secteurs de l’industrie ou des services ont obtenu des succès retentissants face au grand patronat. Sans oublier le prolétariat et les couches populaires de France, où le mouvement des Gilets jaunes émanant pour l’essentiel des couches populaires n’est pas éteint et dont une partie s’engage dans la défense de la paix mondiale, où les bases rouges de la CGT ont marqué le dernier congrès de la confédération et durant le mouvement pour la défense des retraites, les secteurs ouvriers de la pétrochimie, de l’énergie, de l’ébouage et des transports se sont vaillamment portés à la pointe des blocages de sites, montrant le chemin pour de futures victoires.
En outre, aux Etats-Unis mêmes se dessine dans la jeunesse – il est vrai dans une confusion largement inévitable en l’absence d’un grand MCI et d’un fort PC marxiste-léniniste fortement implanté dans la population – un mouvement pour le « socialisme » qui n’a pas de précédent depuis les années 1930-1950. Plus globalement, une part grandissante de la jeunesse mondiale fait le lien entre la course au tout-profit et le massacre en cours de l’environnement. De plus en plus, il apparaît que le capitalisme n’offre plus à la jeunesse du monde que régression sociale, désastre environnemental, marche à la guerre mondiale, démolition des nations souveraines, mise en valeur des obscurantismes les plus divers, uniformisation par le bas des langues nationales et des cultures et dévoiement des brillantes avancées techno-scientifiques de notre époque au seul profit de l’oligarchie, des couches friquées et économiquement parasitaires des centres-villes occidentaux (hypertrophie de la finance, de la pub’, de la com’) et de la course aux armements ! Le grand mouvement mondial de la jeunesse pour la solidarité avec Gaza est annonciateur d’une révolte plus générale contre le Gaza mondial que le capitalisme exterministe prépare sur tous les terrains à l’encontre de l’humanité !
Réduire la fracture idéologique
Dès lors, ce qui manque le plus, dans une conjoncture historique où une course finale est engagée entre l’impérialisme exterministe et fascisant, et l’avènement d’un socialisme-communisme de nouvelle génération indispensable à la survie et au rebond de notre espèce, voire à à la sauvegarde du vivant en général, c’est donc moins les conditions objectives de cette relance du progrès historique que la reconstruction des conditions subjectives (politiques, culturelles, organisationnelles) du progrès humain. Entendons pas là la reconstruction de l’avant-garde marxiste-léniniste porteuse d’une nouvelle hégémonie culturelle progressiste apte à réduire la fracture idéologique encore béante, du fait du triomphe momentané du révisionnisme (et de son complément permanent, le sectarisme) dans le MCI, entre la nécessité objective pressante de la révolution socialiste et la prise de conscience encore insuffisante qu’en ont les masses populaires, jeunesse en tête, littéralement pilonnées partout depuis leur plus tendre enfance enfance par la propadande de l’anticommunisme, de l’antimarxisme, de l’antisoviétisme et de l’anti-léninisme.
Il en va de même à l’échelle européenne où l' »eurocommunisme », cette force d’appoint idéologique à l’UE et à la social-démocratie, a fini par détruire une majorité de PC occidentaux, notamment italien et français, en les démarxisant, en les opposant à l’URSS et en les arrimant peu à peu à la social-démocratie et à l’UE-OTAN pendant que de leur côté, les anciens syndicats de classe CGIL (Italie), Commissions ouvrières (Espagne) et CGT (France) rompaient avec la Fédération Syndicale Mondiale rouge pour s’affilier à la C.E.S. euro-formatée et euro-subventionnée. De plus en plus, il importe que les forces politiques et syndicales rouges d’Europe voient clair sur ce sabordage idéologique qui a permis, de proche en proche, le décalage vers la droite de l’ensemble des forces politiques.
De même en France, l’auto-dénaturation du PCF et sa rupture consommée avec le léninisme ont permis au PS des Mitterrand, Jospin et Hollande, avec le renfort des Maire, Notat, Chérèque et autre Berger de la CFDT, de dériver vers le centre-droit et la droite dure patronale au point de secréter le macronisme ; lequel, bien que sottement présenté comme un rempart antifasciste par certains « marxistes-léninistes », a logiquement creusé le lit du lepénisme par sa litanie de contre-« réformes », de trahisons nationales et de mesures anti-immigrées. Là aussi, l’heure vient de reconstruire une grande force franchement communiste et un grand syndicalisme rouge de classe en France. Et pour cela, il est vital de rompre avec la mensongère idéologie réformiste prônant la « réorientation progressiste de l’UE » et de l’euro chère aux dirigeants faillis du PCF et de l’actuelle confédération CGT. De même faut-il en finir avec l’illusion paralysante de certains secteurs « marxistes » du PCF qui prétendent encore, au mépris d’une expérience pluri-décennale faite d’échecs à répétition, « remettre le PCF sur les rails de la lutte des classes » tout en accompagnant au jour le jour, pour conserver leurs places municipales, leur confort intellectuel et leur routine militante, les dérives infamantes du PCF de Roussel sans même se démarquer durement devant les masses des votes scandaleux du PCF en faveur des crédits de guerre au régime otanien et pronazi de Zelensky (résolution du 30 novembre 2022). Plus que jamais, il faut rappeler aux vrais militants de terrain de la JC et du PCF le mot de Lénine s’adressant en 1917 aux militants restés subjectivement révolutionnaire d’une Deuxième Internationale se vautrant dans le social-impérialisme : « camarades, passé un certain seuil, il faut ôter la chemise sale et enfiler une chemise propre ! ». C’est-à-dire reconstruire, nationalement comme à l’international, un nouvel outil communiste enfin dégagé des déviations d’un P »C »F qui n’a plus rien de commun avec son glorieux passé.
Dans ces conditions, le PRCF appelle ses militants et sympathisants, plus que jamais,
– au niveau international, et plus spécifiquement en Europe, à promouvoir les contacts avec les PC qui se réclament du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien et qui refusent également le révisionnisme et le sectarisme, à soutenir la FSM, à promouvoir le front anti-impérialiste mondial, le mouvement contre-hégémonique – sans renoncer, bien entendu, à en déceler les contradictions -, à soutenir aussi un large rassemblement anti-exterministe des forces de vie dans l’esprit de ce que Youri Andropov appelait naguère le « front mondial de la raison ». Tout cela nécessite qu’à tous niveaux, les PC existants réfléchissent sérieusement à la refondation de plus en plus vitale d’une Internationale Communiste et Ouvrière capable de synergiser les luttes prolétariennes face aux destructives manoeuvres planétaires permanentes du capital. Encore faut-il que soient bien comprises, et non pas combattues frontalement par certains partis se réclamant de Lénine à contre-emploi, les enseignements fédérateurs du VIIème congrès de l’Internationale communiste appelant à conjuguer l’internationalisme prolétarien et le patriotisme démocratique et proposant d’associer l’idée d’un avenir partagé par toute l’humanité à l’engagement, pays par pays, à porter sur des bases progressistes l’histoire, la culture, la langue de chaque nation. Impossible sans cela d’empêcher les euro-mondialistes atlantiques et les national-populistes fascisants de diviser et d’opposer entre eux les travailleurs du monde et de chaque pays au seul avantage des bellicistes, des fascistes et de leurs commanditaires du grand capital.
– au niveau français, à activer la construction et l’organisation en largeur et en profondeur du PRCF, dont la responsabilité politique s’accroît à la mesure de son travail théorico-culturel de fond, de son implantation croissante dans la jeunesse et de son action constante en faveur du syndicalisme de classe. Le PRCF n’est pas la seule force destinée à reconstruire le parti communiste de combat en France – ce parti que ne redeviendra plus le P »C »F de Roussel usé jusqu’à la corde et totalement soumis au PS. Mais le PRCF s’affirme de plus en plus comme une force incontournable pour reconstruire ce parti et, du même pas, pour proposer une Alternative rouge et tricolore et pour appeler au Frexit progressiste dans la perspective du socialisme pour la France. Ce socialisme qui peut seul enrayer à la fois l’euro-dissolution de la France, la marche à la guerre continentale et le repli xénophobe, déshonorant pour la France, objectivement raciste et liberticide que le RN lepéniste voudrait faire passer pour du patriotisme.
Des responsabilités et de l’action que se doivent de conduire les communistes
Une période dure nous attend qui nécessitera une grande tension des forces des militants franchement communistes, des syndicalistes de terrain, des patriotes républicains, des antifascistes et des militants anti-impérialistes. En effet, dans la prochaine période, les forces réactionnaires de toutes natures éventuel gouvernement lepéniste/ciottiste ou gouvernement de coalition euro-atlantique vont sûrement tenter de stranguler les libertés politiques et syndicales, d’institutionnaliser l’anticommunisme, de liquider les conquêtes sociales, de supprimer la souveraineté du pays, voire d’agresser directement la paix mondiale. Et pour cela, elles s’en prendront de diverses manières, non seulement aux travailleurs étrangers, mais aux vrais communistes, aux insoumis véritables et aux syndicalistes de classe qui sont et seront leur ennemi principal. Mais les militants de la classe ouvrière, de la jeunesse populaire et de la renaissance communiste, héritiers modernes des Sans Culotte, des Communards, des bolcheviks, des FTPF et autres FTP-MOI ne fléchiront pas car ils savent que, comme le disait Georges Dimitrov : « les contre-révolutions sont des parenthèses historiques, l’avenir appartient aux révolutionnaires« . Ce qui, rapporté à la France, se traduit par la juste et optimiste remarque de Marcel Paul, fils de la classe ouvrière et Pupille de la Nation, déporté-résistant à Buchenwald, dirigeant CGT et ministre communiste créateur d’EDF-GDF en 1946 :
« il existe en France un noyau révolutionnaire indestructible ».
Georges Gastaud est responsable du Secteur Etudes et Prospective du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) – 2 juillet 2024