Une justice aux ordres a donc décidé qu’il n’y aura aucun procès pour punir les responsables de la mort de Rémi Fraisse, militant pacifiste et écologique tué par grenade offensive alors qu’il manifestait contre un projet jugé depuis illégal, celui du barrage de Sivens dans le Tarn.
Factuellement la chronologie des faits met crument en lumière la nature du régime qui écrase le pays : un projet d’aménagement illégal au service d’intérêt privé, des manifestations pacifiques de défenseur de la nature c’est à dire de l’intérêt collectif faisant face à une répression sauvage conduisant inévitablement à une confrontation, puis l’ordre donné par le plus haut niveau de l’Etat « de la plus extrême fermeté »,
Deux jours après la mort de Rémi Fraisse à Sivens, la « justice » contrainte et forcé par le choc dans l’opinion publique, ouvrait une enquête. Mais ce 28 octobre 2014, l’enquête était déjà enterrée et ses conclusions écrites : les deux juges Anissa Oumohand et Elodie Billot décidaient en effet de confier l’enquête aux gendarmes eux mêmes pourtant mis en cause directement dans la mort du jeune homme…
Enterré presque depuis le jour où elle avait été ouverte, le 28 octobre 2014, deux jours après la mort de Rémi Fraisse à Sivens, quand les juges avaient confié cette enquête aux gendarmes eux-mêmes.
Cette décision reprend finalement point par point l’argumentation des gendarmes tout au long de cette affaire émaillée de nombreuses zones d’ombres, de pressions sur les témoins et de refus quasi systématique des juges de répondre aux demandes de pièces et compléments des avocats des parties civiles [1]. « L’ordonnance de non-lieu était inévitable car personne n’avait été mis en examen [dans cette affaire], donc ce n’est pas réellement une surprise », a indiqué à l’AFP Me Jean Tamalet, l’avocat du gendarme qui a lancé la grenade.
Un résultat qui n’a pas non plus surpris Claire Dujardin, l’une des avocates des familles. « L’instruction était menée de telle sorte qu’on s’attendait à ce résultat, estime Claire Dujardin, Nous maintenons notre désaccord sur la qualification juridique et nous maintenons que le gendarme a bien commis une faute » avec « un usage de l’arme disproportionné ».
Si depuis le 11 mai dernier, l’usage des grenades offensives en maintien de l’ordre est définitivement interdit, les grenades de type GLI-F4 et de désencerclement sont, elles, toujours autorisées et continuent de faire des dégâts, comme on l’a vu durant le mouvement contre la loi Travail en 2016 ou récemment à Bure, dans la Meuse, où un manifestant contre le projet d’enfouissement des déchets a gravement été blessé au pied le 15 août dernier par une grenade GLI-F4.
Le non lieu pris par le régime après un déni d’enquête n’est pas une surprise. Il est un grave symptome de la fascisation en cours du régime, qui se durcissant pour exploiter plus durement les travailleurs veut désormais réaffirmer son permis de tuer pour empécher par la force et la violence le développement et l’expression d’une opposition politique. Une décision qui n’intervient pas de façon anodine mais qui précède la campagne médiatique lancée par le régime Macron pour lancer une grande opération militaire contre la ZAD de Notre Dame des Landes. Une offensive pour laquel le pouvoir le clame, il y aura des victimes. Les juges du régime viennent en signant ce non lieu de donner un permis de tuer des manifestants aux forces de répression. Le 16 novembre denier la CEDH a condamné la France pour des violences policières ayant tué un homme, des violences pour lesquelles la « justice » française avait rendu un non lieu.
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Mort de Rémi FRAISSE : permis de tuer ! communiqué de la famille de Rémi Fraisse
« rien (…)dans le dossier n’autorise à dire que, ce soir-là, [Rémi Fraisse] ait à quelque moment que ce soit commis un acte violent». Au contraire, «c’est mû par des convictions pacifistes(…) qu’il avait imaginé (…) se rendre pour la première fois sur le site de Sivens « .