En première ligne de la précarisation et de la casse du droit du travail, les intermittents du spectacle lancent plusieurs occupation de théâtre parisien et appellent l’ensemble des travailleurs à construire le tous ensemble et la grève générale reconductible.
Depuis lundi le théâtre de l’Odéon est occupé. Alors que le gouvernement a fait donner de la matraque pour empêcher la jeunesse – notamment les soutiens venus de la place de la République et de Nuit Debout – de venir apporter son soutien devant l’Odéon, les intermittents ont lancé l’occupation mardi de la Comédie Française.
Les théâtres de Strasbourg, les Centres Dramatiques Nationaux de Bordeaux sont également occupés.
Au delà de la loi travail, les intermittents sont une nouvelle fois menacés par la « négociations » de l’assurance chômage, dans laquelle avec le soutien du gouvernement, le patronat veut une nouvelle fois imposer une diminution des droits des intermittents.
Intermittents du Spectacle : Communiqué occupation Comédie française
Mercredi 27 avril
Nous, intermittent-e-s, précaires, étudiant-e-s, salarié-e-s, nuit deboutistes, zadistes,chômeur-se-s, postier-e-s avons investi la salle Richelieu de la Comédie Française et fait annuler la représentation d’hier soir. Cette initiative dénonce les violences policières qui ont eu lieu devant le théâtre de l’Odéon lundi soir et mardi. Il est inacceptable qu’un lieu public et culturel soit assiégé par les forces de l’ordre : nous exigeons l’ouverture de ce théâtre. Nous nous inscrivons dans la vague coordonnée d’occupations de théâtres en cours : les Théâtres Nationaux de l’Odéon et de Strasbourg, les Centres Dramatiques Nationaux de Bordeaux,
Ces occupations ont pour but de dénoncer la négociation en cours de l’assurance chômage du régime des intermittent-e-s. D’une part, le cadrage organisé par le Medef et la Cfdt est inacceptable : nous refusons le chantage du patronat qui voudrait, d’ici 2020, sous prétexte « d’économies », réduire de 25% les allocations des intermittent-e-s qui s’amenuisent déjà d’années en années. D’autre part, nous exigeons un système d’indemnisation qui serait enfin solidaire, adapté à la discontinuité de l’emploi et pérenne : la Coordination des
Intermittent-e-s et Précaires ainsi que la Cgt-Spectacle ont des propositions dans ce sens.Enfin, nous exigeons l’exclusion du Medef de l’Unedic en attendant une refonte du paritarisme. Toute économie sur le dos des chômeur-se-s et précaires est inadmissible !
Nous luttons contre un système fondé sur l’exploitation et la précarité. Le projet de loi-travail, le décret socle et la nouvelle convention collective des cheminot-e-s, le plan Hirsch des hospitalier-e-s servent en effet les mêmes intérêts, ceux du patronat. Depuis plusieurs semaines, ces différents secteurs organisent la riposte et se mobilisent à travers des journées d’actions et de grèves communes. N’en restons pas là : les intermittent-e-s ont d’ores et déjà voté en faveur de la grève reconductible à partir du 28 ; les cheminot-e-s d’Austerlitz réunis en Assemblée Générale ont voté hier matin la grève reconductible à partir du 26 et
jusqu’au 28 au moins. Nous voulons pouvoir nous réunir librement et exigeons la tenue d’une assemblée générale ouverte à tou-te-s au théâtre de l’Odéon mercredi 27 avril.Cette détermination dont nous avons fait preuve jusqu’ici montre que nous sommes prêt-e-s à nous organiser ensemble pour la journée du 28 et la suite : seule la grève générale reconductible fera plier le gouvernement. C’est à celles et ceux qui luttent de décider de leurs moyens d’action : nous nous joindrons aux rencontres des secteurs en lutte pour la convergence ce jeudi à partir de 18h à République appelé par Nuit Debout, le collectif syndical Bloquons Tout et la Coordination Nationale Etudiante et appelons les autres secteurs
Tous et toutes ensemble en grève et dans la rue jeudi 28 avril et après !
Les occupant-e-s de la Comédie française
Nous restons déterminées, communiqué des occupants du Théâtre de l’Odéon
Depuis plus de 40 heures, après 2 nuits passées à l’intérieur, le théâtre de l’Odéon – Théâtre de l’Europe à Paris est toujours occupé par une cinquantaine d’étudiantes, de chômeuses, d’intermittentes, précaires, et de nuits deboutistes.
Dès notre arrivée, nos objectifs étaient clairs : peser sur les négociations d’assurance chômage en cours et exiger le retrait total de la Loi Travail.
En effet, hier, se tenait une journée de négociations sur le régime spécifique des intermittents du spectacle. Nous avons invité toutes les personnes mobilisées autour des luttes en cours à nous rejoindre au Théâtre de l’Odéon afin d’y tenir une Assemblée Générale.
Elles sont arrivées en nombre, de manière pacifique, et sans aucune provocation. Elles ont été repoussées directement à coup de lacrymo et de matraques ! La violence policière qui s’abat actuellement sur les mouvements sociaux est alors encore montée d’un cran !
Depuis le début de cette occupation, la présence policière est permanente : nous refusons de vivre dans cet Etat policier et exigeons le retrait des forces de l’ordre de la place de l’Odéon !
Nous avions annoncé que l’occupation du Théâtre de l’Odéon se tiendrait tant qu’un accord (ou un refus définitif d’accord) sur les annexes 8 et 10 ne soit acté. Hier soir, les syndicats ont finalement repoussé le terme des négociations à mercredi.
Ce matin nous avons donc réitéré à la direction du Théâtre de l’Odéon notre détermination à rester, comme nous l’avions annoncé dès notre arrivée, jusqu’à la fin des négociations.
Nous avons renouvelé notre demande à ce que les portes de ce théâtre public soient ouvertes afin que les gens puissent y circuler et venir y travailler.
Nous avons invité l’équipe du théâtre, ainsi que celle du spectacle programmé ce soir, à venir dialoguer avec nous.
Nous avons demandé à ce que Stéphane Braunschweig, directeur du théâtre, ainsi que le Ministère de la culture se positionnent publiquement et fermement, pour dénoncer les violences policières qui ont eu lieu devant le théâtre hier soir, et de prendre les décisions nécessaires pour que ces violences ne se reproduisent plus.
Nous attendons leur réponse sur nos revendications.
Nous restons déterminés et appelons à soutien !
Mardi 26 avril 2016 / 57 mars – 14h
Les occupants du Théâtre de l’Odéon.