Il est de tradition, pour nous communistes, de saluer chaque 7 novembre la Révolution d’Octobre 17 qui a permis pour la première fois dans l’histoire et sur la durée de bâtir un État ouvrier et paysan, socialiste, l’Union des Républiques Socialistes et Soviétiques.
L’espoir s’est levé à l’Est le 7 novembre 1917.
Il est de bon ton d’entendre et de lire aujourd’hui que cette révolution, au mieux, n’a servi à rien puisque le capitalisme règne aujourd’hui dans les pays de l’ex-URSS, au pire, que cette révolution a établi un régime tyrannique et totalitaire heureusement effondré.
Vint le temps des trahisons et des reniements qui suivent la défaite : de mutation, c’est-à-dire la capitulation politique et idéologique face à l’ennemi de classe, et condamnation de « la matrice bolchevique », tout y passa. On n’était plus marxiste mais anti-totalitaire, le totalitarisme comme le populisme étant des concepts qui empêchent de penser mais qui stigmatisent ceux qui en sont affublés, ceux qui récusent le fameux TINA de Tchatcher. Les plus vaillants se décrétaient marxiens…un moyen de se défiler et de sauver sa carrière comme un autre….Humain, trop humain.
Bref la vague contre-révolutionnaire semblait irrésistible. Or 2008 et l’approfondissement de la crise du capitalisme mettait en cause cette belle ordonnance. L’anti-libéralisme, puis l’anti-capitalisme revint dans les débats, certes de façon encore confuse, mais ça bougeait. La lutte des classes continuait et cela aucun discours médiatique qu’il vienne d’une droite fascisante à la Sarkozy ou des ours savants de la social-démocratie (anti-sociale et anti-démocrate) ne pouvait le cacher à ceux qui supportent les effets du capitalisme : chômage de masse, pouvoir d’achat démoli, services publics broyés, santé et école marchandisées. Pour ce faire, le grand capital a utilisé une de ses armes de destruction massive : l’UE. Elle lui permettait de casser la souveraineté des peuples dont l’assise est l’indépendance nationale : les États-Unis d’Europe c’est en fait les États-Unis du capital contre les peuples d’Europe. Et comme on ne transforme pas les lois d’airain du capitalisme en poésie courtoise, on ne transforme pas le char d’assaut capitaliste de l’UE en « UE sociale au service des citoyens ». Les États-Unis d’Europe, utopie ou projet réactionnaire, Lénine l’avait déjà dit.
Des communistes, partout, souvent très minoritaires, tentaient de briser l’assommoir médiatico-idéologique. Relevant le drapeau rouge frappé de la faucille et du marteau, le beau symbole léniniste de la politique d’alliance (ouvriers et paysans) qui en est le coeur, l’unissant aux luttes pour l’indépendance nationale et la souveraineté populaire symbolisé par le drapeau de la nation. Des communistes criminalisés par la bourgeoisie et ses perroquets y compris de « gauche » qui se dépêchent, quant à eux, d’abandonner, en plus des principes, les symboles comme la faucille et le marteau. Mais des communistes debout qui élaborent des stratégies de leur temps, assumant de manière marxiste et donc critique leur histoire, des communistes qui partout travaillent à la Renaissance communiste. D’Athènes à Lisbonne, de Moscou à Caracas, de Paris à Pékin, les communistes luttent dans les usines, les bureaux, les université, les files d’attente des chômeurs, les maquis quand il le faut, les parlements où c’est possible.
Parce que l’espoir qui s’est levé à l’Est en Octobre 1917 n’est pas mort. Pas plus que la Commune. Pas plus que les combattants de la liberté pour les damnés de la terre et les forçats de la faim de Madrid, de Santiago, de Hanoï, de Djakarta ou de La Havane.
D’autant que le fameux bilan de l’Octobre c’est la hausse permanente du niveau de vie des masses, c’est l’accès à la culture pour tous, c’est l’égalité femmes-hommes, c’est la sécurité sociale grâce au plein emploi, c’est l’aide immense apporté aux luttes de libération nationale dans le monde, c’est l’aide apporté aux classes ouvrières des pays capitalistes avancés : y aurait-il eu le programme du CNR sans l’existence de l’URSS ? C’est la victoire historique de l’URSS contre le fascisme/nazisme, contre cette barbarie capitaliste. Victoire scandaleusement occultée par les médias, les manuels scolaires, l’industrie du cinéma américain.
Il suffit de se poser la question : le monde est-il plus sûr, plus pacifique depuis la fin de l’URSS ? La réponse est évidente: l’impérialisme, stade suprême du capitalisme, sème partout guerres, émeutes, famines, conflits inter-ethniques, inter-religieux, terrorisme, chaos, faim et misère. Diviser pour régner est sa règle et il n’a plus la retenue relative que représentait la puissante URSS. Certes, il y avait de graves problèmes en URSS et dans les pays socialistes, il y a des causes internes à la fin de l’URSS en plus des causes externes incontestables, réelles et elles aussi occultées. Il demeure que l’existence de l’Union Soviétique était de 17 à 91 la grande base arrière de tous les combats progressistes. L’URSS a subi deux guerres terribles : d’abord, du fait de l’intervention anti-bolchevique franco-britannique en particulier, de 1914 à 1923, puis la guerre d’extermination menée contre elle par les fascistes hitlériens de 1941 à 1945. Comment ne pas tenir compte de ces saignées abominables tant en termes humains qu’en termes économiques pour analyser les faiblesses de l’URSS.
A contrario, posons-nous la question des conséquences de la destruction de l’URSS pour le camp du Travail, pour les peuples en lutte et pour notre propre pays. Partout un capitalisme revanchard, ultra-réactionnaire et fascisant liquide les acquis sociaux concédés à l’époque où le camp socialiste et la force des PC obligeait le capital à des concessions. Devenu encore plus réactionnaire, voire exterministe et génocidaire, que les vieilles classes privilégiées d’avant 1789, ce capitalisme mondialisé détruit tous les acquis sociaux et pulvérise même les avancées des premières révolutions bourgeoises. C’en est au point que dans notre propre pays, le MEDEF, suivi par la fausse gauche et par la vraie droite, envisage ni plus ni moins que le démontage total de la République française au profit de l’Union transatlantique, des « Etats-Unis d’Europe », des métropoles et des euro-régions. Bref, dans la foulée de la CONTRE-révolution d’Octobre, la bourgeoisie capitaliste devenue totalement réactionnaire voudrait bien liquider les résultats de la Révolution française tout en confisquant les symboles populaires (drapeau tricolore, Marseillaise, voire bonnets rouges anti-féodaux) pour son usage antipopulaire et antirépublicain. C’est dire combien se trompent ceux qui croient que l’on peut défendre 1789, ou se réclamer du CNR, tout en « ringardisant » Octobre 17 ou en pratiquant un anti-soviétisme de confort et à retardement. Au-delà des ruptures historiques il y a une continuité dans l’histoire de l’émancipation humaine. Sur d’autres bases de classes propres à leurs époques respectives, Lénine et Marx continuent Robespierre et Rousseau, qui sont eux-mêmes les lointains descendants des soldats de Marathon ou de Spartacus.
En ce 7 novembre 2013, les communistes de France, les militants du PRCF célébreront donc la grande Révolution d’Octobre 1917. Parce que nous sommes les héritiers de 1793 et de 1917, parce que la défaite de l’Union Soviétique comme la défaite de la Commune ne sont pas la fin de l’histoire. Tant que soufflera l’esprit de Résistance qui a animé nos aînés, les communistes seront au premier rang du combat pour l’émancipation humaine. Spartacus aurait dit : « Je reviendrai et nous serons des millions ». Le combat continue !