Le PRCF, qui n’a qu’un langage, critique sans indulgence la manière dont LFI gère l’opposition populaire depuis quelques années et nous nous sommes déjà plusieurs fois expliqués en pointant les graves inconséquences de la direction (car direction il y a, qui en doute désormais?) de ce mouvement pas si « gazeux » et « spontanéiste » qu’il veut bien se dire. Inconséquence grave, pour le moins, que d’avoir adhéré depuis trois ans au « narratif » mensonger de l’empire euro-atlantique en marche vers un « conflit global de haute intensité » courant de la Baltique à la Corée en passant par le Donbass et le Proche-Orient en flammes. Inconséquence grave, pour le moins, que d’avoir répudié le mot d’ordre mélenchonien de 2017 « l’UE, on la change ou on la quitte » et que de raconter désormais, de manière totalement irréaliste, que l’on pourrait mener une politique socialiste en France sans affronter durement – jusqu’à sortir de l’UE et de l’euro qui nous strangulent – la dictature continentale de l’empire euro-atlantiste en marche vers la guerre et vers la fascisation continentale. Inconséquence lourde que d’oublier, dans le programme de LFI et plus encore dans celui du NFP, la nécessité d’un seuil minimal de nationalisations sans lequel la France ne pourra pas rompre avec la toute-puissance des monopoles capitalistes sur l’économie nationale. Inconséquence lourde enfin que d’avoir remis le PS maastrichtien carbonisé, ainsi que les Verts belliqueusement otaniens et russophobes, au coeur de la problématique politique au risque de relancer la maléfique social-eurocratie hollando-cazeneuvienne. Inconséquence insondable encore que d’avoir, avec le NFP tout entier et ses pseudopodes pseudo-marxistes, que d’avoir fait voter pour Hollande, Borne, voire… Darmanin (et demain Retailleau pendant qu’on y est?) aux législatives soi-disant pour « faire barrage » au lepénisme dont Macronistes et LR empruntent de plus en plus le programme liberticide et xénophobe.
Cependant, quelle que soit la gravité desdites inconséquences,
1) nous ne devons pas confondre la masse des insoumis, militants et millions d’électeurs populaires, avec une direction LFI erratique et en grave perte de repères jacobins et jaurésiens (à défaut d’avoir jamais eu des repères de classes et marxistes-léninistes: il ne faut pas trop leur en demander au stade actuel !).
2) il faut reconnaître aux Insoumis, y compris à leur bouillante représentation parlementaire, un vrai courage politique dans la défense, d’une part du peuple palestinien victime de génocide, d’autre part dans leur contestation radicale d’un Macronat rejeté par le suffrage universel, honni par les Français (68% d’entre eux souhaitent la démission de Macron!) et dangereusement belliciste, antisocial, antinational et totalement méprisant à l’égard du vote des Français.
La différence n’en est que plus éclatante, hélas, entre le comportement franchement anti-Macron d’LFI et le veule comportement de la direction du PCF qui, dans la foulée d’un PS rompu à ce genre de « sport », s’est à nouveau empressée de participer aux pseudo-consultations organisées à l’Elysée. A entendre M. Roussel, il serait tragique que la France n’ait pas de gouvernement, que l’instabilité politique l’emporte, que la « gauche » fasse preuve d’ « irresponsabilité », etc. Et sans même poser en préalable l’abrogation de la contre-réforme des retraites, sans exiger l’engagement écrit de tout gouvernement futur à ne pas envoyer de troupes françaises en Ukraine et à ne pas bombarder la Russie (ce qui peut enclencher un affrontement nucléaire franco-russe en cette période terriblement dangereuse!), et alors que TOUT gouvernement formé sous l’égide de Macron ne pourra que continuer à brider les salaires, à briser la Sécu, les services publics, à maintenir la contre-réforme des retraites et à livrer au néant le produire en France industriel et agricole, qu’à privilégier le remboursement des sacro-saints « marchés financiers », qu’à ramper devant l’UE-OTAN sous la coupe du belliqueux ministre des Armées Lecornu (auteur d’un livre intitulé « Vers la guerre? » où le point d’interrogation est purement rhétorique!), qu’à poursuivre dans la voie du « saut fédéral européen » en cours qui prive déjà la France de son droit de veto existentiel dans les négociations entre le Mercosur et l’UE (von der Leyen se rit ouvertement de l’avis de la France et de ses paysans!), on voit ainsi MM. Roussel et Faure aller bras dessus-bras dessous « négocier » avec Macron au risque clairement assumé de
- de relégitimer alors que ce commis belliciste du grand capital était politiquement carbonisé,
- brader le programme (déjà très insuffisant !) du NFP sur lequel les députés PS et PCF ont été élus avec les insoumis,
- participer objectivement de la criminalisation par Macron des « deux extrêmes » (sic), RN et LFI, odieusement renvoyés dos à dos,
- flirter avec l’idée d’un « pacte de non-censure » à l’encontre du futur gouvernement social-impérialiste et social-maastrichtien, qu’il soit dirigé par Bayrou, Cazeneuve ou Lecornu,
- supplier Macron de leur sauver la face devant leurs électeurs en nommant un premier ministre « de gauche », qui pourrait bien être Bernard Cazeneuve, le matraqueur de manifs qui avait succédé à Valls, le Retailleau « de gauche », pour percuter violemment les manifestants anti-« Loi Travail »!
Quant à l’argument typiquement petit-bourgeois « Assez d’instabilité gouvernementale, faisons oeuvre de responsabilité! », il est indigne, non seulement d’un marxiste, mais de tout républicain respectueux de la souveraineté populaire. Quand le gouvernement qui vient s’engage d’avance, qu’il soit piloté
par Macron-Bayrou, par Macron-Cazeneuve, par Retailleau-Macron ou par Macron-Lecornu… – à préférer les marchés financiers aux travailleurs de France et le nouveau « Drang nach Osten » de l’UE-OTAN à la paix mondiale en péril, qu’est-ce qui est le plus dangereux pour le peuple de France? – Que l’oligarchie capitaliste au pouvoir s’enfonce dans les difficultés et qu’elle perde quelque temps l’appui d’un gouvernement de classe pour percuter la paix, l’indépendance nationale et les travailleurs, ou bien qu’au plus vite, au prix de quelques réformes cosmétiques qui n’iront même pas à terme sous la contre-poussée de la droite dure, la bourgeoisie monopoliste retrouve au plus tôt son gourdin gouvernemental pour nous taper dessus? Du reste, les Belges sont-ils morts quand leur bourgeoisie est restée sans gouvernement pendant plus d’un an et que, durant cette période, le pouvoir bourgeois a dû sursoir aux contre-réformes dictées par l’UE?
Enfin et surtout, qui ne voit que ces parlottes élyséennes infames constituent un obstacle grave à la mobilisation populaire urgente, à la convergence des luttes ouvrières, enseignantes, cheminotes et paysannes (avec, entre autres, le slogan clair « Macron dégage« ! » et non « Macron, vite, vite, un premier ministre… macro-compatible pour nous taper dessus »!).
En outre, cette attitude fleurant bon la lutte des places ouvre un boulevard à Le Pen pour accéder au pouvoir en déclarant « tous les mêmes sauf moi! ». Mais le plus grave, insistons-y, c’est que nos compères en faurage, en tondelage et en roussellement laissent les mains libres à Macron pour aller au bout de son mandat voire, si cela lui chante pour faire diversion à sa faillite politique, pour déclencher une aventure suicidaire en Ukraine? Comment dès lors qualifier ces ersatz de socialistes, d’écolos et de communistes autrement que de roues de secours de la Vème « République » en crise et que de rafistoleurs de l’UE-OTAN de plus en plus honnies par les masses?
Pour certains, dont F. Roussel hélas, l’esprit républicain se réduit veulement à l’accompagnement « critique » de l’ordre oligarchique hexagonal, européen et mondial. Pour les révolutionnaires, la construction d’une véritable République sociale, souveraine et paficique passe par la réaffirmation de l’article XXXV du préambule de notre première Constitution républicaine, dite de l’An I qui disposait, sur proposition du « tyran » Robespierre: « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour toute portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs… ».
Quand au communisme véritable, il ne passe pas par l’arrimage, désormais irréversible, de l’appareil archi-muté du PCF au P »S » (dit autrement : « les places plutôt que la classe! ») et à la « construction » euro-atlantique en marche vers une possible guerre continentale, mais par la réaffirmation de cette remarque judicieuse de Lénine, que refusent d’entendre la « gauche » social-élyséenne qui vient de remettre en selle un président failli et dangereux : « quand ceux d’en haut ne peuvent plus gouverner comme avant, quand ceux d’en bas ne veulent plus être gouvernés comme avant, alors s’ouvre une période de révolution sociale ». Une période que redoutent manifestement, en rupture avec le grand héritage ouvrier et patriotique du PCF de Sémard et Timbaud, les dirigeants euro-apprivoisés et macro-compatibles du « Parti communiste français ».
NDLR : il faut remarquer que les déclarations scandaleuses de Fabien Roussel et de la direction du PCF, à droite toute au demeurant de l’orientation fixée par les derniers congrès, provoquent des remous. A l’image d’une récente lettre ouverte revendiquant un millier de signatures adressée au secrétaire national du Parti communiste, accusé de « dérive » et lui demandant de se retirer : « Il est temps pour toi de tirer les leçons de tes échecs ». Précisant : » c’est dans ce contexte, à l’heure où le peuple cherche la résistance et l’espoir, que tu as évoqué, au nom du Parti communiste français, de trouver « un terrain d’entente » avec Emmanuel Macron et tu as précisé « si nous on reste bloqué sur l’abrogation (….) on n’avancera pas ». Peut-on imaginer pire reniement ? Le Parti communiste, pilier des luttes populaires, au chevet d’une macronie à l’agonie… C’est un comble ! Fabien, permets-nous de te le dire avec gravité : cette voie est une trahison. Une trahison envers les millions de Françaises et de Français qui ont défilé contre la réforme des retraites, envers celles et ceux qui espèrent un autre chemin que celui du capital et de l’austérité, et envers l’histoire glorieuse de notre parti. »