À l’occasion du 80e anniversaire, nous republions « PEUPLE DE FRANCE », l’appel du 10 juillet 1940 de Jacques Duclos et Maurice Thorez au nom du PCF.
« Jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves » – 10 juillet 1940 Maurice THOREZ– Jacques DUCLOS
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Un jour comme aujourd’hui mais en 40, les communistes Thorez et Duclos appellent à la #Resistance.
— JRCF (@JRCF_) July 10, 2020
Nous tenons aussi à rappeler qu’il ne s’agissait pas du premier appel communiste. En effet, faut le savoir, le 17 Juin, le communiste Charles Tillon en fit un aussi#VendrediLecture pic.twitter.com/zaotw8wqJA
Des images de la cérémonie de commémoration de l’appel du 10 juillet 1940 organisée boulevard Mortier à Paris 20e, le 10 juillet 1977, avec notamment le discours de Gaston Plissonnier.
https://www.cinearchives.org/Catalogue-d-exploitation-494-338-0-0.html
Image, Jacques MIRONNEAU
Son, ROUX
Montage, Lolita GODINEZ ou Brigitte DORNES
Film du secteur Archives d’Unicité.
Discours de Gaston Plissonnier
« Mesdames, Messieurs, Chers amis, Nous sommes réunis devant cette maison du boulevard Mortier où s’abritait Jacques DUCLOS lorsqu’il rédigea et signa avec Maurice THOREZ l’appel du 10 juillet 1940. Ici s’exprima, il y a trente sept ans, la volonté du Parti communiste français, alors illégal, de remplir tout son devoir envers la Nation, de combattre sans faiblesse pour restaurer l’indépendance, la souveraineté et l’honneur de notre peuple.
La France était en péril de ? et connaissait l’humiliation et le désarroi. La défaite qu’elle avait subie, l’effondrement d’un certain nombre d’États d’Europe sous les coups de la machine de guerre hitlérienne, semblaient annoncer le triomphe durable de l’envahisseur nazi. La bataille de France avait été perdue d’avance pour des raisons politiques. La trahison de Munich en 1938 et l’abandon honteux de la Tchécoslovaquie, le sabotage délibéré des négociations franco-soviétiques par les gouvernements occidentaux dans l’été de 1939, la pratique démobilisatrice et démoralisatrice de la drôle de guerre, cette politique de capitulation que la grande bourgeoisie française poursuivait depuis des années pour des raisons de classe, avaient préparé et rendu inévitable la catastrophe nationale. Les partis politiques d’alors, sauf le Parti communiste, étaient ou décomposés, ou agenouillés devant les nouveaux maîtres, les Pétain et les Laval. Les communistes jetaient les premières bases de la lutte armée contre l’occupant qui sera plus tard, conduite avec tant de courage et d’efficacité par les Francs-tireurs et les Partisans, des FTP, FFI, tous les combattants de la Résistance. Notre Parti rétablissait ses liaisons intérieures souvent interrompu par la défaite, l’exode, la répression, la dispersion des adhérents. Il réorganisait sa presse clandestine et bientôt, les actions de masse que ces militants animaient, allaient prendre forme et connaître un large retentissement dans la résistance à l’envahisseur. Sous la direction de Jacques Duclos et de Benoît Frachon, le Parti communiste français allait tout au long des années tragiques, impulser et guider le combat de notre peuple. On sait quels lourds sacrifices cela lui a couté, le peuple ne lui a pas donné pour rien le nom de Parti des fusillés.
Le 18 juin 1940, depuis Londres, le général DE GAULLE s’était adressé aux militaires, aux spécialistes de l’armement. Il invitait les Français à lever l’étendard de la Résistance. Le manifeste communiste du 10 juillet, en même temps qu’une exhortation à la lutte, représentait un vigoureux encouragement à l’union des patriotes de toutes tendances et de toutes croyances, à l’union de la nation française…
Ce n’est pas ici le lieu de retracer le long effort de notre parti, précurseur de la Résistance sur notre territoire national pour rassembler les énergies patriotiques à l’encontre des théories d’inaction et d’attentisme. L’histoire de cette inlassable activité va de la formation en mai 1941 du Front National qui voulait unir tous les Français résolus à délivrer la patrie jusqu’à la constitution du Conseil National de la Résistance, le CNR. Ainsi fut ouvert le chemin qui conduisit au regroupement des forces se réclamant de la classe ouvrière, qui conduisit à la rencontre entre communistes et gaullistes, et à celle de tous les mouvements de résistance. Le but a été atteint. Nous avons lutté et vaincu au coude à coude
« S’unir, s’armer, se battre », tel était le grand mot d’ordre du Parti Communiste. Ce mot d’ordre a mené, de concert avec l’action de nos alliés, dont l’Union Soviétique qui a porté le coup mortel aux armées fascistes, notre peuple à l’insurrection et à la libération nationales. C’est à la même préoccupation d’indépendance et de souveraineté que le Parti communiste reste fidèle aujourd’hui en s’attachant, dans des conditions historiques tout à fait différentes et avec des forces considérablement accrues, à réaliser l’Union du Peuple de France pour la liberté, le progrès social et économique , en préconisant une véritable défense nationale, en se prononçant pour une Europe démocratique, une Europe des travailleurs et des peuples dans laquelle chaque nation disposera librement d’elle-même…
Comme il y a trente ans, dans la paix comme dans la guerre, la politique d’intérêt national du Parti communiste joue aujourd’hui un rôle irremplaçable mais notre Parti n’aspire pas pour autant , dans ce domaine pas plus que dans d’autres, au monopole. C’est pourquoi il accorde le plus vif intérêt aux prises de position de gaullistes, de patriotes, de démocrates qui ne peuvent admettre la mise en péril des intérêts nationaux. Il est important de se retrouver ensemble, dans le respect de la personnalité de chacun, pour défendre et porter plus loin la grandeur, l’indépendance et la sécurité de la France. C’est notre conviction, que les profonds changements inscrits à l’ordre du jour de l’histoire nationale ne saurait être l’œuvre ni d’un seul homme, ni d’un seul parti. Ils sont et doivent être l’affaire du peuple français lui-même, unique dans sa diversité, comme se fut le cas autrefois pour la lutte de libération nationale.
Chers amis et chers camarades, l’appel du 10 juillet 1940 témoigne pour l’histoire de notre glorieuse tradition de patriotisme. On peut être assuré que nous resterons dignes, en toutes circonstances, de cette voix qui a fait se lever sur le sol même de la patrie les premiers combattants de la Résistance, de la Liberté et de la grandeur nationale. » Applaudissements
« Gaston Plissonnier va dévoiler la plaque qui portera témoignage de l’événement qu’il vient de commenter ».
Chant des partisans.
Gros plan sur la plaque qui vient d’être dévoilée : « Jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves. 10 juillet 1940. Maurice Thorez – Jacques Duclos. L’Appel fut rédigé dans cet immeuble le 10 juillet 1940 par J. Duclos »
La Marseillaise / foule avec en fond des affiches du Parti communiste : « Halte au chômage. »
Lieux de consultation : Ciné-Archives, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Forum des images, BNF
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Pour compléter cet article sur l’Appel du 10 juillet 1940, lire
75ème Anniversaire de l’Appel THOREZ-DUCLOS du 10 juillet 1940 – Un appel du PRCF, 9 juillet 2015
En juin-juillet 1940, le PCF était interdit depuis septembre 1939 et pourchassé par ceux-là même qui faisaient alors le « choix de la défaite », qui capitulaient devant Hitler, qui décrétaient « Paris ville ouverte » en ignorant les propositions du PCF clandestin pour armer la population et qui allaient bientôt remettre tout le pouvoir à Pétain pour l’aider à mettre en place sa politique de soumission à l’Allemagne nazie*.
Déjà le PCF avait lancé le premier appel à la Résistance à partir du territoire national le 17 juin sous la signature de Charles Tillon, membre du bureau politique : « le peuple français ne veut pas de l’esclavage, de la misère, du fascisme », déclarait alors Tillon. En parfaite continuité avec cet appel, Thorez et Duclos déclaraient le 10 juillet 1940 : « jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves »…..