Casse du code du travail, casse de la SNCF et des statuts des cheminots, menaces sur la FP, les retraites, la sécu, les allocations chômage, diminution des pouvoirs du parlement, loi sur les fake-news, privatisations, répression des mouvements sociaux, mise en cause de la laïcité, casse du bac et sélection à l’université, cajôlage fiscal des grosses entreprises et des plus riches, mépris ouvert pour le peuple, gouvernement de la zone euro, défense européenne intégrée à l’Otan, souveraineté européenne,…
En ce début d’été 2018, les travailleurs et leurs organisations sont face à leurs responsabilités.
Macron-UE-MEDEF mène sa guerre contre tous les conquis sociaux et démocratiques et il entend accélérer le « saut fédéral » européen brisant la souveraineté populaire et nationale pour les dissoudre dans une souveraineté européenne qui n’est autre que le pouvoir absolu du capital et des monopoles sur les peuples et les travailleurs.
Face à cette situation qui met en danger de mort le mouvement populaire et ses capacités de résistance, les luttes sociales ont été très importantes en ce printemps 2018 mais n’ont pas réussi à déboucher sur une mobilisation générale de nature à s’opposer victorieusement au pouvoir. Entre les organisations jaunes type CFDT, les hésitations de la FSU ou de FO et le pied au milieu du gué de la conf’ CGT, les travailleurs en lutte n’ont pas réussi à prendre en marche le train de la lutte admirable des cheminots et le gouvernement a réussi à faire passer ses projets écrits par le MEDEF et l’UE.
Pourtant, de sondages médiocres en mises en garde des soutiens du pouvoir face à une possible « insurrection » populaire en passant par les très nombreuses luttes dans les entreprises, il apparaît que Macron n’a pas réussi à briser la résistance populaire comme Thatcher avait pu le faire en mettant à genoux les mineurs anglais.
Mieux, un certain nombre d’évolutions montrent que non seulement la combativité ne se dément pas mais qu’elle pourrait prendre une ampleur encore plus importante dans la période qui vient.
D’une part, un coin a été enfoncé dans la frontière étanche établie depuis des années entre syndicalisme et politique.
Les manifestations unitaires du 14 avril à Marseille à l’initiative de l’UD CGT 13 ou du 26 mai à Paris réunissant organisations syndicales, politiques et associatives progressistes ont permis de battre tous ceux qui, de Berger à Mailly, se réclament de l’indépendance syndicale quand il s’agit de défendre les intérêts populaires mais qui sont intimement complices du pouvoir pour soutenir de fait les pires régressions. Toutes ces braves gens se bouchant le nez quand il s’agit de manifester en commun pour contrer la politique réactionnaire sont ceux-là même qui ont acclamé Hollande ou le ministre allemand des finances venus l’année dernière ouvrir le congrès de la Confédération européenne des syndicats au nom bien sûr de « l’indépendance syndicale » !
En réalité, l’indépendance syndicale, ce n’est pas la division, l’opposition entre militants syndicaux, politiques et associatifs du monde du travail quand il s’agit de de résister à l’avalanche anti-sociale et anti-démocratique. C’est ce qu’expliquaient déjà les statuts de la CGT en 1936 intégrés aux statuts actuels : « Le mouvement syndical se réserve le droit de répondre favorablement ou négativement aux appels qui lui seraient adressés par d’autres groupements en vue d’une action déterminée. Il se réserve également le droit de prendre l’initiative de ces collaborations momentanées, estimant que sa neutralité à l’égard des partis politiques ne saurait impliquer son indifférence à l’égard des dangers qui menaceraient les libertés publiques comme les réformes en vigueur ou à conquérir. »
Et c’est ce qui permit les grands acquis de 1936 comme ceux de 1945 !
Et aujourd’hui, l’indépendance syndicale, c’est bien par rapport au patronat, aux gouvernements successifs, à l’UE et à sa courroie de transmission « syndicale », la C.E.S., qu’il faut la reconquérir.
Cette maturation politique de nombres de militants et travailleurs s’accompagne de mouvements profonds dans les organisations syndicales.
Du côté de FO, le jaunissant Mailly a été remplacé par une équipe qui semble beaucoup plus combative.
A la CGT, les débats font rage sur l’orientation et la stratégie syndicales et le congrès à venir pourrait bien connaître un conflit ouvert entre (contre)réformistes et révolutionnaires, conflit qui traverse toute l’histoire du mouvement syndical.
En effet, les « réformistes » toujours bien présents à Montreuil veulent poursuivre le travail de recentrage de la conf’ et imposer définitivement le syndicalisme rassemblé au sein de la Confédération Européenne des Syndicats et de l’accompagnement des contre-réformes.
Les révolutionnaires eux ont lancé depuis la base un mouvement de ré-adhésion à la Fédération Syndicale de Classe (syndicats, UD, FD) et un certain nombre de prises de position appellent d’ores et déjà à structurer la lutte pour le syndicalisme de classe dans la grande CGT. A cet égard, les récentes prises de position et le livre de Jean-Pierre Page (CGT : pour que les choses soient dites – Éditions DELGA) sont un élément important du combat qui se prépare.
De cette lutte au sein de la CGT dépendra en grande partie l’avenir du mouvement populaire. Si les révolutionnaires parviennent à s’imposer, c’est tout le paysage syndical qui s’en trouvera modifié avec la possibilité enfin d’ouvrir la voie à une réunification syndicale dans une grande CGT de classe et de masse et de renouer avec les principes gagnants du mouvement ouvrier.
C’est pourquoi le FSC soutiendra les efforts des camarades de la CGT et s’attachera à faire le lien avec les camarades de la FSU ou de FO qui ont eux-aussi fort à faire dans leurs organisations. Il mènera en particulier campagne sur la question clé de l’UE dans le mouvement syndical.
En effet, si l’opposition politique/syndicalisme a été affaiblie, il y a encore un tabou qui demeure et qui fragilise la résistance populaire : celui de la lutte frontale contre le capitalisme et ses institutions supranationales. De même que Martinez pouvait expliquer il y a quelques mois en contradiction avec les statuts de la CGT que celle-ci n’était pas anti-capitaliste, les directions syndicales ménagent en permanence l’UE du capital en jouant de la diversion sur le thème rabattu et ô combien mystificateur de l’ « Europe sociale ».
Hier, les Jouhaux, les Maire, Bergeron et autres Notat mettaient leur syndicalisme à la remorque des intérêts capitalistes en soutenant l’UE et en intégrant la Confédération Européenne des Syndicats, créée et financée par l’UE.
Face à eux, les Frachon, Séguy, Krazucki, garants de l’indépendance de la CGT face à la bourgeoisie, combattirent au contraire la « communauté européenne de défense », puis la CECA puis la CEE et l’UE et défendirent tout à la fois les conquêtes populaires, l’indépendance nationale et l’internationalisme.
Aujourd’hui, la CES, la CFDT poursuivent leur politique de soumission tandis que Macron et l’UE envisagent le saut fédéral européen et l’armée européenne pour accélérer encore la destruction des conquis, des souverainetés populaires et permettre aux monopoles capitalistes de mener sans limite leur course aux profits maximums sans crainte des peuples et de se livrer aux guerres de brigandage impérialiste.
Les syndicalistes de lutte doivent à l’inverse renouer avec le combat de la grande CGT et mettre leur entreprise de redressement sous le signe de la lutte contre l’Europe supranationale du capital en défendant le « produire en France », les services publics, les statuts nationaux, les conventions collectives, l’EDF et la Sécu issus du CNR, et en s’engageant aussi pour sortir la France du broyeur capitaliste que sont l’UE et l’OTAN.
Dans les mois qui viennent, le FSC jettera ses forces dans la bataille du syndicalisme de classe et de masse afin que celui-ci puisse contribuer à bâtir, grâce à son apport spécifique, une alternative populaire menant la lutte frontale contre le pouvoir des capitalistes, ne se laissant pas prendre au piège de ne réagir qu’au coup par coup mais ciblant les origines patronales de toutes les contre-réformes ainsi que la construction européenne qui orchestre la casse à l’échelle du continent sans omettre de cultiver l’internationalisme et de mettre en question les guerres impérialistes de l’OTAN et la course ruineuse au surarmement. Et permettant de soutenir les luttes par l’espoir d’un changement de société et la perspective du pouvoir des travailleurs et d’une France enfin débarrassée de l’exploitation capitaliste.