Ils sont syndicalistes, tous impliqués dans la mobilisation pour le retrait de la réforme des retraites. Dans une tribune, il s’exprime à l’occasion du débat qui s’ouvre en préambule du 53e congrès de la CGT
Pour une CGT de classe et de masse, libre expression de syndicalistes CGT de divers secteurs professionnels
Dans le dernier numéro de Ensemble, la vie ouvrière, journal de la confédération CGT, l’article intitulé « Nouvelle mandature » revient sur le congrès confédéral qui se tiendra fin mars. Le moins que l’on puisse dire est qu’il balance de nombreuses bombes sur la situation en interne, abordant pêle-mêle : le « rapprochement » (comprendre fusion/absorption) avec la FSU et même la « réunification syndicale » (comprendre l’unification à terme avec l’ensemble des organisations françaises membres de la Confédération européenne des syndicats, c’est à dire fusionner avec FO et la CFDT !) ; la candidature d’Olivier Mateu au poste de secrétaire général ; les critiques émises par de plus en plus de structures sur le « syndicalisme rassemblé », sur la stratégie du rapprochement avec des ONG comme Greenpeace, etc. Bref, les points de divergences ne manqueront pas au congrès !
Militants CGTistes de différents secteurs professionnels et travailleurs salariés, tout aussi légitimes à prendre la parole comme tous nos camarades de luttes, nous avons à plusieurs reprises, avec d’autres, alerté et pris position sur la situation dans la CGT, pour dénoncer les dérives du bureau confédéral, notamment du « syndicalisme rassemblé » et d’« accompagnement » que promeut la Confédération Européenne des Syndicats (CES) dont la CGT est membre depuis près de 25 ans. Nous observons d’ailleurs que l’article n’aborde pas le point des orientations internationales de la CGT, notamment la question centrale de la ré-affiliation de la CGT à la FSM (Fédération Syndicale Mondiale).
Vers la « grande explication » dans la CGT ?
Or les prises de positions de syndicalistes et d’organisations de base de la CGT, de plus en plus critiques et dures à l’encontre du « syndicalisme rassemblé » et ses conséquences sur les stratégies de lutte, sont de plus en plus ouvertes et nombreuses. A ce titre, nous nous réjouissons de la coordination de nombreuses fédérations CGT fidèles au combat de classe (Mines et Energie, Chimie, Cheminots, Ports et Docks, Verriers, Commerce, Bâtiment) pour combattre « tous ensemble et en même temps » la contre-« réforme » des retraites.
De la même manière, nous nous réjouissons de la candidature de rupture d’Olivier Mateu, actuel secrétaire de l’UD des Bouches-du-Rhône, au poste de secrétaire général de la confédération, qui aura permis, dans l’immédiat, d’ouvrir en grand le débat sur le bilan des orientations prises et celles que doivent prendre la CGT pour la victoire du mouvement ouvrier. A ce sujet, nous observons le grand aveu contenu dans la « Une » du numéro d’Ensemble déjà cité : « Congrès confédéral : place aux débats ! ». Si le congrès est bien entendu un lieu de débats et de bilans, il sert avant tout à prendre des décisions sur l’orientation de l’organisation.
Les bilans et les débats sur les orientations de la CGT (internationales, stratégie de lutte, fusion, relation avec d’autres organisation, etc) sont l’affaire de tous les syndiqués et doivent se tenir 24h sur 24, 7 jours sur 7 et 365 par an. C’est malheureusement loin d’être le cas ! Certains camarades signataires de ce texte, pourtant tous militants de base engagés sur le terrain dans leur boîte, n’auront à aucun moment ne serait-ce qu’évoquer le congrès confédéral dans leur structure, parce que rien n’aura été organisé par leur fédération, leur UL ou leur UD et, le plus grave de tout, par leur syndicat.
Reconstruire une CGT de classe et de masse…
S’il est bien sûr plus que nécessaire de rompre avec le « syndicalisme rassemblé », avec la CES et la Confédération syndicale internationale (CSI) – dont l’ancien secrétaire général, Luca Visentini, a sombré dans la corruption – et, ainsi, de retourner vers le syndicalisme de classe et de masse et de ré-affilier notre organisation à la FSM, la question centrale est comment gagner cette bataille, que ce soit par l’intermédiaire ou non du 53e congrès confédéral.
C’est pourquoi il y a urgence à mettre en place une plateforme revendicative regroupant, bien sûr, les organisations déjà dans l’opposition et sur la ligne de classe – autrement dit, outre les Fédérations déjà mentionnées, les UD des Bouches-du-Rhône, du Nord, du Val-de-Marne, du Tarn-et-Garonne, les UL de Seclin et Tourcoing, les syndicats des cheminots de Versailles ou des énergéticiens de Paris, et beaucoup d’autres ! –, mais également tous les militants à la base de la CGT conscients des problèmes et qui veulent œuvrer au retour d’une CGT de classe. Pour cela, les initiatives comme celle prise à Gardanne par l’UD des Bouches-du-Rhône le 20 mai 2021, doivent se décliner et se généraliser dans le tout pays au niveau local, pour débattre et échanger sur l’ensemble des sujets entre tous les militants de terrain.
… en abordant franchement les sujets centraux pour la classe ouvrière de France
Il y a également urgence à aborder les problèmes centraux que rencontre la classe ouvrière de France :
- D’abord la question centrale de la PAIX ! L’escalade menée par l’OTAN, avec l’appui de l’Union européenne (UE), en Ukraine nous rapproche un peu plus chaque jour d’une confrontation directe potentiellement exterministe entre puissances nucléaires. La CGT doit clairement dénoncer cette escalade, militer pour que la France quitte l’OTAN et être à l’initiative de larges collectifs pour la paix pour animer cette bataille prioritaire ;
- La question de la critique de l’Union européenne. Assez de timidité sur ce sujet, alors que les mauvais coups qui pleuvent sur la classe ouvrière viennent directement de la commission européenne de Bruxelles – l’une des composantes de la maléfique Troïka avec la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) ! Contre-« réforme » des retraites, casse du code du travail, désindustrialisation du pays par la « concurrence libre et non faussée » des traités européens, destruction de l’hôpital public ou du marché européen de l’énergie qui saborde EDF : tout ramène à l’UE ! ;
- La question de l’indépendance nationale. Là aussi, ce sujet est absent de nos débats ; pourtant, que défendons-nous quand nous nous battons pour des emplois ici et maintenant, la réindustrialisation du pays, des services publics pour tous, les statuts de la fonction publique, le code du travail, le droit de parler en français au travail ? Rien d’autre que l’indépendance et la souveraineté nationales ! Ces mots ne doivent plus être des tabous dans la CGT ;
- Bien sûr porter la rupture avec la CES et la CSI et de ré-affilier la CGT à la FSM ;
- Développer une puissante stratégie de lutte, dans la ligne de celle actuellement construite pour la lutte contre le projet de loi de casse des retraites et comme surent le faire Benoît Frachon, Georges Séguy et Henri Krasucki.
C’est à ces seules conditions que la CGT redeviendra une organisation de la classe et de masse et l’organisation centrale de la classe ouvrière. Il y a urgence à construire cette plateforme vitale pour la classe ouvrière du pays et pour le redressement de la CGT.
Refuser d’aborder même une seule des problématiques citées pour céder à certaines organisations prétendument de « gôche » ou d’extrême-« gôche » – qui sont « en même temps » pro-guerre et pro-UE du grand capital –, c’est pousser la classe ouvrière du pays dans les bras du mensonger « Rassemblement national » et prendre le risque de l’arrivée des fascistes les plus brutaux, anti-syndicaux, anti-immigrés, anti-progressistes et anti-travailleurs au pouvoir !
Camarades, il y a urgence pour œuvrer à la reconstruction d’un syndicalisme de classe, de combat et de masse !
- Luc Wajs membre du bureau national de L’UFR FERC CGT ;
- Gilliatt DE STAËRCK, Conducteur de car, Responsable de section CGT Groupe Transdev ;
- Bernard Colovray, ouvrier du livre ;
- Jean-Pierre MÉTAIL, 77, énergie retraités ;
- Yannick DUTERTE, Ingénieur territorial, CGT Est Ensemble (93) ;
- Franck VANDEPUTTE, snptas-cgt, DDTM 11, technicien (tspdd) ;
- Lucien Mascart, cheminots retraités syndicaliste de Nîmes ;
- R.Montagney, membre de la section CGT du syndicat des cheminots CGT de Nimes ;
- Jacque Delepine, info’Com CGT ;
- Franck Hazard syndiqué CGT FAPT 80 ;
- Pauline Detuncq, CGT Santé Social USD 75 ;
- Thomas CHAUDERON, Syndiqué Bouches du Rhône UL AUBAGNE CGT ;
- Nathalie Meyer, CGT Vaucluse 84 ;
- Geraldine Cauchy, CGT Vaucluse 84 ;
- Romane Dijon, CGT Vaucluse 84 ;
- Arthur Ollagnon, CGT santé action sociale, union locale de la Loire ;
- Gérard CORDIER, CGT, Fédé Métaux, UD LILLE, UL SECLIN ;
- PIERRE MOUTET, retraité infirmier, membre du syndicat CGT vaucluse , section retaités Centre Hospitalier Montfavet ;
- Killian Rodriguez, CGT-FERC sup à l’université Jean Monnet ;
- Tristan, CGT Finances publiques ;
- Anna, Cgt métallurgie 06 ;
- Pierre C, syndicat CGT-UFROSS ;
- Thomas, CGT Finances ;
- Giovanni, CGT-13.