C’est à la faveur du confinement que la liquidation judiciaire de la SAD a été prononcée le 15 mai. La SAD, c’est la filiale à Marseille de Presstalis, le groupe en charge de la distribution de la presse quotidienne en France. Immédiatement, les salariés avec leur syndicats engageaient la lutte pour sauver l’emploi mais également un outil essentiel à la diffusion de la presse. La distribution de la presse est ainsi bloquée à Marseille comme à Lyon. Rappelons que Presstalis, c’est ce qu’on appelait auparavant les Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne (NMPP), une société commerciale en charge de la distribution de la presse écrite dans les points de vente, issue du programme du Conseil National de la Résistance, à travers la loi Bichet du 2 avril 1947, et de la nationalisation des messageries Hachette pour fait de collaboration.
Pour cela, les travailleurs de la SAD proposent un projet de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) afin de « sauvegarder l’emploi » et d’ « assurer la pluralité de la presse ». Dans leur usine occupée, bloquant la diffusion des journaux nationaux, les 134 travailleurs et la centaine d’intérimaires et de chauffeurs présentent leur plan de reprise de l’activité. » Nous ne faisons pas grève, nous avons été mis du jour au lendemain au chômage » expliquent leurs délégués CGT marseillais à la tête « d’un projet alternatif » qui permettrait de reprendre la distribution des journaux « dès demain ».
« Nous demandons au gouvernement de prendre ses responsabilités et d’imposer la reprise de la distribution des journaux via un opérateur public », comme La Poste, « le temps que notre proposition se concrétise », explique Maxime Picard, délégué CGT.
La SCIC serait détenue par les salariés, les usagers et éditeurs, par exemple, sans qu’aucune partie ne puisse dépasser 50% des voix. Une représentation qui ne préjugerait pas leur participation financière dans la SCIC..
Au-delà de la SAD, la SOPROCOM est également menacée avec en tout 512 salariés sur une quinzaine de sites, en Corse, à Nantes, Toules, Ensisheim ou Vénissieux, desservant une dizaine de milliers de points de distribution partout en France.
MESSAGE DE SOUTIEN AUX PRESSTALIS par le PRCF
Faisant suite au projet de loi de refonte du système de distribution de la presse organisé par la loi Bichet de 1947 – issue du programme du Conseil National de la Résistance – qui repose sur les principes de liberté (quiconque peut créer un journal), de solidarité (via un système coopératif mutualisant des coûts de distribution) et d’égalité (une diffusion équitable des titres sur tout le territoire), un projet de loi a été voté à l’Assemblée nationale le 23 juillet 2019, projet de loi qui s’inscrit pleinement dans le cadre des directives de l’Union européenne qui imposent aux pays membres que toute activité commerciale et industrielle entre dans le cadre de la concurrence libre et non faussée à l’échelle du continent pour éliminer à la fois les monopoles publics et les petits prestataires…
Opposée à cette réforme, la CGT du Livre a organisé des grèves dénonçant le « retour de monopoles, cette fois privés » dans lesquels « les puissances de l’argent » contrôleront la distribution en plus de titres et de médias. Plus que jamais, la concentration de la presse sous forme de monopoles capitalistes s’accélère, alors que 9 milliardaires contrôlent déjà 90% des médias de la France et s’en servent pour diffuser l’idéologie capitaliste euro-atlantique, que ce soit dans les médias privés ou au sein du « service public » transformé en véritable officine de propagande pour la macronie, le patronat et ses alliés syndicalistes, collaborateurs de classe comme Laurent Berger, et bien entendu l’UE au cœur d’une émission de France 2 intitulée « La grande soirée des Européens » et diffusée le 17 avril 2020.
Profitant de cette période de pandémie due au Covid-19, et alors que les salariés de la profession continuent de travailler au service du pluralisme, les actionnaires de Presstalis et les messageries lyonnaises de presse viennent de dévoiler un projet de liquidation de Presstalis ayant pour conséquences la suppression de 70 % des emplois.
Solidaire des travailleurs qui luttent pour leurs emplois et la sauvegarde de l’outil de travail, le PRCF apporte tout son soutien aux salariés et à la CGT de Presstalis, et avec eux exige la préservation du modèle de distribution collectif et solidaire tel que l’avait défini le Conseil National de la Résistance à travers la la loi Bichet.
Communiqué du PRCF