C’est un projet qui fait scandale depuis plusieurs mois, celui de la privatisation rampante de la Gare du Nord à Paris. Plus importante gare d’Europe, la gare du nord relève désormais – depuis la réforme ferroviaire résultant des directives européennes imposant la libéralisation du rail – non plus de la SNCF mais d’une de ses filliales. Cette dernière, comme vous avez pu l’apprendre dans les pages d’IC, a monté une société d’économie mixte pour son réaménagement cédant au passage les 2/3 des parts au groupe Auchan. Le résultat ne s’est pas fait attendre, avec comme conséquence la transformation de ce qui devrait être un bâtiment principalement dédiés aux services des usagers en un gros centre commercial. Les 270 millions de passagers qui transitent par cette gare chaque année devront désormais avant de pouvoir accéder aux quais passer par ces espaces commerciaux.
Le 1er octobre, devant la fronde des usagers et des parisiens, après qu’une vingtaine d’architectes de renom dont Jean Nouvel et Roland Castro ont alerté par une tribune publiée par le Monde contre ce projet, la ville de Paris a officiellement pris position contre le projet. » La dimension commerciale ne doit pas prendre le dessus sur les services rendus aux usagers » écrit l’adjoint à l’urbanisme de la ville de Paris. Le doux euphémisme, surtout de la part de responsable PS qui par leur soutien à la construction européenne sont également les coresponsables directes de la privatisation de la SNCF. Avec pour résultat que la dimension commerciale, et surtout profitable, prend en tout domaine le pas sur le service public à l’usager.
Fin juin, la commission départementale d’aménagement commerciale (CDAC) de Paris a rendu un avis défavorable sur l’extension du centre commercial au sein de la gare. Bloquant le permis de construire. La CDAC est composé de 7 élus dont le maire de la commune d’implantation et de quatre personnalités qualifiées en matière de consommation de développement durable et d’aménagement du territoire. Elle est placée sous l’autorité du préfet, et peut s’appuyer sur le rapport d’instruction des dossiers généralement réalisé par les Directions départementales des territoires (ex DDE) du ministère de l’écologie.
Cet avis défavorable a entraîné un recours devant la CNAC, commission nationale.
A l’inverse de la marie de Paris, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (LR), autorité organisatrice des transports pour la région, a pris position pour le projet.
Coup de force du gouvernement
Avant même que ne se soit rénunie la CNAC, commission technique dont l’avis est réputé indépendant, le secrétaire d’Etat aux transports, Jean Baptiste Djebbari (LREM), a annoncé que le projet serait validé. Foulant ainsi ouvertement au pied l’Etat de droit et notamment les codes du commerce et de l’urbanisme. Djebbari, ex-député de la Haute Vienne, a été le maître d’oeuvre de la loi sur la réforme de la SNCF en 2018 avant d’être bombardé secrétaire d’Etat à la faveur de la démission de De Rugy.
Qu’est-ce donc ce régime où un gouvernement se permet de donner les résultats des décisions des commissions charger d’instruire selon la loi les dossiers avant même qu’elles se soient réunies ?
Qu’est-ce donc que ce régime où le secrétaire d’Etat aux transports se permet de donner un avis sur des projets d’aménagement commerciaux, relevant du ministre de l’écologie et du ministère du commerce ?
Après les autorisations accordées à Lubrizol pour étendre ses stocks, sous un régime dérogatoire à l’évaluation environnementale, chacun peut constater à nouveau combien le régime LREM n’a aucun respect des institutions et de la loi de la République, dès lors qu’il s’agit de servir ses maîtres de la classe capitaliste. Il est certain que les milliardaires de la famille Mulliez applaudissent cette déclaration !
JBC pour www.initiative-communiste.fr