C’est un procès qui aura traîné des années qui s’est ouvert le 4 octobre dernier à Amiens. 843 anciens salariés de l’usine Goodyear d’Amiens Nord veulent faire condamner devant le tribunal des Prudhommes la fermeture de leur usine et obtenir une indemnisation du groupe car ils jugent que ces licenciements n’avaient pas de cause économique sérieuse. Compte tenu du nombre d’ouvriers victimes, le tribunal avait dû réquisitionner le Zénith d’Amiens.
Le courageux délégué CGT de l’usine Goodyear Amiens Nord, Mickael Wamen qui, avec ses camarades et l’appui de l’avocat Fiodor Rilov, a empêché Goodyear de fermer l’usine pendant plus de dix ans, souligne « Que Goodyear ait fermé l’usine en 2014, alors qu’il y avait eu une année record sur ses bénéfices, c’est inadmissible, comme c’est intolérable qu’un groupe qui fait près de 2,7 milliards d’euros de profit net après impôt, après avoir payé les actionnaires, vienne dire « On se doit de fermer l’usine car ça met en péril notre compétitivité ».
En 2007, le patronat de l’usine d’Amiens exige que les centaines d’ouvriers passe à un rythme de travail de 4x8h : deux jours de travail le matin (4H-12h), deux jours de travail l’après midi (12h-20h), deux jours de travail la nuit (20h-4h) et un jour et demi de repos. Une organisation du travail inhumaine. Les travailleurs refusent, et le patronat prend prétexte pour entamer la fermeture de l’usine, alors que la production est dans les faits reportée dans ses usines d’Europe de l’Est. Une délocalisation qui ne dit pas son nom et pour laquelle la multinationale ne veut pas payer les indemnités aux ouvriers dont elle ferme l’usine. Une délocalisation dont sont complices les gouvernements Sarkozy, Hollande-Macron.
Quatre ans plus tard sur les 1143 ouvriers licenciés, 700 sont toujours au chômage et seulement 120 ont retrouvé un emploi en CDI. 12 ouvriers sont morts, dont 9 ont mis fin à leurs jours.
Ce que chacun sait, et il sera difficile de l’ignorer pendant le procès, c’est que la vraie raison de la fermeture de l’usine Amiens Nord, usine sans aucun doute rentable, c’est que Goodyear a, de fait, délocalisé – grâce à l’euro et à l’Union Européenne – la production dans ses usines à très bas salaires des pays de l’Est, pour gonfler encore plus ses milliards d’euros de profit. Face aux profits de la classe capitaliste, la vie de centaines de familles d’ouvriers ne vaut rien.
La parole à Mickael Wamen, CGT Goodyear Amiens Nord
Procès Goodyear : l’indéfendable fermeture de l’usine d’Amiens Nord alors que la multinationale réalise des milliards de bénéfices !
Face aux évidences des faits, l’avocat de la multinationale Joel Grangé aura paru ridicule plus qu’à son tour durant l’audience. L’avocat des ouvriers de Goodyear, Me Fiodor Rilov l’a ainsi mis en difficulté sérieuse en l’interrogeant sur la question de la dette du groupe. Il faut rappeler que c’est cet argument qui avait servi à justifier les 843 licenciements économiques. Pourtant, Goodyear est resté muet quand il s’est agit de préciser la part de la dette que représentait Goodyear France et l’usine d’Amiens dans l’endettement du groupe. Même silence lorsqu’il s’est agit de justifier factuellement en quoi la fermeture de l’usine d’Amiens Nord aurait permis d’améliorer la question de la dette du groupe.
Ce n’est pas seulement aux questions de l’avocat des salariés que le groupe à refusé de répondre mais également à celle du tribunal. De manière grossière, l’avocat de la multinationale a renvoyé à un arrêt de la cour de cassation – inique – qui stipule que le patron est ssouverain en la matière pour refuser de répondre à la question de la présidente du tribunal Mme Danjou qui lui demandait de donner les raisons du choix du site d’Amiens pour la fermeture.
Justice de classe : selon que vous serez ouvrier ou patron…
Le tribunal a renvoyé son jugement après un délibéré au 16 mai prochain. Autant dire une éternité pour les centaines d’ouvriers au chômage qui, pour la quasi totalité de ceux qui n’ont pu accéder à la retraite, vont se retrouver en fin de droits alors qu’il n’y a aucun emploi dans une région sinistrée par les fermetures d’usine.
Le calendrier de ce procès est une preuve supplémentaire d’une justice de classe dure avec les ouvriers, faible et lente avec ses maîtres capitalistes. Alors que l’usine a fermé ses portes en 2014, le procès vient seulement de s’ouvrir. Et ce n’est que la première instance, puisque la multinationale n’a pas caché que si elle était condamnée, elle ferait durer au maximum ses possibilités de recours pour ne rien payer aux ouvriers victimes. Une lenteur à comparer avec la précipitation mise par le ministère public – c’est à dire le gouvernement- pour faire juger et rejuger les 8 syndicalistes de Goodyear afin de les faire condamner pour la « sequestration de deux cadres de l’usine » en réalité la retenu de ces deux dirigeants dans le cadre d’une action revendicative contre la fermeture de l’usine. Ces derniers ont été condamnés jusqu’à 12 mois de prison avec sursis et de lourdes amendes. Pendant ce temps, alors que la fermeture de l’usine a condamné à la misère des centaines de famille, poussant des hommes au suicide, les coupables de cette fermeture, de cette délocalisation vivent tranquilles. L’injustice du système capitaliste c’est aussi son injustice de classe
JBC pour www.initiative-communiste.fr
Une nouvelle terrifiante …
Ce jour, j’apprends qu’un collègue, un ami de lutte s’est donné la mort par pendaison hier à son domicile …
Jean René, etait comme bcp un mec super, gentil, souriant, bosseur avant que cette putain de Maladie causée par la manipulation de produits chimiques ne lui détruisent petit à petit la peau des mains ..
Je n’ai pas de mot face à cette enième nouvelle terrible, faut il être à bout pour se donner la mort en laissant deux enfants derrière ….
Putain de fermeture d’usine qui embarquent nos potes, nos collègues, nos amis, nos frères, goodyear et ses actionnaires de merde portent une très lourde responsabilité dans ses drames …
Chaque fermeture d’usine est un drame, nous n’avons cessé de le dire y compris aux politicards qui n’en ont rien à battre, à part des promesses électorales à la con nous n’avons jamais pu compter que sur nous même …
Un ex goodyear s’est suicidé hier, l’arrivée vers le RSA n’arrange rien dans des situations où la perte de son emploi et une partie importante de son identité sociale ne sont que plus douloureuses et engendrent dans énormément de cas d’autres problèmes dans la vie privée !!!
Perdre son boulot c’est perdre la moitié de sa vie et quand le reste de la vie est polluée par la perte de son emploi, voilà où cela mène …,
Rien ne justifie la fermeture de notre usine et c’est d’autant plus difficile à digérer, je me souviens quand jean René passait au local nous expliquer ses soucis de santé, nous passions avec lui du temps pour le réconforter et ses collègues en faisaient de même, le jour où l’usine a fermée, il a gardé ses soucis mais perdu le soutien si important dans ses moments là ….
Jean René n’est hélas pas le seul à nous avoir quitté depuis cette putain de fermeture d’usine, celle ci a été un drame pour nos vies dans une région où il n’y a plus rien car les multinationales jouent avec la vie des gens comme les actionnaires avec le fric …
Rien ne peut justifier un passage à l’acte sauf le désespoir et le sentiment que c’est mieux ainsi, une chose est certaine nos ex collègues, amis, frères seraient encore de ce monde si goodyear n’avait pas était aussi violent avec les salariés et que nous avions encore nos emplois !!!!
C’est cela la mondialisation prônée par le Banquier qui vient d’accéder au pouvoir, laisser des centaines de milliers de citoyens sur le carreau, leur fric pue la mort, le désespoir et la colère….
Nous devons nous recentrer sur ce que nous avons de plus chère, nos familles, nos enfants, nos amis, car même si la situation est douloureuse et difficile à vivre nous devons vivre ou survivre car quoi que l’on on en pense elle est belle cette putain de vie même si parfois elle est grave difficile à accepter….
Toutes mes pensées vont aux enfants de mon pote jean René et toute ma colère à celles et ceux qui se sont acharnés à nous virer comme des chiens et à celles et ceux qui n’ont rien fait pour éviter ce drame social et humain ….,
Plus que jamais mon combat sera dans la rue aux côtés de celles et ceux qui souffrent et créent cette politique ultraliberale menée contre des millions de citoyens, notre réveil doit être rapide et dans l’unité la plus large, ne laissons plus des actionnaires et des vendus qui accèdent au pouvoir jouer avec nos vies et celles de nos familles!!!!
Fait chier d’apprendre cette nouvelle terrifiante, putain on se dit toujours que l’on a raté quelques chose ou que l’on aurait pû appeler ou essayer de trouver une solution mais cette fermeture nous a amené à être chacune et chacun de nos côtés, pas simple alors d’épauler les autres dans ces conditions….
Dégouté et en colère, plus que jamais combattre les injustices sera une de mes raisons de
Vivre ‘!!!!!MIckael