
Alors que les occasions d’interventions humanitaires ne manquent pas partout dans le monde, et ne vont que se multiplier du fait du chaos militaire et économique provoqué par le comportement jusqu’au-boutiste de la Maison Blanche, il faudra en rajouter une autre de toute urgence : financer des livraisons d’oreillers et de duvets aux pauvres États-Uniens.
C’est en début d’année qu’Ikea a sorti son étude sur les habitudes internationales de sommeil, basée sur les questionnaires de 55 000 personnes à travers le monde. Au lieu d’une approche simpliste qui compterait bêtement les heures de sommeil (rappelons que la quantité de sommeil ne préjuge pas du tout de la qualité du sommeil), l’étude établit un score global incluant le temps de sommeil, le délai avant endormissement, les réveils nocturnes, l’appréciation générale sur son sommeil, et la sensation de repos au réveil.
Un sommeil de qualité, base de la prospérité et de l’innovation ?
Et le bilan n’est pas glorieux. A l’encontre des préjugés bourgeois d’un Macron qui pense que le sommeil est une perte de temps et qu’il vaut mieux dormir le moins possible pour travailler tout le temps et “innover” dans la “start-up nation”, il semblerait que le pays qui soit aujourd’hui le plus innovant au monde (meneur dans 57 technologies clé sur 64), la République populaire de Chine, soit également celui qui dort le moins bien… Ah non, j‘avais mal lu, c’est celui qui dort le mieux, et de loin: 82% des Chinois se sentent rarement fatigués au réveil.
Parmi les pays les moins bien notés, on retrouve des fleurons d’innovation, comme la Norvège, les États-Unis d’Amérique, la Suède, l’Irlande, l’Australie, le Canada, le Royaume-Uni, et la Corée du Sud. Parmi les innovations majeures, on peut noter celle de la République Non Populaire et Non Démocratique de Corée (Corée du Sud) qui a trouvé le moyen de se faire passer pour une démocratie alors qu’elle n’a virtuellement plus de limites dans le maximum de temps de travail, et ce tout en parvenant à faire croire que les esclavagistes sont de l’autre côté de la frontière nord. Chapeau bas !
Notons aussi l’innovation majeure des États-Unis d’Amérique : arriver à transformer les impôts des riches en impôts sur la consommation des pauvres et arriver à leur faire accepter, en leur disant que ça va leur donner du travail et en appelant ça des “tarifs douaniers”. Magistral !
Quant aux autres ils n’ont rien inventé, mais promis, c’est pour l’année prochaine ! Ayez un peu foi dans les augures de votre président jupitérien, bande de Français réfractaires.
Une épidémie sous le tapis
L’épidémie de troubles du sommeil concentre toutes les contradictions du système de soins capitaliste. Alors que la recherche connaît pertinemment les effets lourds d’un mauvais sommeil sur les maladies cardiovasculaires, en augmentant l’hypertension, le diabète, l’obésité, en réduisant les hormones de satiété, sur les maladies psychiatriques, sur les maladies neurodégénératives, sur les maladies inflammatoires, l’ampleur du phénomène est parfaitement ignorée des médias dominants et des pouvoirs publics. Ce n’est même pas enseigné en faculté de médecine (je sais de quoi je parle !), à part si un formateur décide d’en parler un peu en passant.
Pourquoi ? Parce-que dans le mode de production capitaliste, le système de santé n’est réduit qu’au rang de superstructure, c’est à dire de support servile. Le système de soins capitaliste est permis de soigner les travailleurs, c’est à dire d’entretenir le capital variable pour permettre la poursuite du procès de production de valeur, et si possible mieux vaut qu’il le fasse en maximisant la production de valeur dans le procès même de reproduction de la force de travail par le soin (en rendant les traitements chers par exemple), mais il n’a aucun droit pour intervenir dans le procès de production capitaliste et altérer son fonctionnement. La société bourgeoise a besoin de gens qui travaillent, qui travaillent dur, qui travaillent beaucoup, et pour ce faire, elle a besoin d’une culture de mépris du sommeil et du repos. Elle doit glorifier le sacrifice de la santé individuelle au profit de la production de valeur, les médecins n’auront qu’à s’occuper des dégâts.
A lire : Pour la Journée mondiale de la Santé, décidons enfin pour notre santé !
Il n’y a que cette analyse qui permet de voir avec clarté ce qu’est son développement le plus avancé et notre horizon : le système de soins Etats-Unien, hors de prix, spéculateur, incapable du moindre effort préventif en dehors d’un petit encart “ne mangez pas gras, salé, sucré” implanté dans les immenses publicités où tout le reste de l’écran crie “mangez gras, salé, sucré”, dont le système d’assurance privé est connu pour ses protocoles destinés à refuser le remboursement des patients, les laissant choisir entre vendre la maison et vendre un rein. De l’autre côté de l’océan Pacifique, ces dormeurs de Chinois n’ont pas ce problème, puisqu’ils bénéficient d’une solide assurance maladie publique, totalement non innovante puisque les Français en ont déjà une, dont nous fêtons les 80 ans ce 19 octobre 2025.
Quand les capitaux ne développent plus les forces productives
Tout le paradoxe persiste dans cette étrange formule : alors que le capital bancaire est supposé centraliser l’investissement de capital, destiné dans le capitalisme à être réinjecté dans la production, seule productrice de valeur, pour développer encore la production et par ce biais les forces productives, il semble que le fonctionnement du système économique états-unien soit comme en panne. Car malgré les volumes titanesques de capital financier injectés dans la production là où les perspectives de développement semblent les plus prometteuses, tout prend l’air d’un immense gâchis gazeux dans le pays de l’Oncle Sam. C’est ainsi qu’on a vu le petit Deepseek chinois, publié en code ouvert et ayant coûté 5,6 millions de dollars, mettre dès sa sortie et par ses performances une gifle si humiliante au mastodonte états-unien ChatGPT que les marchés boursiers se sont effondrés de mille milliards de dollars de capitalisation, dont 589 milliards de dollars pour le géant Nvidia, éclatant une véritable bulle de l’IA comparée par beaucoup à un “moment Spoutnik”, en référence à l’humiliation planétaire que les Soviétiques ont infligé aux dirigeants états-uniens après avoir envoyé le premier satellite spatial en orbite au-dessus de leurs grosses têtes clouées au sol.
Alors que les marchés financiers états-uniens, qui représentaient 60% de la capitalisation boursière mondiale en 2024, semblent incapables de produire de réelles avancées, y compris dans le domaine de la santé, l’économie chinoise, avec son système financier rabougri et ses monopoles d’État dans les secteurs clef (tout le monde sait que les entreprises nationalisées sont improductives et qu’il veut mieux tout privatiser, c’est Macron qui l’a dit, en répétant ainsi les directives fixées par l’Union européenne des capitalistes…), montre au monde comment il faut s‘y prendre et réussit le premier traitement par cellules souches contre le diabète de type 1, découvre une opération chirurgicale prometteuse contre la maladie d‘Alzheimer, fabrique une prothèse de main révolutionnaire par sa précision et invente un booster de vaccin qui multiplie par 150 l‘efficacité antitumorale et antivirale. Une histoire à dormir debout !
Il est temps de remettre les pieds sur terre
Parce-que si les États-Unis sont le pays avec les marchés financiers les plus inefficaces, ils sont également le pays avec le sommeil le plus perturbé d’après le rapport Ikea. Pourtant, si les États-Unis se retournent dans leur lit, c’est le monde qui est en plein cauchemar. Alors il est temps de sortir du rêve Américain et de remettre les pieds sur terre, de mettre un terme aux illusions d’un Trump, qui se rêve grand de nouveau, d’un Macron, qui se rêve Napoléon, d’une Le Pen, qui se rêve persécutée, d’une UE, qui se rêve démocratique, d’une OTAN, qui se rêve assiégée, et d’une bourgeoisie, qui se rêve régner encore mille ans. Parce-que dans le monde réel, le mode de production capitaliste est en crise depuis 1914, les forces productives sont noyées sous la multiplication des forces destructrices, l’humanité est une nouvelle fois menacée d’extermination alors qu’elle pensait ne plus l’être depuis 1945, et les peuples ont quelques mots à dire à nos marchands de sommeil.
Attention à la gueule de bois.
Antoine, médecin – Commission Santé
Diffusez les anticorps pour défendre notre santé [ Tract ]
i ]/https://www.ikea.com/global/en/images/IKEA_Sleep_Report_2025_2501130_v3_9d5522d745.pdf
iii ]https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC10754327
iv ]https://www.cleiss.fr/docs/regimes/regime_chine.html
vi ]https://www.bilan.ch/story/finance-la-puissance-boursiere-des-etats-unis-610726269636
viii ]https://decrypt.co/293229/chinese-scientists-novel-alzheimers-surgery
ix ]https://www.chinadaily.com.cn/a/202502/06/WS67a407d4a310a2ab06eaa5c9.html