Un mardi de colère, c’est l’appel lancé par les syndicats lycéens pour obtenir le rétablissement du bac national – un même diplôme quelque soit le lycée dans toute la France donnant une égalité de droit et de salaire – le retrait de la réforme du lycée qui institue un lycée à plusieurs vitesses particulièrement discriminant pour les quartiers populaires et le retrait de la loi ORE, Parcoursup qui a installé la sélection à l’entrée à l’Université.
Au moment où Macron croit désamorcer la légitime colère populaire à coup de poudre de perlimpinpin qui ne peut pas masquer qu’il refuse d’augmenter le SMIC et les salaires mais continue de distribuer des milliards pris aux travailleurs aux milliardaires, la jeunesse peut et doit passer à l’action. C’est son avenir qui est en jeu.
Initiative-communiste et les JRCF sont allés à la rencontre des lycéens d’Avranches qui ont bloqués pendant trois jours le lycée Littré.
Du 3 au 5 novembre des lycéens et lycéennes d’Avranches, comme dans 200 établissements partout en France, ont bloqué les entrées du lycée Littré afin de protester contre la réforme Blanquer, la casse de l’éducation nationale par la loi ORE, mais également contre le système Parcoursup et le projet «Choose France» (ou «Bienvenue en France») qui vise à multiplier par dix les frais de scolarité des étudiants étrangers extra-UE. Conscient des enjeux de leur époque ils appellent également à une sensibilisation, dès le plus jeune âge, aux questions liés à l’écologie.
Réforme du Bac et du lycée, Parcoursup = stratégie de sélection et de concurrence pour privatiser l’éducation nationale
Les élèves mobilisés, qui tiennent au caractère apolitique de leur mouvement, dénoncent cette refonte globale de l’éducation menée par le gouvernement Macron. Leur lycée, comme beaucoup d’autres en campagne et dans les petites villes, va se voir de plus en plus dévalorisé par le système de sélection à l’entrée de l’université (Parcoursup), ce dernier mettant en avant les établissements des métropoles ayant les moyens de se hisser en haut du panier et de proposer un maximum de filières et d’options ainsi que de bonnes conditions de travail.
Une véritable concurrence entre établissements et académies risque ainsi de voir le jour. Cette logique mettra à terre l’égalité républicaine sur tout le territoire qui admet qu’un ou une lycéenne de campagne a les mêmes chances que ceux et celles des grandes villes. A partir de là, si l’on vient d’un lycée de campagne ou de quartiers populaires, moins bien «équipé» en filières et en options qu’un lycée plus avantagé, on aura moins de chances que d’autres d’accéder aux études supérieurs que l’on souhaite faire.
Les élèves du Littré l’ont bien compris et dénoncent cette sélection sociale qui promeut, in fine, l’éducation secondaire et universitaire de qualité pour les élèves de familles aisés et une éducation publique délester, sous prétexte d’économies, de tout moyen financier et humains pour les plus pauvres.
La casse du bac, préalable à la casse des conventions collectives et des salaires
La réforme (nous préférons « casse ») du BAC général et national est également un sujet très important pour eux. Celle ci impactera les élèves qui sont actuellement en classe de seconde. Ils dénoncent le manque d’éclaircissement, tant pour les élèves que pour les professeurs qui naviguent à ce sujet en plein brouillard, sur l’application technique de ce projet.
Ce qui est sûr, c’est que les séries générales S-ES-L ne seront plus à l’ordre du jour et seront remplacées par des « spécialités » telles que «arts/ écologie, agronomie et territoires/ histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques/ humanités, littérature et philosophie / langues et littératures étrangères/ mathématiques etc».
Comme le font bien remarquer les élèves du lycée Littré d’Avranches, on se dirige tout droit vers une individualisation du cursus scolaire. Fini le BAC général qui est, il faut le rappeler, le socle national des conventions collectives de tous les travailleurs et donc LA référence pour l’application des salaires dans notre pays. Aux vues de l’orientation politique du gouvernement on ne peut que constater quel est le but final de la casse du BAC général et national : donner carte blanche aux employeurs pour renégocier les salaires des travailleurs à la baisse.
Car l’individualisation des parcours, tant pour les élèves que pour les salariés, qui est le mot d’ordre du gouvernement Macron et de l’UE, si mielleux qu’il soit, ne cache que la destruction de l’unité et de l’indivisibilité de la République qui fait que les citoyens, jeunes ou moins jeunes, de Bretagne ou de Corse, d’Alsace ou du Midi, répondent des mêmes lois, des mêmes avantages, des mêmes devoirs et surtout des mêmes droits !
Si le blocage a été levé, leur mobilisation ne va pas s’arrêter là et, au vue du climat social insurrectionnel qui règne désormais en France, on peut espérer que les revendications pour une éducation nationale de qualité et pour toutes et tous, que nous réclamons sans cesse, reviendront rapidement au premier plan de la contestation. Il en va de l’avenir de la jeunesse et des citoyens et travailleurs de demain !