Toujours mobilisés pour le retrait de la réforme du collège, A l’appel des syndicat du second degré (SNES et SNEP mais également FO, CGT, SUD) les enseignants sont en grève le 8 septembre. Une manifestation est organisé à Paris au départ de la Sorbonne
Le PRCF et notamment son secteur lutte et sa commission éducation adresse un « vif message de soutien aux enseignants qui se battent là pour l’avenir des enfants et du pays, contre ce qu’il faut bien appeler l’euro destruction de l’Education Nationale ».
@SNESFSU #reformeducollege soutien aux enseignants qui se battent pour l’avenir des enfants et du pays, contre l’euro destruction de l’EN
— PRCF (@PRCF_) 8 septembre 2016
Une destruction méthodique dont la réforme du collège est une nouvelle étape s’inscrivant à la suite des agressions précédentes (plan allègre, réforme du collège de S Royal, plan Fillon, Loi Darcos,réforme du Lycée (plan Chatel), réforme Peillon …près d’une dizaines de réformes en moins de 20 ans) qui reprennent toutes les mêmes recettes dont on sait pertinemment qu’elles aggravent à chaque fois la situation des élèves et des enseignants. Avec pour seul effet – voulu – de faire gonfler les effectifs des officines privées et renforcer la ségrégation avec un système éducatif à plusieurs vitesses. Ces différentes contre-réformes résultent toutes de la même déclinaison des ordres de l’Union Européenne, en particulier de la bien connu « stratégie de Lisbonne » censée mettre en place une « économie compétitive de la connaissance », c’est à dire procéder à la privatisation et la libéralisation de l’enseignement, à l’exclusion des travailleurs du système éducatifs. Il est d’ailleurs édifiant que la ministre actuelle de l’éducation N Vallaud Belkacem s’insurge ces derniers jours contre la « mixité sociale » au collège.
75% des collèges contre la réforme du collège d’après le principal syndicat des principaux de collèges
L’opposition à la réforme du collège – comme celle à la Loi Travail – reste massive malgré le vote de la loi. Comme en témoigne le principal syndicat des principaux de collèges qui estime à plus de 75% le nombre d’établissement vent debout contre la réforme. A tel point que c’est par la menace et le chantage – en déployant des bataillons disciplinaires d’inspecteurs et de chefs d’établissement – que la ministre essaye de déployer une réforme totalement catastrophique. Le ministère a ainsi en violation grossière de la loi (ce fichage reposant sur des entretien individuels et un fichage des grévistes du 17 septembre 2015) et de la constitution fait procéder à un fichage des enseignant – sans aucun doute pour mieux discriminer les syndicalistes et les opposants – classés en trois catégories :
- « opposants, rebelles, hostiles, irréductibles »
- « attentistes, passifs, indifférents, indécis »
- « progressistes, proactifs, convaincus, avocats, relais »
les « opposants, rebelles, hostiles et irréductibles » devant par tous les moyens être brisés ! totalitaire vous avez dit ? Face au scandale, la ministre a fait porté le chapeau à un inspecteur lampiste (preuve s’il en est que les gardes chiourmes qui pensent sauver leur peau en dénonçant leurs collègues feront également partie de la charrette ensuite !). C’est dans ce contexte ultra répressif que se déroule la mobilisation des enseignants.
Ce mouvement de grève dès la première semaine de la rentrée démontre la forte combativité des syndicats et avec eux des enseignants et la mobilisation – dans un contexte de rentrée ne permettant pas à tous les professeurs de faire grève – de plus d’un professeur sur dix dans les collèges montre que l’opposition à la réforme du collège demeurent très large au sein du corps enseignant.
Déséduquer la Nation, casser l’école et le pays : voici le résultat des directives de l’UE du Capital
Casser l’Education Nationale, éteindre l’esprit des Lumières, dissoudre en douceur la République elle-même, le nom des ministres change, mais la politique de casse sociale et éducative se poursuit, tandis que les inégalités scolaires et la souffrance au travail des personnels explosent. Ainsi, depuis des années, les contre-réformes d’esprit néolibéral (parfois camouflées sous un verbiage « de gauche ») se succèdent dans l’Education de moins en moins nationale :
- Destruction du mouvement national des professeurs par Allègre et loi d’orientation Jospin-(réduction des horaires de maths, français, LV1, passages automatiques pseudo-démocratiques…)
- Régionalisation des TOS et lourdes décotes sur nos pensions de retraite par Fillon et Luc Ferry (2003) en application des Accords européens de Barcelone
- Loi LRU d’autonomie et de mise en concurrence des Universités (Pécresse), renforcée par la Loi Fioraso avec en prime le désétablissement rampant du français comme langue officielle de l’Université ;
- Contre-réformes Châtel-Darcos du lycée et du bac professionnel.
- Pseudo- « Rythmes scolaires » dans l’Ecole primaire aggravant le caractère local de l’enseignement élémentaire
- Casse de l’éducation prioritaire par Mme Vallaud-Belkacem.
- Décret Hamon-Peillon détruisant le Statuts des personnels…
- Blocage des traitements des fonctionnaires depuis 2008 au nom de l’euro, des « critères de convergence » et du remboursement de la « dette souveraine » (sic) ; réduction des pensions de retraite ;
Cela fait des années que les mêmes ingrédients vénéneux sont instillés au système éducatif français: fragilisation des statuts, développement du pilotage local et de la concurrence entre établissements, introduction du « new public management », appauvrissement des contenus et formatage idéologique des élèves (européisme obligatoire, « culture de l’entreprise » exigée par le MEDEF, anticommunisme amalgamant le Troisième Reich au pays de Stalingrad…), le tout dans un contexte d’austérité et de suppressions massives de postes (en une dizaine d’années, un plan social de plus de 100 000 postes a touché le secteur éducatif).
Au cœur des politiques (anti-)éducatives se trouve la stratégie de Lisbonne définie par l’Union européenne et qui programme l’application stricte des ambitions du grand patronat européen pour l’école telles que définies par l’UNICE (le MEDEF européen), Berlin se permettant même désormais, par la voix du ministre Schäuble, d’appeler à « réformer la France de force »…
La contre-réforme du collège signée par la Young Leader N. Vallaud-Belkacem s’inscrit dans cette génétique patronale : casse des programmes nationaux, pouvoirs accrus pour les chefs d’établissement, disciplines dévaluées, refus de fait de soutenir les enseignants victimes d’incivilités, attaque contre la langue française sous couvert d’éviction des langues anciennes et de promotion du tout-anglais aux dépens des autres LV, alourdissement de la charge de travail des personnels tandis que les programmes réduisent les exigences au socle commun et que les « compétences » assimilent de plus en plus l’Education à une vaste entreprise de dressage des classes populaires : on est aux antipodes des objectifs assignés par le C.N.R. et par le plan Langevin-Wallon qui prônait « la possibilité effective, pour les enfants français, de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée ».
Ainsi, Mme Vallaud-Belkacem, s’apprête-t-elle à parachever la casse de l’égalité républicaine en oubliant qu’avant la Fondation franco-américaine dont elle a bénéficié et l’accès à l’entre-soi doré de Sciences po et des ministères, c’est dans les écoles élémentaires publiques et les collèges ZEP des quartiers d’Abbeville et d’Amiens que l’on nommait populaires il y a peu et que l’on appelle maintenant déshérités, que l’ascenseur social républicain s’était mis en marche pour elle.
Si la colère est grande parmi les enseignants du second degré, c’est qu’ils perçoivent que derrière la novlangue des gouvernements qui font le contraire de ce qu’ils disent (« sauver les retraites », « Europe sociale », « réussite de tous les élèves »…), la casse de l’Education Nationale connaît ici une étape décisive, et derrière elle, celle des idéaux hérités des Lumières, de la Révolution française, de la Commune de Paris et du Front populaire…
Derrière l’interdisciplinarité au rabais (une vraie interdisciplinarité supposerait des disciplines fortes et du temps pour se concerter), derrière l’aide individualisée et la pédagogie du projet, c’est bien la diminution du nombre d’heures d’enseignement, la baisse du niveau d’exigence scolaire, l’augmentation du nombre d’élèves par classe et à terme l’échec et la déscolarisation pour les enfants en premier lieu desquels se trouvent les plus fragiles socialement… avec la fuite organisée des couches moyennes vers le privé !
Il faut tout faire pour que la mobilisation grandissante des enseignants débouche enfin sur un succès. Pour cela, il faudra construire une lutte durable et massive appuyée sur la conscience que se joue là l’avenir de la Nation et que s’y retrouvent les mêmes éléments que partout ailleurs : Hôpital et santé, transports, culture, industries (une école a minima correspond à un pays financiarisé, sans industrie ni avenir, et à la volonté de créer des générations de salariés précaires et interchangeables), droit du travail, libertés publiques… C’est tout le pays, et en particulier, ses classes populaires et une large partie de ses couches moyennes, qui passe à la moulinette dans le cadre de l’« Union transatlantique » chère à Washington… avec la totale complicité du Parti Maastrichtien Unique (PS et UMP). Seuls bénéficiaires de l’opération : l’U.E. du capital et son fascisant exutoire xénophobe, le prétendu Front « national », usurpateur du nom glorieux de l’organisation de Résistance animée par le PCF clandestin…
Pour battre l’UE et Valls-MEDEF, il faut mettre en cause tous ensemble et en même temps cette politique qui sacrifie le grand nombre à la « liberté » du capital d’abrutir et de surexploiter la jeunesse. Primaire, secondaire, professionnel, supérieur, convergeons contre la casse scolaire et sociale
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