Pour le service public ferroviaire, pour les usagers et pour les droits collectifs des travailleurs, mobilisés massivement durant tout le printemps et l’été 2018, les cheminots poursuivent la lutte contre la privatisation de la SNCF imposées par les directives européennes déclinées avec zèle dans la loi de réforme ferroviaire par le régime Macron. Le 18 septembre prochain une nouvelle journée d’action est lancée par la CGT cheminots.
A la fête de l’Huma, sur le stand du PRCF, vous pourrez débattre avec Laurent Brun (CGT cheminot) et d’autres syndicalistes lors d’un débat samedi 15 sept. après midi.
Retrouvez le grand entretien d’Initiative Communiste avec Laurent Brun secrétaire général de la CGT Cheminot : cliquez ici
Initiative Communiste journal du PRCF donne la parole aux cheminots avec un entretien avec Marie, Cheminote en lutte. Compte tenu de l’intense répression anti syndicale et anti sociale lancée par la direction de la SNCF, son prénom a du être changé.
Rencontre avec Marie1, cheminote en lutte
IC : Quel âge as-tu ? Quel métier exerces-tu à la SNCF ?
J’ai 25 ans et je suis conductrice à la SNCF depuis 3 ans.
Tu es syndiquée ? Depuis quand ?
J’ai pris ma carte à SUD lors du conflit de 2016 contre la loi travail et la réforme ferroviaire.
Pour quelles raisons es-tu partie en grève ?
Pour le retrait du Pacte ferroviaire qui est une attaque de plus contre les travailleurs du rail : la troisième en 5 ans !
As-tu suivi le calendrier de l’intersyndical ?
J’ai été en grève chaque jour du calendrier bien sûr, mais également en grève reconductible.
Pourquoi ?
Je n’ai pas cru possible d’avoir un vrai rapport de force avec cette stratégie nous appelant à lutter deux jours puis à en travailler trois. Présentée comme un compromis permettant une alliance entre les syndicats dits « réformistes » et les syndicats dits « de lutte », l’unité syndicale, tant défendue par nos représentants syndicaux a, au contraire, isolé les grévistes !
Vous étiez nombreux à suivre cette modalité de grève reconductible ?
Nous étions peu en grève reconductible, mais plus nombreux à la défendre comme seule stratégie gagnante dans les AG. Être en grève chaque jour nous a permis de militer, d’organiser des actions et surtout de tourner dans les chantiers pour maintenir et élargir la mobilisation.
On a beaucoup entendu l’expression « convergence des luttes », ça signifie quoi pour toi ?
Les attaques subies à la SNCF font partie d’attaques contre le monde du travail. Les réformes qui nous concernent aujourd’hui ont touché d’autres secteurs avant nous et sont prévues pour d’autres secteurs après nous ! Lorsque l’on prend conscience que nous sommes mis en concurrence entre travailleurs pour nous faire accepter tous les reculs, il faut se battre ensemble et non se résigner !
Quel est ton moins bon souvenir de cette grève ?
La reprise, évidemment ! Difficile de retourner travailler sans avoir obtenu la victoire et d’essuyer les remarques sarcastiques de non-grévistes ou de représentants de la Direction… mais c’est un passage nécessaire pour construire la suite de nos luttes : il faut reprendre les débats avec ceux qui n’ont pas cru possible de pouvoir s’opposer à ceux qui nous exploitent.
Et le meilleur ?
J’ai beaucoup trop de bons souvenirs pour en choisir un seul ! Les meilleurs souvenirs resteront assurément les rencontres avec les autres secteurs en luttes. Ça a permis à bon nombre d’entre nous de s’ouvrir et sortir des revendications catégorielles. Et les liens qu’on a construits serviront les prochaines luttes.
Comment as-tu perçu la solidarité exprimée durant cette bataille ?
Nous avons eu beaucoup de dons. Moralement c’est essentiel, on a besoin de savoir si nous sommes soutenus ou non. Si les mensonges répandus sur les privilèges des nantis passent ou ne passent pas. Lorsque l’on voit tout ce que les gens ont pu donner, on sait qu’on doit continuer. Bien sûr j’aurais préféré la convergence, car parmi ceux qui ont rempli la caisse de grève, la majorité avait au moins autant de raison que nous de se battre !
On parle de répression post-grève, tu peux nous en dire plus ?
On a des sanctions dans chaque région, quelle que soit l’étiquette syndicale. Des sanctions lourdes, la plupart simplement pour avoir participé à des piquets de grève ! L’entreprise a peur des prises de conscience et d’émancipation. Elle cherche aujourd’hui à mater ceux qui ont osé dire non pour faire taire les contestations à venir. Elle n’hésite pas à lancer des procédures sans fondement contre les grévistes alors qu’elle-même a été condamnée pour prélèvements illégaux de jours de grève durant le conflit !
Comment vois-tu la suite des combats à la SNCF ? On annonce une réforme des retraites, par exemple, des attaques contre la Sécu… les cheminots seront dans la lutte ?
Les pertes financières sont encore douloureuses et c’est bien pour ça que le gouvernement souhaite accélérer les contres-réformes mais nous avons beaucoup plus à perdre sur les retraites et l’accès aux soins que quelques mois de salaires. Et puis nous sommes tous directement concernés ! Les cheminots seront évidemment dans la lutte et nous seront mobilisés dès le 9 octobre dans les manifestations interprofessionnelles.
Peut-être une grande leçon de cette grève de 3 mois ?
Que l’unité syndicale ne fait pas tout! Et qu’il est possible de créer l’unité parmi les grévistes mêmes si les fédérations n’y parviennent pas. Lors des rassemblements pour les collègues victimes de sanction, peu nous importait s’ils étaient syndiqués ou non. On devrait avoir la même logique dans les prochaines AG
1Le prénom a été modifié.