Ce 1er septembre, c’est la rentrée des classes. Une rentrée qui voit imposer par la force et contre l’ensemble du corps enseignant une funeste « réforme du collège » accompagné d’une nouvelle et nième réforme des programmes du CP à la 3e.
Ces « réformes » qui visent d’abord à réaliser des « économies » sur le dos de l’école et des enfants, et à favoriser la privatisation rampante de l’Education Nationale explosée en une école à plusieurs vitesses, celles menées par Najat Valaud Belkacem dans la continuité de celle de Peillon, Allègre, Ferry et Cie ne sont que les déclinaisons des ordres données par l’Union Européenne et notamment la « Stratégie de Lisbonne » . Cette « stratégie » de libéralisation et privatisation de l’enseignement, et de liquidation de l’accès gratuit et pour tous et en particulier les fils et fille de la classe ouvrière à une école et un enseignement de qualité.
Face à cette casse de l’Education Nationale, les profs n’abandonnent pas la résistance, et c’est une rentrée sous tension qui se prépare. D’ores et déjà le SNES principal syndicat des professeurs du seconde degré appelle à la mobilisation, notamment pour stopper la réforme du collège, dès le 8 septembre. Gageons que les parents d’élèves sauront défendre leurs enfants en les rejoignant dans la lutte tous ensemble et en même temps
Des-éduquer la nation ? – Contre la réforme du collège …
Casser l’Education Nationale, éteindre l’esprit des Lumières, dissoudre en douceur la République elle-même, le nom des ministres change, mais la politique de casse sociale et éducative se poursuit, tandis que les inégalités scolaires et la souffrance au travail des personnels explosent. Ainsi, depuis des années, les contre-réformes d’esprit néolibéral (parfois camouflées sous un verbiage « de gauche ») se succèdent dans l’Education de moins en moins nationale :
- Destruction du mouvement national des professeurs par Allègre et loi d’orientation Jospin-(réduction des horaires de maths, français, LV1, passages automatiques pseudo-démocratiques…)
- Régionalisation des TOS et lourdes décotes sur nos pensions de retraite par Fillon et Luc Ferry (2003) en application des Accords européens de Barcelone
- Loi LRU d’autonomie et de mise en concurrence des Universités (Pécresse), renforcée par la Loi Fioraso avec en prime le désétablissement rampant du français comme langue officielle de l’Université ;
- Contre-réformes Châtel-Darcos du lycée et du bac professionnel.
- Pseudo- « Rythmes scolaires » dans l’Ecole primaire aggravant le caractère local de l’enseignement élémentaire
- Casse de l’éducation prioritaire par Mme Vallaud-Belkacem.
- Décret Hamon-Peillon détruisant le Statuts des personnels…
- Blocage des traitements des fonctionnaires depuis 2008 au nom de l’euro, des « critères de convergence » et du remboursement de la « dette souveraine » (sic) ; réduction des pensions de retraite ;
Cela fait des années que les mêmes ingrédients vénéneux sont instillés au système éducatif français: fragilisation des statuts, développement du pilotage local et de la concurrence entre établissements, introduction du « new public management », appauvrissement des contenus et formatage idéologique des élèves (européisme obligatoire, « culture de l’entreprise » exigée par le MEDEF, anticommunisme amalgamant le Troisième Reich au pays de Stalingrad…), le tout dans un contexte d’austérité et de suppressions massives de postes (en une dizaine d’années, un plan social de plus de 100 000 postes a touché le secteur éducatif).
Au cœur des politiques (anti-)éducatives se trouve la stratégie de Lisbonne définie par l’Union européenne et qui programme l’application stricte des ambitions du grand patronat européen pour l’école telles que définies par l’UNICE (le MEDEF européen), Berlin se permettant même désormais, par la voix du ministre Schäuble, d’appeler à « réformer la France de force »…
La contre-réforme du collège signée par la Young Leader N. Vallaud-Belkacem s’inscrit dans cette génétique patronale : casse des programmes nationaux, pouvoirs accrus pour les chefs d’établissement, disciplines dévaluées, refus de fait de soutenir les enseignants victimes d’incivilités, attaque contre la langue française sous couvert d’éviction des langues anciennes et de promotion du tout-anglais aux dépens des autres LV, alourdissement de la charge de travail des personnels tandis que les programmes réduisent les exigences au socle commun et que les « compétences » assimilent de plus en plus l’Education à une vaste entreprise de dressage des classes populaires : on est aux antipodes des objectifs assignés par le C.N.R. et par le plan Langevin-Wallon qui prônait « la possibilité effective, pour les enfants français, de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée ».
Ainsi, Mme Vallaud-Belkacem, s’apprête-t-elle à parachever la casse de l’égalité républicaine en oubliant qu’avant la Fondation franco-américaine dont elle a bénéficié et l’accès à l’entre-soi doré de Sciences po et des ministères, c’est dans les écoles élémentaires publiques et les collèges ZEP des quartiers d’Abbeville et d’Amiens que l’on nommait populaires il y a peu et que l’on appelle maintenant déshérités, que l’ascenseur social républicain s’était mis en marche pour elle.
Si la colère est grande parmi les enseignants du second degré, c’est qu’ils perçoivent que derrière la novlangue des gouvernements qui font le contraire de ce qu’ils disent (« sauver les retraites », « Europe sociale », « réussite de tous les élèves »…), la casse de l’Education Nationale connaît ici une étape décisive, et derrière elle, celle des idéaux hérités des Lumières, de la Révolution française, de la Commune de Paris et du Front populaire…
Derrière l’interdisciplinarité au rabais (une vraie interdisciplinarité supposerait des disciplines fortes et du temps pour se concerter), derrière l’aide individualisée et la pédagogie du projet, c’est bien la diminution du nombre d’heures d’enseignement, la baisse du niveau d’exigence scolaire, l’augmentation du nombre d’élèves par classe et à terme l’échec et la déscolarisation pour les enfants en premier lieu desquels se trouvent les plus fragiles socialement… avec la fuite organisée des couches moyennes vers le privé !
Il faut tout faire pour que la mobilisation grandissante des enseignants débouche enfin sur un succès. Pour cela, il faudra construire une lutte durable et massive appuyée sur la conscience que se joue là l’avenir de la Nation et que s’y retrouvent les mêmes éléments que partout ailleurs : Hôpital et santé, transports, culture, industries (une école a minima correspond à un pays financiarisé, sans industrie ni avenir, et à la volonté de créer des générations de salariés précaires et interchangeables), droit du travail, libertés publiques… C’est tout le pays, et en particulier, ses classes populaires et une large partie de ses couches moyennes, qui passe à la moulinette dans le cadre de l’« Union transatlantique » chère à Washington… avec la totale complicité du Parti Maastrichtien Unique (PS et UMP). Seuls bénéficiaires de l’opération : l’U.E. du capital et son fascisant exutoire xénophobe, le prétendu Front « national », usurpateur du nom glorieux de l’organisation de Résistance animée par le PCF clandestin…
Pour battre l’UE et Valls-MEDEF, il faut mettre en cause tous ensemble et en même temps cette politique qui sacrifie le grand nombre à la « liberté » du capital d’abrutir et de surexploiter la jeunesse. Primaire, secondaire, professionnel, supérieur, convergeons contre la casse scolaire et sociale
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Ras-le-bol ! Tous en grève le 8 septembre
Réforme du collège, maintien de la réforme Châtel du lycée, accent mis sur l’autonomie, évaluation des élèves, procédures d’orientation… À travers ces mesures de gestion de flux d’élèves à moindre coût, le second degré est l’objet d’une réforme globale visant à en changer fondamentalement la conception, dans l’optique d’une organisation du système éducatif en un bloc école/collège suivi du bac-3 / bac+3. Dans le cadre de cette transformation, les métiers sont dévalorisés, les personnels niés dans leur expertise, le préjudice est grand pour les élèves notamment les plus en difficulté.
Le SNES-FSU, le SNEP-FSU, CGT, Sud, FO appellent à la grève le 8 septembre. La préparation de cette grève doit se faire dès maintenant et notamment lors des AG de rentrée.
Rentrée en résistance
Comme à chaque rentrée, le plaisir de retrouver collègues et élèves est là, ainsi que la volonté de bien faire nos métiers. Mais le contexte si particulier de crainte des attentats, de surenchère sécuritaire à laquelle ils donnent lieu et d’entêtement à poursuivre des réformes qui, de la loi Travail à collège2016, vont à l’encontre de l’intérêt général, donne à cette dernière rentrée du quinquennat une coloration particulière. Il sera toujours temps de faire un bilan exhaustif de ce quinquennat mais, à cette rentrée, le SNES-FSU appelle les personnels à résister.
Résister, c’est commencer par réaffirmer que nous voulons être partie prenante d’évolutions aptes à faire entrer tous les élèves dans une culture commune émancipatrice. Le temps de l’éducation est long, nécessite bilans et analyses sérieux loin des raccourcis de la communication vide.
Résister, c’est réaffirmer notre professionnalité et refuser d’appliquer des dispositifs vides de sens, en particulier en collège alors que doit s’appliquer la réforme.
Résister, c’est donc aussi s’engager dans la grève dès le 8 septembre à l’appel de l’intersyndicale du second degré :
- pour l’ouverture de discussions pour une autre réforme du collège et dans l’immédiat la possibilité de ne pas mettre en œuvre les dispositifs de la réforme collège2016 ;
- pour un bilan du fonctionnement des lycées qui permette l’ouverture de discussions sur ses objectifs pour les jeunes ;
- pour l’amélioration des conditions de travail (ouverture de classes en particulier au lycée, crédits manuels en collège, vie sccolaire etc.) ;
- pour une meilleure revalorisation des salaires et des carrières.
Bonne rentrée à toutes et à tous, pour un service public d’éducation de qualité et ambitieux pour tous les jeunes !
F Rollet secrétaire nationale du SNES