540 personnes interpellées en France dont 305 l’ont été à Paris, voilà les chiffres spectaculaires avancés par le ministère de l’Intérieur lors de la manifestation du 1er mai. Des arrestations massives qui s’ajoutent à celles menées depuis plusieurs semaines et tout particulièrement le 49.3 pour réprimer les manifestations, massives et populaires, s’opposant à la contre réforme des retraites imposée par l’Union Européenne du Capital. Au total, ce sont plusieurs milliers de citoyens qui ont ainsi été embastillés. Jetés en cellule pour 1 à 2 jours, dans ce que les institutions républicaines, constitutionnelles, en charge du contrôle de ces mesures de police, le Controleur général des lieux de privation de liberté ainsi que le Défenseur des droits, décrivent comme des arrestations arbitraires. Il s’agit d’évidence d’arrestations politiques ou pour reprendre les mots de la CGLPL « d’atteinte grave aux droits fondamentaux » et de « détention arbitraire », le tout sous couvert de consignes et d’ordres hiérarchiques donnés aux policiers. A la fois pour décourager le peuple de manifester en le terrorisant, mais aussi pour assurer un fichage de masse des manifestants.
Essayez la dictature claironnait Macron pour essayer de vendre sa loi fascisante « sécurité globale », il joint désormais ouvertement et chaque jour avec moins de limite et plus de morgue le geste à la parole.
C’est ce qu’illustre le témoignage d’un de nos camarades arbitrairement privé de liberté pour avoir participé à la manifestation du 1er mai à Paris.
A lire : le rapport de la contrôleur général des lieux de privation de liberté : Enquête sur les mesures de garde à vue prises dans le contexte des manifestations contre la réforme des retraites
Le 1er mai, un rassemblement était annoncé vers le quartier Opéra en début de soirée. Vers 20h45 un petit cortège spontané s’élance sur le Boulevard des Italiens. L’ambiance était joyeuse, les gens chantaient, riaient, contents de poursuivre l’ambiance du 1er mai au-delà de l’heure de la fin de la manifestation officielle. Il est très vite stoppé et le boulevard bloqué par les motards de la Brav-M et les CRS. Nous sommes nassés dans une impasse, les rires et les chants cessent. L’incompréhension règne parmi nous : nous n’avions pas marché plus de 5 minutes avant d’être bloqués, ce qui n’aurait pas laissé matériellement suffisamment de temps pour commettre de quelconques dégradations pouvant justifier l’intervention massive des forces de l’ordre. Des mineurs, des étudiants ou jeunes travailleurs, et quelques participants en Gilets Jaunes dans notre groupe, pour un total de 80 personnes environ, femmes et hommes mélangés. Au bout de 4 longues heures d’attente dans la nasse, on nous indique que nous allons être interpellés au motif de << rassemblement en groupe en vue de commettre des violences ou des dégradations >>, ce qui était étranger à l’état d’esprit du groupe, et absolument insultant pour chacun d’entre nous étant donné le calendrier et le seul motif de notre présence sur place : le 1er mai. Avec 13 autres manifestants, je suis conduit dans un commissariat de Sevran ; les commissariats parisiens étant sans doute déjà surpeuplés. Mon sentiment est que, de la même manière que le gouvernement a tenté d’interdire des casserolades qui risquaient de perturber la tranquillité du discours des ministres, notre arrestation avait pour but de rendre muette de manière préventive toute démarche ou parole politique, qui, ce lundi soir aurait été susceptible de porter ailleurs que dans le périmètre restreint de la manifestation, la contestation de la politique du gouvernement. Nous passerons donc la nuit et la journée du 2 mai enfermés en cellule et, après que nos empreintes et nos photos eussent été minutieusement enregistrées, nous serons finalement libérés vers 21h30, au terme de 24 heures d’une garde à vue tout à fait abusive. Sur les 13 interpellés, aucun n’aura de charge retenue contre lui, et je gage qu’il en va de même pour l’ensemble des 80 manifestants arrêtés. Mais après tout, peut-être devrais-je adresser une louange à Jupiter puisqu’à la place du LBD de Lallemand, Nunez privilégie la lettre de cachet ?