Retarder l’âge de départ à la retraite, baisser les pensions, c’est le double objectif principal de la réforme des retraites voulue par le régime Macron sur ordre de l’Union Européenne et du MEDEF. Applaudi par les grands patrons, le rapport Delevoye répond effectivement aux ordres donnés dans les recommandations par pays par la Commission européenne ces dernières années au gouvernement français.
Avant d’examiner le contenu de cette contre-réforme des retraites, il est indispensable de rappeler que :
- il y a 6,5 millions de chômeurs en France. C’est cela qui pèse sur les comptes de la branche retraite de la sécurité sociale.
- un jeune de moins de 25 ans sur quatre est au chômage. Il est dans ces conditions totalement absurde de vouloir faire travailler plus longtemps les plus de 60 ans. Et ce, alors que l’espérance de vie en bonne santé diminue. Le régime Macron veut pourtant faire travailler les Français au delà de 64 ans, ce qui dépasse l’espérance de vie en bonne santé. Ce qui est donc factuellement impossible.
- l’argument du déséquilibre des régimes spéciaux est fallacieux. Si les régimes des cheminots, des agents d’EDF / GDF sont parfois déficitaires, ce n’est pas en raison « d’avantages », mais en raison des suppressions massives d’emplois qui ont frappé ces secteurs, provoquant la diminution massive du nombre de cotisants. On remarquera d’ailleurs que les journalistes à gage des médias des milliardaires si prompt à hurler contre les agents publics sont bien peu à s’exprimer sur leur propre régime spécial.
- le niveau des pensions est déjà trop bas, en chute libre depuis les réformes Balladur, Raffarin, Fillon et Ayrault. 57,2% des retraités ont une pension inférieure à 1500 € par mois. Moins de 2% ont une retraite supérieure à 2000 € par mois. (source : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/etudes-et-statistiques/publications/panoramas-de-la-drees/article/les-retraites-et-les-retraites-edition-2019)
Derrière le marketing, la com’ et la propagande, les mécanismes de la réforme – si les travailleurs de France ne se mobilisent pas massivement pour lui faire échec – s’annoncent catastrophiques :
- catastrophique pour l’âge de départ à la retraite :
- déjà reculé à 62 ans minimum par les contre-réformes Sarkozy et Hollande, la réforme Macron prévoit de reculer l’âge de départ à la retraite à 64 ans. En-dessous de cet âge, de fortes décotes seront appliquées et le niveau de la pension sera baissé d’au moins 5% par an. Pour un travailleur ayant cotisé plus de 43 ans, ayant commencé à travailler à 19 ans et qui aurait pu prétendre à une pension de 2000 € à 62 ans, il verra sa retraite amputée par Macron de 200 € chaque mois !
- pire, le rapport annonce que cet âge de 64 ans n’est pas fixe, il sera régulièrement revu à la hausse en fonction de l’espérance de vie à la naissance. Seule possibilité pour qu’il n’augmente pas, que l’espérance de vie diminue ! Quel cynisme ! Un cynisme d’autant plus grand que l’espérance de vie à la NAISSANCE vaut pour les générations à naître, pas pour les travailleurs en exercice !
- catastrophique pour le niveau des retraites :
- la réforme prévoit de faire chuter le niveau des retraites, et notamment le taux de remplacement, c’est-à-dire la proportion entre le dernier salaire net et la pension de retraite. Aujourd’hui ce taux de remplacement devrait être de 75%, il n’est en réalité que de 72% pour les salariés du public et 73,8% pour les salariés du privé (lorsqu’ils ont une carrière complète).
- le rapport Delevoye donne un exemple (page 19) montrant qu’avec la valeur de service du point envisagée, un travailleur ayant une carrière complète ne pourra envisager un taux de remplacement supérieur à 70%.
- pire, le système de retraite par points repose sur un calcul par capitalisation des droits tout au long de la carrière et non plus sur un calcul reposant sur les 6 derniers mois de salaires hors primes pour le fonctionnaires ou les 25 meilleures années de rémunérations (y compris primes, heures supplémentaires, indemnités etc…) pour les salariés du privé. C’est donc la moyenne des salaires touchés durant la carrière qui servira de base au calcul. Une base réduite par rapport aux règles actuelles. L’arnaque est tellement grossière que Delevoye n’a pas osé mettre d’exemple dans son rapport. Nous avons fait le calcul pour un fonctionnaire en reprenant les mêmes hypothèses que le rapport Delevoye (valeur de service de 0,55€ par point, répartition traitement prime de 80%/20%, taux de cotisation retraite de 25,31%). Pour un fonctionnaire ayant démarré à 1300€ de rémunération, dont le traitement aura augmenté de 1% chaque année soit une rémunération finale de 1955€ au bout de 42 ans de travail, dans le système actuel, sa pension serait de 1173€ par mois. Avec la retraite par point, elle baisserait à 938€. Soit une baisse de 20%. Pour un salarié du privé dont la rémunération serait en moyenne de 2000€ par mois pour ses 25 meilleures années, et 1200 € en moyenne pour les 17 autres, alors sa pension diminuerait avec la retraite par points de 1000 € de pension de base hors retraite complémentaire à 979€. Et cela sans tenir compte de ce que la retraite par point inclura les retraites complémentaires.
- Une proposition dissimulée, l’augmentation du taux de cotisation des salariés. C’est une des propositions du rapport Delevoye qui est cachée dans le rapport : faire augmenter le taux de cotisation des salariés et diminuer celui des patrons et employeurs. La baisse du niveau de pension à l’issue de la réforme Macron sera d’autant plus forte qu’il est prévu de faire cotiser plus les travailleurs pour…. des pensions plus petites.
- catastrophique pour les retraités actuels :
- pour tenter de diviser et notamment de ne pas inquiéter les retraités actuels qui on le sait sont le principal vivier électoral de la Macronie, le régime Macron claironne sur tous les toits que la réforme ne concernerait que les travailleurs nés en 1963 et ensuite. C’est faux car le régime par points concernera très vite tous les retraités.
- Si c’est le mode de calcul des droits qui sera modifié pour les travailleurs nés en 1963 et ensuite, le passage à la retraite par points concernera de fait les retraités actuels. En effet, c’est la valeur du point qui conditionnera le niveau des pensions et notamment leur revalorisation.
- D’ores et déjà, le rapport Delevoye et le gouvernement ont annoncé que l’objectif de la réforme est de plafonner le niveau des retraites par rapport au PIB. Ce qui se prépare avec ce régime par points, c’est un gel massif, voire une diminution rapide de la valeur du point. Et donc en clair la diminution par la fin de l’indexation des retraites et pensions, voire leur baisse pure et simple.
En définitive, les seuls gagnants de la réforme sont connus et ce sont ceux qui se sont bruyamment félicités du rapport, les grands patrons :
- la réforme prévoit de fait une baisse généralisée des salaires avec une diminution des cotisations patronales et une augmentation des cotisations salariales;
- la réforme prévoit une baisse généralisée des salaires, avec la baisse généralisée des pensions, les retraites faisant partie intégrante du salaire, une part de salaire différée et mutualisée de façon solidaire, touchée par les travailleurs lors de la retraite.
Dossier spécial : les explications du Front Syndical de Classe
http://www.frontsyndical-classe.org/
CONTRE-REFORME des RETRAITES : l’objectif MAJEUR de la baisse des pensions
Effectivement, ce jeudi, l’exécutif doit confirmer le choix du passage des régimes de retraite à un régime à points (dont la CFDT est partisane), soi-disant pour assurer une égalité de tous les citoyens en la matière.
MENSONGE pour neutraliser la réaction des travailleurs et de l’opinion.
L’OBJECTIF étant de geler et de faire baisser la part de la création de richesses consacrées aux pensions qu’il s’agit DONC de faire baisser.
AUTREMENT dit, pas d’autre choix que la bataille pour empêcher cette véritable forfaiture.
UN SCOOP : le MEDEF soutient la contre-réforme des retraites
Donc le MEDEF soutient la contre-réforme macronienne, tandis que si l’on en croit le journal ci-après, Laurent Berger, en droite ligne des attitudes antérieures de la CFDT approuvant pratiquement TOUS les reculs sociaux, est favorable à ce type de réforme présentée comme universelle.
C’est dire que, s’agissant de l’organisation indispensable des luttes, il ne faut pas compter sur la « combativité » de la CFDT … et c’est peu dire !
Les préconisations du haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, ont reçu jeudi un accueil mitigé de la part partenaires sociaux. Ils espèrent désormais peser sur la rédaction du projet de loi qui en découlera.
De nouvelles concertations doivent s’ouvrir « dès la semaine prochaine » sur la base du rapport qu’a remis le haut-commissaire au Premier Ministre Édouard Philippe en fin de matinée, a indiqué Laurent Escure, le secrétaire général de l’UNSA, à la sortie d’une réunion de présentation de ces préconisations aux partenaires sociaux.
Vigilance et réserve
D’ores et déjà, « le MEDEF soutiendra les grands principes de cette réforme » a indiqué son patron, Geoffroy Roux de Bézieux, « saluant » son « ampleur ». Mais il sera « vigilant » sur la question de la gouvernance du nouveau régime et le sort des « réserves » financières accumulées par les « régimes fourmis ».
Le rapport de M. Delevoye « prouve que la mise en place d’un système universel est possible », s’est félicité de son côté le leader de la CFDT, Laurent Berger, « qui pousse ce type de réforme depuis maintenant de nombreuses années ».
Notant « positivement un certain nombre d’avancées » pour un « système plus redistributif qui privilégiera d’abord ceux qui ont une carrière hachée, l’extension des droits familiaux dès le premier enfant », il a toutefois jugé « totalement stupide de fixer un âge de liquidation de la retraite complète à 64 ans ».
« Il faut laisser davantage de libre choix, pour s’adapter à la réalité de carrière de chacun », a-t-il estimé, alors que M. Delevoye préconise de fixer en 2025 un âge d’équilibre à 64 ans pour une retraite à taux plein, assorti d’un système de décote/surcote.
Mobilisation à la rentrée
Vent debout contre la réforme, le numéro un de la CGT Philippe Martinez a dénoncé « beaucoup d’enfumage ». Dire que l’âge légal reste à 62 ans, « c’est prendre les gens pour des imbéciles », a-t-il lancé. «Nous avons joué le jeu, nous avons fait des propositions concrètes, et aucune n’a été retenue », a-t-il déploré, dénonçant, à l’inverse de la CFDT, une réforme qui pénalisera davantage les «carrières hachées ».
« La parole de Delevoye, c’est peut-être la moins pire » a-t-il prévenu, dans l’attente du projet de loi prévu pour la fin de l’année.
Comme lui, son homologue de FO, Yves Veyrier, entend déjà mobiliser à la rentrée contre une réforme qui « n’incitera pas » mais « imposera » de « travailler plus longtemps ».
Vers une première journée d’action le 24 septembre
D’ores et déjà la CGT appelle à une journée d’action le 24 septembre.
Mobilisation en ordre dispersé puisque FO de son côté appelle à une manifestation nationale à Paris le 21 septembre.
Les explications de la CGT Chimie
Télécharger le rapport Delevoye
jbc pour https://www.initiative-communiste.fr