Par le Front syndical de classe : La CGT, FO, Solidaires, la FIDL, l’UNEF et l’UNL, soutenues timidement par la FSU, appellent à une journée de mobilisation et de grève interpro le 9 octobre contre la « destruction de notre modèle social » par le gouvernement Macron et pour « la conquête d’un autre avenir ».
Critiquant vivement la politique du gouvernement au « service exclusif des intérêts patronaux », les organisations syndicales dans l’action mettent en avant les revendications urgentes pour le monde du travail concernant les salaires, les retraites, la sécu, l’Éducation et la jeunesse, la santé, le droit du travail, l’environnement ou l’égalité hommes/femmes… et appellent à « se faire entendre pour que le progrès social soit au rendez-vous ».
Pour le FSC, alors que Macron est engagé dans l’étape finale de destruction du système social français, on ne peut que souscrire à de telles revendications, même si une vraie plate-forme revendicative fait encore défaut, et il importe que la journée du 9 soit un succès dans tout le pays.
Mais pas dans l’espoir que cette journée suffirait pour « se faire entendre » car, nous savons par avance et par expérience que ce type de journée isolée, même réussie, ne fera pas céder le gouvernement et qu’au contraire, si un plan d’action visant à construire le rapport des forces dans la durée n’est pas proposé, ce type de proposition sans lendemain peut contribuer au découragement.
En revanche, elle peut être le point de départ de la construction d’une mobilisation de grande ampleur, d’un mouvement d’ensemble durable et posant la question du blocage des profits capitalistes sans lequel les travailleurs ne pourront faire plier l’adversaire de classe particulièrement déterminé et agressif.
L’appel à la convergence des luttes fut-il confédéral ne saurait cependant constituer une solution miracle. Cette perspective doit s’adosser à un combat d’idées sans concession dans les entreprises notamment qui vise à briser le sentiment d’impuissance face au rouleau compresseur des contre-réformes macroniennes et aux campagnes médiatiques qui les accompagnent. Qui redonne confiance dans la force du mouvement syndical et qui ne laisse aucune place aux illusions mortifères sur le « dialogue social », les concertations bidon ou la perspective d’une « Europe sociale ».
Un tel mouvement d’ensemble ne se décrète donc évidemment pas mais il doit être mis en perspective comme condition du succès par les organisations des travailleurs. Il est notamment nécessaire de continuer à travailler dans le sens de la lutte admirable des cheminots et de la tentative du printemps 2018 initiée notamment par l’UD CGT 13 de construire un front progressiste et populaire en brisant les digues artificielles entre le syndical, le politique et l’associatif afin que tous les militants du monde du travail convergent pour frapper ensemble le camp capitaliste.
Dans cet esprit, on se demande ce qui pousse une nouvelle fois les O.S. signataires de l’appel au 9 octobre à passer complètement sous silence le rôle de l’UE qui est pourtant un des maillons principaux de l’offensive capitaliste contre les travailleurs.
Derrière toutes les contre-réformes de ces dernières années se trouvent bien sûr le MEDEF et les gouvernements mais aussi l’Union Européenne du capital qui viole les souverainetés populaires (voire ce qu’il est advenu de notre Non de 2005…), qui formate et pilote les attaques au niveau continental contre l’Education (stratégie de Lisbonne et de Bologne), les transports publics (voire les paquets ferroviaires et la casse de la SNCF et des statuts des cheminots), les retraites (accords de Barcelone de 2002 signés par Jospin et Chirac), les privatisations et la déliquescence des infrastructures (en Italie à Gênes comme en France), la casse du droit du travail (voire les injonctions de Bruxelles à la France précédent les attaques Hollande puis Macron), la criminalisation du mouvement syndical (préparé par la criminalisation du communisme à l’Est)…
Sans oublier la Confédération européenne des Syndicats, créée et financée à 75 % par l’UE, qui joue parfaitement son rôle de division et de trahison des luttes en soutenant la « construction » européenne et qui, derrière ses appels mystificateurs à « l’Europe sociale » aussi crédible qu’un « capitalisme à visage humain » ou écologique, combat toute convergence entre travailleurs européens et toute « Europe des luttes ».
Pour le dire autrement, il est certes nécessaire de réagir à chaque mauvais coup, à chaque contre-réforme mais il est tout aussi important de cibler l’origine des attaques afin de donner une claire vision du rapport de forces à construire et de rassembler toutes les couches populaires dans la bataille. Quand Macron-Medef brise le code du travail ou le statut des cheminots et quand il avance vers le « saut fédéral européen » ou l’armée européenne, il ne fait pas deux politiques différentes : il mène la même politique au service du grand capital. Casse de système social et casse de la souveraineté populaire et nationale dans l’Empire européen appartiennent au même processus de soumission des sociétés par les logiques de l’accumulation du capital.
Les travailleurs, pour résister efficacement doivent donc pouvoir se saisir de l’entièreté de la question qui n’est ni strictement syndicale, ni strictement politique.
Cela suppose que les syndicats jouent pleinement leur rôle dans le sens de la « double besogne » inscrite dans la charte d’Amiens : la défense quotidienne dans l’entreprise d’une part, et d’autre part la défense des intérêts généraux de la classe face au pouvoir politique du capital, face à ses institutions nationales et supranationales, ce qui suppose dans les conditions actuelles de dénoncer la construction européenne du capital.
C’est ce que faisait d’ailleurs sans états d’âme la grande CGT du temps de Frachon ou de Krasucki qui défendaient en même temps les conquêtes populaires, l’indépendance nationale et l’internationalisme.
Cela permettrait au passage de combattre réellement l’extrême-droite.
Car d’un côté cette extrême-droite fait mine de critiquer l’UE pour courtiser les milieux populaires alors que dans les pays où elle gouverne, elle applique sans restriction la politique ultra-capitaliste de l’UE.
Et de l’autre les dirigeants de l’Union européenne comme Macron instrumentalisent le combat contre l’extrême droite, contre les dirigeants italiens, hongrois, polonais afin de pousser les feux vers une Europe fédérale en finissant avec toute souveraineté nationale et populaire. Tout en soutenant de manière masquée les forces néo-nazies qui par exemple en Ukraine et dans les Pays baltes organisent la chasse aux communistes, réhabilitent le passé hitlérien, assassinent les militants comme ce fut le cas à la maison des syndicats à Odessa le 2 mai 2014
Les travailleurs sont face à un adversaire déterminé, puissant, organisé aux plans national et supranational. Pour le vaincre, nous devrons renouer avec le combat ouvrier pour les conquêtes et la souveraineté populaires, pour l’internationalisme, pour la construction d’un grand mouvement social sans concessions contre le gouvernement, le MEDEF et l’UE, en un mot pour le changement de société, tant il est attesté historiquement que les capitalistes n’ont jamais rien lâché que lorsqu’ils ont craint (36, 45, 68…) de voir le pouvoir leur échapper au profit du monde du travail.
Le 9 octobre doit être un premier pas dans cette perspective. Il y a urgence avant que l’héritage des luttes issues de la Révolution française, du mouvement ouvrier, antifasciste et démocratique, ne soit définitivement détruit.
Front Syndical de Classe, 29 septembre
Qu’allons nous faire dans la galère du « dialogue social » ?
Publié le 28 septembre 2018 par FSC
La démarche ci-après dans la droite ligne des orientations de la CFDT jaunie devrait interroger tous les militants et les organisations syndicales confrontées à la dure loi du capital, aux travailleurs du public confrontés aux contre-réformes de l’état-patron.
L’unité pour une défense conséquente des travailleurs ce ne peut-être une démarche de « syndicalisme rassemblé » au sommet sur la base d’une activité syndicale à la Laurent Berger et d’une CFDT qui ont consentis à tous les mauvais coups des différents pouvoirs et du pouvoir actuel : réformes des retraites, casse du code du travail …
Un Laurent Berger qui au nom de la nécessité de s’adapter, fait de l’accompagnement soumis aux exigences du capital et de l’oligarchie au pouvoir un impératif de la survie du syndicalisme.
Pourquoi donc notamment Philippe Martinez de la CGT est-il signataire de cette supplique ?
Quand on connaît le programme du MEDEF et de son nouveau président Geoffroy Roux de Bézieux (nous y reviendrons) il n’y a effectivement aucune illusion sur les intentions du patronat concernant l’indemnisation du chômage, les retraites, les salaires, l’utilisation de la révolution technologique au service du profit, de la déshumanisation du travail …
D’autant que ces intentions se situent dans le contexte d’un pouvoir politique qui a commencé à détruire notre modèle social issu du rapport des forces de la Libération et qui affiche sa détermination à poursuivre dans ce sens malgré son affaiblissement politique.
Alors pourquoi entretenir auprès des travailleurs l’illusion que c’est du « dialogue social » que va résulter la prise en compte des aspirations et des revendications du monde du travail ?
NON, toute l’expérience présente et passée montre sans aucune espèce de doute que les progrès sociaux ont TOUS résultés du combat des salariés, de leur intervention collective CONTRE les intérêts de la classe capitaliste et des patrons comme ce fut le cas en 1936, en 1945, en 1968 …
Il est nécessaire de balayer ces illusions : il y va de l’avenir des intérêts des travailleurs et de celui du mouvement syndical lui-même !