« Les premiers forfaits coûtent quelques efforts / Mais l’on commet, Attal, les seconds sans remords »
Racine, La Thébaïde
Issu pour la forme, comme Macron, du Parti « socialiste »… et d’un milieu particulièrement nanti, Attal n’aura pas attendu longtemps pour faire allégeance au MEDEF, à la grande bourgeoisie « française » et, bien entendu, à l’OTAN et à l’Europe supranationale. Sans quoi, comment accélérer sa brillante carrière et envisager sérieusement, par ex., de briguer la présidence de la République si Macron acceptait in fine de l’adouber pour dauphin?
Obéissant aux ordres de l’UE et de la BCE d’austérité, le régime Macron, avec l’aide du RN, crie haro sur les travailleurs, leurs salaires, leurs droits, leurs services publics !
Pour cela, rien de tel que d’annoncer que « le gouvernement va « réduire la dette », non pas en s’attaquant aux énormes subventions (sans contrôle ni contreparties sociales) accordées par l’Etat bourgeois au patronat, ni aux « salaires » indécents que s’adjugent les PDG du CAC 40, Carlos Tabares en tête, ni aux réductions d’impôts consenties aux riches depuis Balladur, mais…
- en prélevant dix milliards, puis vingt milliards d’euros par années à venor, sur les dépenses de l’Etat, en clair sur le nombre de fonctionnaires affectés à l’Education nationale (déjà aux portes du naufrage) et autres services publics indispensables aux Français; tant pis (ou tant mieux, selon le point de vue de classe auquel on se place…) si l’école publique, ou l’hôpital, finissent par s’effondrer et si l’on apprend par ex. que la mortalité périnatale ne cesse d’augmenter en France en raison, sans doute, de la suppression de nombreuses maternités publiques ces dernières années;
- comme si ces gâteries ne suffisaient pas au bonheur des fonctionnaires, dont le point d’indice a été bloqué durant dix ans (en provoquant une énorme crise des vocations dans l’Education nationale et les services de soin…), Attal annonce une « réflexion » sur la possibilité de « licencier des fonctionnaires ». Déjà fort mal payés, trimbalés d’un bout à l’autre de la France en fonction d’exigences de service public qu’ignorent pour eux-mêmes les professions « libérales », forcés d’appliquer en cascade des contre-réformes absurdes, d’exécuter des consignes pédagogiques privant de sens leurs disciplines respectives, lâchés par leur administration face aux comportements scandaleux de nombreux parents ou usagers, voire tabassés (poignardés, décapités!) à la sortie des cours, les « fonctionnaires » n’avaient plus qu’un « avantage » : la sécurité de l’emploi, généralement liée à leur réussite à un CONCOURS très sélectif bien qu’ouvert à tous, CAPES, agrégation, etc. Eh bien c’est cet acquis républicain lié entre autres au statut Thorez de 1946 qu’Attal veut faire sauter. Sachant que désormais, compte tenu des contre-réformes successives saccageant les retraites, nombre de fonctionnaires partent de plus en plus tard, QUI va bientôt encore vouloir entrer dans cette galère que devient le secteur public? Mais qu’importe aux fils et filles à papa, les Macron, Attal, Oudéa-Castéra et Cie, qui sortent des grandes écoles privées payantes et qui mettent leur progéniture à l’Ecole alsacienne de Paris ou à Stanislas?
c’est à nouveau haro sur les chômeurs qui vont encaisser la 7ème contre-réforme en 6 ans des allocations chômage; avec à la clé, non seulement la démonstration de la farce absolue que devient le « dialogue social » cher au nullissime Berger, mais la démolition des droits des seniors – qui accepteront n’importe quel « emploi » à 55 ans après s’être tué pour une entreprise qui les licenciera sans pitié dès qu’ils commenceront à bien gagner leur vie – ou bien qui finiront très vite au RSA… ou aux restos du coeur!
Arrêtons de taper sur l’AUTRE travailleur, au chômage, à la retraite, dans le public, petit paysan, immigré, et cognons ensemble sur les privilèges du capital et de la fortune : nous ne sommes qu’une classe, celle des prolétaires
Au passage, quelle pitié que d’entendre partout, sur les marchés ou à la sortie des bains d’une piscine, les « bonnes gens » ressasser la même ânerie: « il-n-y-a-de-l’-argent-que-pour-les-chômeurs, celui-qui-travaille-n’a-rien-du-gouvernement« . Car, bonnes gens irréfléchies, le gouvernement frappe TOUT LE MONDE, actifs et salariés, fonctionnaires et employés du privé, retraités, locataires et étudiants, et n’épargne que le capital et la bonne bourgeoisie. Et quand il frappe les chômeurs, donc qu’il les oblige sous peine de crever de faim (déjà 1 Français sur 3 déclare ne pas manger à sa faim !), il FAIT BAISSER MECANIQUEMENT LES SALAIRES DE TOUS et cela s’appelle la loi de l’offre et de la demande! En réalité, nous faisons tous partie de la même classe: quand l’indemnisation du chômage baisse, les patrons s’attendent à un afflux massif de main d’oeuvre sur le « marché du travail », cette version capitaliste de la foire aux esclaves: ils peuvent alors SOUS-ENCHERIR concernant les salaires et conditions d’emploi. Arrêtons donc de taper sur l’AUTRE travailleur, celui qui est au chômage, à la retraite, dans le public, petit paysan, immigré, et cognons ensemble sur les privilèges du capital et de la fortune car nous ne sommes qu’une classe, celle des prolétaires contraints de vendre leur force de travail aux possesseurs de moyens de production, ces capitalistes qu’il faudra bien finir par exproprier pour que le peuple devienne enfin maître de l’économie; ce sans quoi l’expression « souveraineté populaire » n’est qu’un attrape-nigauds.
Face à ces attaques incessantes, qui font suite au grave recul social de la retraite Macron à 64 ans MINIMUM, il n’y a que deux issues possibles. Celle que continue de défendre, toute honte bue, suite à la capitulation en rase campagne à laquelle il a centralement contribué le jaune incurable Berger: celle d’un « dialogue social » entièrement fictif et auquel on a honte de voir se précipiter comme si de rien ne s’était passé l’an dernier, les Sophie Binet, Benoît Teste et autre Sophie Vénétitay. Défaite, découragement, DESHONNEUR assumés et avec eux, poursuite garantie du déclin syndical. Ou bien la voie du combat de classe dessinée au printemps derniers par les syndicalistes rouges de la Chimie, des transports, des ordures ménagères, etc. qui prônaient la grève générale reconductible et le blocage des profits capitalistes. La classe laborieuse attaquée de toutes parts au nom du respect des « critères de Maastricht » remis en vigueur par les eurocrates, n’attend désormais plus grand chose de la première voie et de ceux qui la prônent, et elle espère un rebond rapide, assorti enfin d’une critique dure de la sacro-sainte « Europe » et d’une action résolue contre les livraisons de guerre à l’Ukraine ou à « Tsahal », de la part des syndicalistes qui se réclament du combat.
Notes sur l’actualité – Par Georges Gastaud, directeur politique d’Initiative communiste (10 mai 2024)