déclaration du CISC – 2 septembre 2019
Anniversaire dévoyé de la Libération de Paris, commémorations grossièrement partiales du Traité de non-agression germano-soviétique, de l’ouverture du Mur de Berlin, de la proclamation de la République populaire chinoise ou de la Révolution cubaine de 1959 : faisant flèche de tout bois, tronquant les faits et pratiquant sans vergogne les amalgames les plus indécents, les stratèges de la contre-révolution idéologique permanente ont soigneusement organisé leur ballet médiatique fait d’anticommunisme recuit, d’antisoviétisme de confort, de russophobie haineuse et de sinophobie sans limites. Ils sont d’autant plus sûrs d’eux que les voix discordantes sont « démocratiquement » exclues des grands médias d’Etat et de la grande presse privée monopolisée par les maîtres du grand capital. Les objectifs de cette campagne politique travestie en « devoir de mémoire » sont clairs :
1°) S’agissant de la Résistance communiste armée française, il s’agit soit de la minimiser, soit de la criminaliser carrément, en gommant le fait majeur que les communistes français ont commencé à résister au fascisme bien avant la déclaration de guerre de 1939 (lancement du Front populaire antifasciste, organisation des Brigades internationales d’Espagne à l’initiative de l’Internationale communiste et refus de la « non-intervention » décrétée par Léon Blum, dénonciation du Pacte de Munich, appel clandestin à résister lancé par Charles Tillon à partir du territoire national dès le 17 juin 1940 au nom du PCF …) et que, de très loin, les organisations de FTPF et de FTP-MOI créées à l’initiative du PCF clandestin furent le fer de lance de la Résistance armée intérieure couronnée par l’insurrection parisienne d’août 1944, sans parler des maquis du Limousin et de la grande grève patriotique des mineurs du Nord lancée par le PCF et par la CGT en mai-juin 1941 : d’ailleurs, sans minimiser en rien l’apport des autres forces résistantes de l’intérieur et de l’extérieur, ce sont de très loin les communistes et les cégétistes qui ont subi les fusillades de masse de Châteaubriant, de la Citadelle d’Arras et du Mont Valérien, pour ne parler que d’elles ; le but des conjurés de l’anticommunisme contemporain est sans doute, profitant du grand âge des combattants de la Résistance, de priver les communistes français de leur légitimité patriotique : il s’agit pour cela de cacher l’apport décisif des communistes à l’élaboration du programme du CNR, lequel s’est traduit par les avancées sociales et démocratiques dont les ministres communistes de 1945/47 furent les principaux artisans : première forme du SMIG, statut des mineurs, statut des fonctionnaires, nationalisation du sous-sol (Maurice Thorez), nationalisation d’EDF, de Renault et de la SNECMA (Marcel Paul, Charles Tillon, François Billoux), Sécurité sociale, retraites par répartition, Code du travail, comités d’entreprise, généralisation des conventions collectives (Ambroise Croizat), relance démocratique de l’Education nationale et de la Recherche publique (Henri Wallon, Frédéric Joliot-Curie…), tous ces acquis de civilisation que rendit possible le projet du CNR de « mettre le monde du travail au centre de la vie nationale » sont aujourd’hui méthodiquement détruits, au nom de la « construction » européenne, par les gouvernements maastrichtiens successifs dont on comprend aisément pourquoi ils soutiennent en sous-main les campagnes anticommunistes : noircir et salir le passé est indispensable pour impulser les régressions présentes et futures…
2°) S’agissant du Traité de non-agression soviéto-allemand de 1939, il s’agit de le présenter mensongèrement comme une « alliance des totalitarismes contre les démocraties » ; pourtant, l’URSS n’avait cessé, au cours des années 1930, de proposer une alliance militaire antihitlérienne aux démocraties bourgeoises occidentales ; or celles-ci ont préféré, par antisoviétisme et par sympathie de classe inavouable à l’égard des régimes fascistes violemment anti-ouvriers, antisoviétiques et anticommunistes, cautionner Mussolini, favoriser la rébellion franquiste et laisser Hitler se livrer à toutes ses prédations, du réarmement officielau pacte de Munich en passant par l’Anschluss de l’Autriche. Objectivement, si elle ne voulait pas se retrouver isolée face à l’ensemble du monde capitaliste – non seulement les nazis mais les « démocraties » occidentales en voie de fascisation et faisant même le choix de la « drôle de guerre », puis de la défaite en 1939/40 – , si elle voulait en outre éviter d’être prise en tenaille entre les fascistes occidentaux et la dictature militaro-fasciste du Japon (« Pacte anti-Komintern »), l’URSS n’avait pas d’autre possibilité que de diviser le front antisoviétique menaçant des puissances impérialistes occidentales, que de gagner du temps pour s’armer, que de tenter d’éloigner le plus possible la Wehrmacht menaçante de ses frontières occidentales. Il est ainsi proprement scandaleux (et confondant d’ingratitude historique !) de tenter d’amalgamer sous le nom de « totalitarismes » le Troisième Reich exterminateur et le pays qui, au prix d’énormes sacrifices, a brisé la Wehrmacht de Stalingrad à Berlin et qui a longtemps supporté l’essentiel du poids de la guerre antifasciste, qui lui a coûté près de 30 millions de morts. Pendant ce temps, la grande bourgeoisie française dont les héritiers continuent de diriger l’appareil d’Etat et le CAC-40, collaborait au démantèlement de la France, tandis que la SFIO avait, auprès de la droite et des radicaux, participé à la persécution anticommuniste en France (décret Sérol d’avril 1940 punissant de mort la propagande communiste !) et que les Etats-Unis d’Amérique n’ouvraient le « second front » contre Hitler qu’au moment où déjà, le gros des forces allemandes disposé à l’Est s’effondrait, de Leningrad à Koursk jusqu’à Berlin (investie par les seuls Soviétiques), devant la poussée irrésistible de l’Armée rouge ouvrière et paysanne. Il est lamentable, honteux pour l’intelligentsia française actuelle et pour les milieux dirigeants de l’Education nationale que désormais, la majorité des jeunes Français puisse croire de bonne foi que Hitler et Staline étaient amis durant la guerre ( !), que ce sont principalement les Anglo-Saxons qui ont gagné la guerre, que la Résistance française n’a combattu que pour l’honneur (alors qu’elle a porté des coups très durs à l’occupant et qu’elle a pour l’essentiel libéré Paris par ses propres forces) alors que le général De Gaulle déclarait franchement en 1946 : « les Français savent que la Russie soviétique a joué le rôle principal dans leur libération ». Comment qualifier autrement que de négationniste cette entreprise permanente de falsification de l’histoire qui minimise, nie, voire diabolise les exploits de l’URSS sans lesquels le nazi-fascisme allié aux militaristes japonais et soutenu par le prétendu « Etat français » de Pétain se serait sans doute emparé du monde et sans laquelle nous ne pourrions pas discuter librement aujourd’hui !
3°) S’agissant de la « chute du Mur de Berlin », sa commémoration va sûrement donner lieu à une sarabande anticommuniste et contre-révolutionnaire sans précédent avec, à la clé, la tentative concrètement… totalitaire et fasciste (bien qu’officiellement motivée par l’ « antitotalitarisme » !) – de multiplier les interdictions de partis communistes (c’est déjà le cas en Ukraine et c’est la direction prise en Pologne, en Hongrie, dans les Etats baltes…) et d’empiler les lois mémorielles anticommunistes proprement liberticides et négationnistes. Des « lois » que cautionne déjà pour partie l’UE dominée par Berlin, arrimée à l’OTAN et en proie à de lourds préparatifs guerriers antirusses qui ne sont pas sans évoquer une tentative de revanche historique sur Stalingrad ; eh bien, les militants de la solidarité de classe internationaliste, antifasciste et anti-impérialiste doivent avoir le courage de déclarer que, ni l’annexion pseudo-démocratique de la RDA, ni l’implosion contre-révolutionnaire du camp socialiste et de l’URSS n’auront apporté de « grands bouleversements démocratiques » en Europe et dans le monde. En réalité, ces évènements réactionnaires n’avaient d’autre but que d’effacer autant que possible l’immense victoire prolétarienne d’Octobre 1917 et la grande victoire des peuples sur l’impérialisme allemand (URSS et mouvement communiste international en tête), cette victoire qui avait rendu son indépendance à notre pays, permis de criminaliser à juste titre le fascisme et l’extrême droite, ouvert la voie à de grandes avancées sociales en France et en Occident, favorisé la décolonisation des peuples d’Asie et d’Afrique, impulsé l’émergence planétaire du mouvement pour l’égalité hommes/femmes et offert au camp mondial du travail et du progrès le rempart du socialisme existant face aux prédations incessantes de l’impérialisme et de ses vassaux ; amputé de l’URSS, de la RDA, du camp socialiste et d’un fort Mouvement communiste international fidèle aux conceptions marxistes-léninistes, privé en Occident (hormis au Portugal et en Grèce) de puissants partis communistes et révolutionnaires, le monde actuel est livré à une re-mondialisation contre-révolutionnaire du capitalisme-impérialisme qui, à bien des égards (course ruineuse aux armements, agressivité tous azimuts de l’impérialisme US, dégradations lourdes de l’environnement ravagé par la course au profit maximal, fascisation de moins en moins rampante des démocraties bourgeoises de plus en plus policières et répressives), confère au monde contemporain des traits carrément exterministes en ce sens que le maintien du pourrissant système capitaliste-impérialiste à l’échelle planétaire sape les bases sociales et environnementales de l’existence humaine dans son ensemble. Du reste, l’opinion populaire dans la plupart des pays de l’Est et en Russie prend désormais majoritairement acte du fait que, malgré les lacunes, erreurs et distorsions diverses qui, selon les temps et les pays, ont affecté la première expérience socialiste de l’histoire dans des conditions géopolitiques où le capitalisme restait dominant, la destruction contre-révolutionnaire du camp socialiste constitue une catastrophe historique globale pour le camp du Travail et de l’émancipation humaine. Plus que jamais, le sens de notre époque reste donc marqué par la confrontation entre le capital et le travail, entre les peuples et l’impérialisme, entre les tendances mortifères du capitalisme-impérialisme et l’aspiration proprement vitale des peuples à construire un socialisme-communisme de nouvelle génération tirant enseignement, sans reniement ni palinodie, des succès et des limitesde la première expérience socialiste de l’histoire humaine.
4°) S’agissant de la République populaire chinoise, il ne s’agit ni de nier les contradictions que comporte le « socialisme de marché » dont se réclame le PC chinois, ni de hurler avec les loups de l’impérialisme euro-atlantique qui présentent la Chine comme l’ « ennemi stratégique principal » sans crainte de réactualiser le mythe raciste du « péril jaune ». Qui peut sérieusement nier que la révolution chinoise de 1949 ait libéré la Chine du colonialisme occidental et japonais, qu’elle ait permis la réunification du territoire national, qu’elle ait mis fin aux famines récurrentes qui frappaient les classes populaires ? Et qui peut nier que l’actuelle République populaire chinoise soit en passe de transformer ce qui fut un pays arriéré, affamé et méprisé, en un grand Etat moderne à la pointe de la science et de la technique, et où la grande pauvreté pourrait être éradiquée dans les quelques années qui viennent ? Alors que nos grands pays occidentaux riches à milliards, France macroniste en tête, plongent dans la régression sociale, dans la désindustrialisation galopante et dans une abrutissante vassalisation culturelle et linguistique…
5°) Il faut aussi riposter aux campagnes anticommunistes et antisocialistes qui caricaturent en permanence Cuba socialiste, dont le « crime » principal est de résister au blocus de l’Empire nord-américain depuis 1959 et de faire de la santé publique, de la Recherche, du soin pour l’environnement et du développement éducatif, les principaux moteurs du développement économique (alors que la santé, la science et l’éducation sont traitées comme des fardeaux à « dégraisser » dans les grands Etats en proie au néolibéralisme !). Solidarité indéfectible aussi avec le Venezuela bolivarien et avec les autres pays de l’ALBA que l’impérialisme s’emploie à subvertir, non parce qu’ils connaissent d’indéniables difficultés économiques (largement liées aux manœuvres impérialistes et au torpillage organisé par la réaction « interne »), mais tout au contraire parce qu’ils opposent au monde néolibéral de Maastricht, de l’ALENA, du Mercosur, du CETA, de la « l’économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » (Traité de Maastricht), du tout-anglais aliénant et du tout-profit, une esquisse de modèle alternatif reposant sur le principe d’une coopération égalitaire entre pays souverains.
6°) En France même, l’obsession anticommuniste et antisoviétique que répandent les médias et nombre de manuels scolaires « d’histoire » alimente le dénigrement de la Révolution française, de l’héritage jacobin, de la République une, laïque et indivisible, de l’héritage des Lumières, des idéaux progressistes et rationalistes et des conquêtes sociales issues de l’action du PCF et de la CGT : tant il est vrai que la contre-révolution anticommuniste ne s’arrête nullement aux bornes spatiales et temporelles du 20ème siècle ni à celles de l’ex-camp socialiste ; si bien que la destruction de l’Europe socialiste a permis un assaut réactionnaire généralisé contre tous les acquis progressistes des révolutions antérieures, y compris contre ceux des révolutions bourgeoises-démocratiques des 18 et 19èmes siècles (et aussi contre les avancées des processus anti-impérialistes du 20ème siècle en Afrique, en Asie et en Amérique latine); sans parler des contre-réformes incessantes qui visent à détruire les conquêtes du CNR, du Front populaire et du combat laïque de 1905 !
7°) A l’échelle planétaire, les effets de la contre-révolution et des campagnes anticommunistes récurrentes ne sont pas moins délétères tant il est vrai que la force du camp socialiste et du Mouvement communiste et anti-impérialiste mondial constituait le socle des luttes pour le progrès social, pour la paix, la démocratie, la souveraineté des peuples, l’égalité entre les sexes, les idéaux humanistes, l’avancée de la rationalité critique ; partout et toujours se vérifie l’idée que l’anticommunisme, l’antisoviétisme et l’anti-léninisme, portent en leurs flancs la banalisation du fascisme – qui renaît partout en Europe – , du militarisme, des intégrismes religieux de toutes sortes, du néolibéralisme ravageur et du néocolonialisme sous toutes leurs formes.
C’est pourquoi en cet automne 2019, les antifascistes conséquents, et parmi eux les communistes, mais aussi tous les vrais démocrates, patriotes, progressistes, internationalistes et autres défenseurs de la paix doivent – sans renoncer à leur réflexion critique propre sur la première expérience socialiste de l’histoire – récuser catégoriquement l’anticommunisme, et en particulier l’amalgame odieux et indécent qui assimile, sous le nom de « totalitarisme », le nazi-fascisme à ses principaux ennemis et vainqueurs historiques, l’Union soviétique et le communisme organisé. Cette résistance à la déferlante anticommuniste hexagonale, européenne et mondiale concerne tous ceux qui, communistes ou pas, ont compris que, comme disait Bertolt Brecht, « il est toujours fécond le ventre dont a surgi la Bête immonde » : cette « Bête », c’est le fascisme et la fascisation, y compris quand ils prennent des formes « nouvelles » et pseudo-modernes. Quant à ce « ventre fécond », il porte toujours les mêmes noms : exploitation capitaliste, domination impérialiste et décervelage anticommuniste cachant la haine de classe des dominants à l’encontre de celles et de ceux qui résistent à la mondialisation contre-révolutionnaire et à ses prédations déshumanisantes et potentiellement exterminatrices.
*suivi le 10 juillet 1940 par l’Appel clandestin Maurice Thorez-Jacques Duclos proclamant que « jamais, un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves ».
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Pour la direction nationale du CISC, Pierre Pranchère, président d’honneur, ancien député, ancien Résistant FTPF, Jean-Pierre Hemmen, président exécutif du CISC, fils de Fusillé de la Résistance, Vincent Flament, secrétaire général et rédacteur en chef de Solidarité de classe, Madeleine Dupont,trésorière nationale, Georges Gastaud, secrétaire international, fils d’un Résistant gaulliste.
S’associent à ce texte :
Léon Landini, anc. officier FTP-MOI, Médaille de la Résistance, officier de la Légion d’honneur, décoré par l’URSS pour faits de Résistance, président de l’Amicale Carmagnole-Liberté, président national du Pôle de Renaissance Communiste en France (92) ; Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, historienne (Paris VII) ; Jacques Kmieciak, journaliste, militant CGT, président de l’association des Amis d’Edward Gierek (62) ; Annette Mateu-Casado, coordinatrice nationale du PRCF, fille de combattants communistes antifranquistes (66) ; Fadi Kassem, secrétaire national adjoint du PRCF, agrégé d’histoire (78) ; Gilda Guibert, agrégée d’histoire, animatrice des Cafés marxistes (Paris) ; Jany Sanfelieu, militante PRCF, fille de combattant républicain espagnol antifasciste (89) ; Aurélien Djament, mathématicien, syndicaliste au CNRS (59) ; Jean-Claude Houseaux, médecin (84) ; Didier Olmos, militant du PRCF (18) ; Marie-France Fovet, militante internationaliste (56) ; Gilliatt de Staërck, conducteur, responsable national des Jeunes pour la renaissance communiste en France (22) ; Stéphane Sirot, historien du syndicalisme et du mouvement social (59) ; Anna Persichini, militante syndicale de la métallurgie (06) ; Anne-Marie Coustou, professeur d’histoire retraitée ; José Minard, ouvrier du bâtiment retraité, responsable PRCF du Boulonnais ; Ekin Tek, militant communiste (75) ; Benoit Foucambert, enseignant (81);
Laurent NARDI, Conseiller municipal de Passy 74