Communiqué de la Commission Éducation du PRCF
30 juin 2022
Des centaines de milliers de collégiens métropolitains passaient aujourd’hui les épreuves écrites nationales du DNB.
Au moins 40% du sujet de mathématiques est un copier-coller d’exercices disponibles sur internet.
L’exercice 1 est issu du manuel libre Sésamath, très utilisé dans les collèges ; l’exercice 5 est lui un copier-coller d’un exercice figurant sur le site internet de l’IREM de Clermont-Ferrand.
Le responsable du choix du sujet (IA-IPR ou IG) n’a même pas jugé bon de modifier les valeurs numérique lors du « copier-coller ».
40% du sujet est donc constitué d’exercices rompant l’égalité entre les candidats les ayant étudiés au préalable et les autres. Cette situation indigne ne s’est jamais vue !
La rédaction et la sélection des sujets se fait sous la direction du collège des Inspecteurs d’académie-Inspecteurs pédagogiques régionaux (IA-IPR) et de l’Inspection générale (IG).
Une telle faillite ne peut être malencontreuse : ces exercices ont été validés par des hauts fonctionnaires qui doivent donc rendre des comptes.
Des fuites massives et coordonnées jamais vues.
Le sujet de mathématiques a fuité sur les réseaux sociaux 30 minutes avant le début de l’épreuve.
Les sujets d’histoire-géographie et de sciences ont fuité le jeudi 30 juin au soir sur les réseaux sociaux, et les collégiens travailleront sur des épreuves de secours vendredi 1 juillet. Vont-ils travailler sur des photocopies du journal de Mickey ?
Ce sont 62,5% des épreuves écrites du DNB qui sont ainsi entachées.
Là aussi, rappelons que la confidentialité des sujets est de la responsabilité de la hiérarchie du ministère de l’Éducation Nationale : les Inspections académiques et les Personnels de Directions sont seuls dépositaires des enveloppes cachetées contenant les sujets.
Plusieurs décennies d’examens et concours se sont déroulées jusqu’à présent sans incident, ni de cette ampleur, ni de cette nature.
Une faillite de cette ampleur porte un nom : c’est du sabotage.
Comment comprendre dans ce contexte les appels du syndicat corporatiste des Personnels de Direction SNPDEN-UNSA à supprimer les épreuves écrites pour passer au contrôle continu intégral ?
Rappelons que la suppression du Baccalauréat National anonyme a été précédée en 2019 par une répétition de fuites de sujets sur internet. De la même manière, comment comprendre que les sujets de l’épreuve du baccalauréat de français aient été distribués le jour de l’épreuve de philosophie ? Et comment comprendre que candidats à la session 2022 du CAPES externe d’histoire-géographie aient dû repasser l’épreuve de géographie pour cause de mauvaise impression des documents de l’épreuve, dès lors difficilement traitables ?! Aucune explication rationnelle, sauf à considérer que le baccalauréat et le CAPES sont en voie de liquidation planifiée, prélude à la destruction pure et simple de la fonction publique comme l’exige la Commission Européenne et la stratégie Europa2020 pour la marchandisation de l’enseignement.
Les Diplômes et les concours nationaux anonymes sont la garantie d’un enseignement identique sur tout le territoire.
Ceux qui les abîment servent l’intérêt des nantis et des privilégiés pouvant assurer un « enseignement serein » à leur seule progéniture dans des établissements privés chers et sélectifs tels que l’École Alsacienne et le Collège Stanislas. Dans le même temps, ils s’attaquent aux droits des enfants du peuple qui ont pour seule richesse l’École publique, l’École de la République.
Cela ne se peut dans un pays ayant proclamé l’abolition des privilèges le 4 août 1789 et dont la Première République robespierriste énonce clairement dans l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) du 24 juin 1793 : « L’instruction est le besoin de tous. La société doit favoriser de tout son pouvoir les progrès de la raison publique, et mettre l’instruction à la portée de tous les citoyens. »
Les responsables, ministériels et académiques qui ont permis, volontairement, par leur laisser-faire, par leur incompétence ou par les deux à la fois, la survenue de cette faillite, doivent rendre des comptes et faire l’objet de sévères poursuites disciplinaires.