Alors que l’euro austérité continue de ravager l’enseignement supérieur, frappant en particulier l’Université, la résistance s’organise dans les Facs.
A l’image de la fac de Besançon : alors que se discutait le contenu des enseignements et de leurs structuration (les fameuses maquettes des cours de licences et masters), les professeurs ont appris que la « soutenabilité » de leurs cours était remise en question. En clair, restrictions budgétaires oblige, certains cours doivent être supprimés. Tant pis pour les étudiants.
C’est ainsi que l’UFR de Sciences Humaines et Sociales a décidé de supprimer purement et simplement les licences de musicologie, d’italien, de russe et de traitement automatique des langues dès la rentrée 2017. Les licences d’allemand, et différents masters sont par ailleurs dans le colimateur. Euro austérité oblige, les étudiants auront quatre semaines de cours en moins en première année de licence. C’est sans doute comme cela que l’Université compte remédier à l’échec dans les premières années d’université. Mais que les jeunes se rassurent, l’université a prévu de remplacer des centaines d’heures de cours – faute de pouvoir payer des enseignants – par des stages en entreprises (probablement non rémunérés) ainsi que des projets personnels ( jeunes étudiants, débrouillez vous !). Autres économies, remplacer des heures de cours magistraux par des TD : ces derniers pourront être effectués par des vacataires ou des doctorants précaires et payés au lance-pierres.
Dans ces conditions plusieurs AG se sont tenues dans les universités de Franche-Comté et de Bourgogne.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
Sauvons la qualité et la pluridisciplinarité de la faculté des Lettres de Besançon
une pétition à signer en ligne sur change.org
LETTRE OUVERTE :
QUEL AVENIR POUR LES FORMATIONS UNIVERSITAIRES À BESANÇON ?
En septembre 2017, une dégradation sans précédent va avoir lieu dans les formations proposées aux jeunes de Franche-Comté. Alors que le nombre d’étudiants inscrits en Licence est en nette augmentation depuis 2 ans et que cette augmentation est amenée à se poursuivre dans les années à venir, la Présidence de l’Université réduit drastiquement l’enveloppe budgétaire allouée à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines.
Premièrement, des formations entières disparaissent : la musicologie, l’italien, le russe et le TAL (Traitement Automatique des Langues). La logique dictant ces coupes est purement économique : les moyens alloués aux formations universitaires étant réduits notamment en raison d’un désengagement progressif de l’Etat dans le financement de l’enseignement supérieur, la Présidence de l’Université supprime des pans entiers de l’offre proposée aux jeunes de la région.
Ces coupes ne sont qu’un début : d’ici quelques années, sera-t-il encore possible de faire une Licence d’Allemand, de Philosophie, d’Arts du Spectacle, de préparer un CAPES ou une agrégation de Lettres Classiques ou Modernes, d’Espagnol, d’Histoire, de Géographie…?
De surcroît, pour faire face aux restrictions budgétaires, la direction de l’UFR de Lettres et Sciences Humaines Humaines est conduite à amputer de manière très significative le volume horaire de toutes les licences survivantes. En 1ère année, alors que les étudiants ont besoin d’un encadrement pédagogique important pour gagner en autonomie et s’initier aux méthodologies du travail universitaire, le nombre de semaines de cours par semestre va passer de 12 à 10 (baisse de 17% des heures). En 2è année, le semestre sera réduit à 11 semaines (baisse de 8%). Un nombre réduit de semaines d’enseignement, pendant lesquelles il faudra transmettre des connaissances, des compétences, des méthodes, mais aussi évaluer les étudiants sur leurs acquisitions. De quelles acquisitions parle-t-on, sur une durée aussi réduite ? Quelle progression peut-on mettre en place ? Quel temps de maturation et d’assimilation peut-on laisser aux étudiants ?
S’ajoute à la réduction du nombre de semaines la suppression de cours spécifiquement prévus pour aider les étudiants à réussir leur 1ère année et mettre en place les bases pour la suite de la formation. Pour soi-disant compenser ces pertes de cours effectifs, les étudiants verront un volume horaire énorme alloué en 3è année à des « projets tuteurés », c’est-à-dire des travaux personnels sans réel encadrement de la part des enseignants. Il s’agit là d’un moyen pour ajouter des heures sur l’ensemble de la Licence sans générer des coûts supplémentaires.
À l’heure où l’on pousse de plus en plus de jeunes vers les formations universitaires, où la Faculté des Lettres et Sciences Humaines connaît une augmentation d’effectifs de +10% (plus de 4 000 étudiants), la Présidence fait le choix de ne pas publier 10 des 15 postes d’enseignants-chercheurs demandés pour l’année prochaine en remplacement de mutations ou de départs en retraite. L’Université de Franche-Comté choisit de consacrer 230 000 euros par an en prime pour une poignée de chercheurs “méritants”, d’allouer une part importante de son budget à des projets à forte visibilité internationale, dans des domaines dits “d’excellence” ou “innovants” en lien avec l’industrie et les technologies, au détriment de formations tout aussi excellentes et innovantes, tout aussi essentielles à notre société, tout aussi génératrices d’emploi et de richesse pour les jeunes générations. L’argent existe, mais les choix qui sont en train d’être faits indiquent clairement que la priorité n’est pas donnée à la formation des jeunes, et surtout pas dans le domaine des Lettres et Sciences Humaines.
Que souhaite-t-on pour nos jeunes dans les années à venir ? Des formations sacrifiées sur l’autel de la réduction des coûts ? Des “vrais” cours remplacés par une débauche d’heures de “projets” qui ne s’inscrivent pas dans une logique pédagogique mais répondent à des impératifs économiques ? Le choix entre un nombre restreint de Licences proposées localement ou un départ forcé vers d’autres universités, impossible à financer pour certaines familles ? Comment peut-on imaginer fournir aux jeunes un socle solide, sur lesquels ils pourront construire leur avenir professionnel, dans des conditions aussi dégradées ?
Nous, enseignants de la faculté des Lettres et Sciences Humaines, voulons défendre la qualité et la diversité des formations que nous proposons. Nous avons besoin de votre appui pour faire entendre à la Présidence de l’UFC que les choix qu’elle est en train d’opérer portent préjudice à la fois à la région (combien d’étudiants vont se détourner de Besançon et aller faire leurs études ailleurs ?) et à toute une classe d’âge dont les orientations professionnelles et les conditions de formation ne peuvent être soumises au pur facteur économique.
Dans un contexte de fusion des régions, où l’avenir de la Franche-Comté et de Besançon ne sont guère assurés, il est urgent d’attirer l’attention de tous et toutes sur l’importance d’un tissu universitaire vivant, ce qui implique que soient représentées toutes les disciplines, et en particulier les humanités et les sciences sociales, dont l’importance au vu des enjeux et des évolutions sociales et politiques actuelles est plus que jamais, centrale.
Michel PRETALLI, responsable du département d’italien et responsable de la formation LLCER
Nathalie PAVEC, responsable du département d’Anglais
Philippe LAPLACE, responsable de la licence d’Anglais
Jennifer MURRAY, responsable du Master Langues et Etudes Culturelles
Marta ALVAREZ, responsable du département d’Espagnol
Ida HEKMAT, responsable du département d’Allemand
Jasmine JACQ, responsable du département de Russe
Izabella THOMAS, responsable du parcours Traitement Automatique des Langues
Laurence LE DIAGON-JACQUIN, responsable du département de Musicologie
Michel SAVARIC, responsable du département LEA
Mina AÏT’MBARK, responsable du département LANSAD
Sandra NOSSIK, responsable de la Licence de Sciences du Langage
Guy LABARRE, responsable du département d’Histoire
Pierre NOUVEL, directeur du département d’Histoire de l’Art et Archéologie
Christian GUINCHARD, responsable du département de Sociologie
Marion BENDINELLI, responsable de la section Linguistique, Sémiotique, Philologie française
Pascal GILLON, directeur du département de Géographie
Frédéric GROSJEAN, responsable de la Licence de Géographie-Aménagement
Dominique ANSEL, directeur du département de Psychologie
Thomas GUARD, responsable du département de Langues anciennes
Claude BRUNET, responsable du parcours Lettres classiques dans la licence Arts et Lettres
Séverine EQUOY HUTIN, responsable de la Licence Information Communication
Arnaud MACÉ, responsable du département de Philosophie
Jean-Michel CALUWÉ, directeur du département Lettres Modernes
Bertrand DEGOTT, responsable de la Licence de Lettres Modernes
Guy FREIXE, responsable du département des Arts du Spectacle
Aurore DESPRÉS, responsable de la licence Arts du Spectacle
Mohamed EMBARKI, responsable du Master Français Langue Etrangère
André MARIAGE, directeur de l’UFR Sciences du Langage, de l’Homme et de la Société