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www.initiative-communiste.fr vous propose de retrouver gratuitement cet article du numéro 150 d’Initiative Communiste d’aout 2014 qui révèle la façon dont l’austérité conduit à la dégradation des conditions d’hospitalisation.
Santé : l’austérité jette les patients dehors des hôpitaux !
Nunc ambulandum est *
Dans le cadre des « économies » à réaliser sur la santé pour pouvoir continuer à payer la rente des banques (2000 milliards, quand même), la chirurgie ambulatoire est mise en avant comme une solution d’avenir…
Des installations sanitaires comme capital fixe…
En fait, elle vise à rentabiliser au mieux les installations sanitaires (capital). Pour cela, on a cessé dès 2005 de prendre en compte l’hospitalisation dans le calcul des prises en charge : ce fut la tarification dite T2A. Jusque là, une hospitalisation pour des soins, en médecine, en chirurgie ou en maternité, dans le public ou dans le privé, faisait l’objet d’une double prise en charge par la Sécurité Sociale : d’une part les actes médicaux cotés suivant la Nomenclature Générale des Actes Professionnels (NGAP) et d’autre part l’hospitalisation elle-même sur la base d’un « prix de journée ».
Celui-ci incluait l’accueil, les soins, la partie dite « hôtelière » c’est à dire la chambre, le lit, le ménage et les repas (travail vivant). Et l’hospitalisation faisait partie des soins prodigués.
La fermeture des buanderies au profit des laveries industrielles, des cuisines au profit des magnats de la restauration de masse et souvent du ménage au profit des entreprises de nettoyage avait initié le processus. Autant d’agents de service hospitalier (ASH) en moins dans le budget de l’établissement, et autant de bénéfice pour les entreprises extérieures. Bien entendu ces dernières paient leurs employés au minimum. Et évidemment pas de statut ni de reconnaissance de compétence.
Des patients comme capital variable !
La tarification T2A a carrément oublié l’hospitalisation. « Dès lors qu’elle introduit un paiement forfaitaire qui ne dépend pas de la durée de séjour, la T2A fournit, de fait, des incitations directes à réduire les coûts et donc raccourcir la durée des séjours. Une autre stratégie possible (indésirable) consiste à renvoyer les patients à leur domicile prématurément d’un point de vue clinique … »1.
« Dans les établissements privés à but lucratif, une forte augmentation … des séjours de chirurgie ambulatoire a été observée de manière concomitante à une baisse des séjours d’hospitalisation complète en obstétrique et en médecine » 1
En obstétrique la maman et son bébé sont mis à la porte en 3 jours en cas d’accouchement par voie basse, 4 jours en cas de césarienne (ex. hôpital d’Orsay). Autant dire que le repos de la maman, la relation maman-bébé, la réussite de l’allaitement sont tenus pour des balivernes. Et la jeune maman se retrouve à la maison, avec un bébé auquel il faut apprendre à répondre sans s’angoisser de trop, avec des seins durs et sensibles si elle a décidé d’allaiter, éventuellement une plaie entre les jambes en cas d’épisiotomie ou sur le ventre en cas de césarienne, plus les charges habituelles du ménage qui ont attendu son retour. Et ce n’est pas la visite une fois par jour d’une sage-femme à domicile qui règle tout cela.
Hausse de la productivité… et des réadmissions !
Aujourd’hui la technologie moderne a accentué la tendance. De nombreux actes chirurgicaux même les plus lourds (appendicite, hernie, vésicule biliaire, hystérectomie…) peuvent se réaliser sous endoscopie, c’est à dire sans ouvrir le ventre. L’hospitalisation est alors de quelques heures à quelques jours. Bien entendu c’est dans le secteur privé à but lucratif que ces techniques sont utilisées massivement.
« le secteur privé reste le principal producteur de l’activité de chirurgie ambulatoire : en 2009, 70 % de la chirurgie ambulatoire était réalisée par les secteurs privé à but lucratif et non lucratif » 1.
Résultat : « hausse de la croissance de la productivité des établissements publics mais perte de productivité des dépenses d’assurance maladie (le rapport entre la croissance de recettes versées et la croissance de la production) dans le secteur privé lucratif » 1
Et cela ne va pas sans inconvénient : le nombre de réadmissions (pour complications) est multiplié par 6 lorsque l’hospitalisation pour ablation de la vésicule biliaire passe de 3 jours à 1 jour, par 2 lorsque le séjour en maternité passe de 3 à 2 jours.2
Commission Santé du PRCF
* Maintenant, il faut aller se promener…
1Document de travail n° 56 – IRDES – Avril 2013 Activité, productivité et qualité des soins des hôpitaux avant et après la T2A
2 S. Bahrami et col Lien entre durée de séjour et réadmissions en chirurgie et en obstétrique.
EMC :10.1016/j.respe.2008.01.010