Sélection à l’Université, reforme du Bac : Macron attaque les lycéens et étudiants ! Profitant de la passivité et même de la complicité de certains états- majors syndicaux, Macron, après s’en être pris aux travailleurs avec les ordonnances Loi Travail, attaque maintenant frontalement la jeunesse.
Son objectif est double: supprimer le BAC national et les diplômes nationaux, instituer la sélection à l’entrée de l’université. Deux vieilles idées qui sont deux préalables pour permettre d’une part de finaliser la remise en cause de conventions collectives entamée avec les ordonnances loi travail, d’autre part de finaliser la privatisation de l’enseignement supérieur pour générer des milliards d’euros de profits pour la classe capitaliste. Les grandes victimes et les grands perdants de la réforme ? Lycéens, étudiants et travailleurs.
Quelques explications pour comprendre et convaincre les jeunes qu’il y a urgence à se mobiliser !
Il y a déjà un pré-requis pour entrer à l’Université : le BAC national ! Ce que veut Macron ? la sélection à l’Université!
Prenant prétexte des scandaleux dysfonctionnement de la plateforme d’orientation à la sortie du lycée APB (admission post bac – lire ici) le gouvernement veut imposer la sélection à l’entrée de l’Université. 90 000 lycéens s’étaient retrouvés privés d’entrée à l’Université au début de la rentrée 2017.
De fait, en raison de l’augmentation du nombre d’étudiants entrant dans l’enseignement supérieur – principalement liée à la démographie due au baby boom de l’an 2000 – il y a pénurie de places dans l’enseignement supérieur. Et donc les universités croulent sous les demandes d’inscriptions puisque, euro- austérité oblige, le nombre d’enseignants, le nombre de cours n’ont pas été eux augmentés. C’est principalement cela qui explique la saturation des universités et la mise en place scandaleuse à la rentrée 2017 de tirages au sort qui ont généré une profonde indignation. Plutôt que de résoudre ce problème, le gouvernement Macron veut l’utiliser en vertu du principe « qui veut tuer son chien lui donne la rage ». Et donc il prend argument de la pénurie qu’il a lui-même organisée pour tenter d’imposer une vieille revendication du grand patronat, de l’oligarchie capitaliste : la sélection à l’entrée de l’Université. Bien sûr, face à des lycéens, des étudiants et leurs familles qui sont vent debout contre une mesure aussi inique, le gouvernement biaise et fait de la com’, jurant que non, il n’y aura pas de sélection mais simplement l’examen de pré-requis pour permettre l’entrée à l’université. C’est vraiment prendre les jeunes pour des imbéciles. Les pré-requis seront tout simplement les critères de la mise en place d’une sélection à l’entrée de l’Université.
Résumons le contenu de la réforme de l’Université écrite par la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal :
- réduction du nombre de vœux possibles de 24 à seulement 10 – groupement des vœux, et fin du classement par ordre de préférence des vœux;
- les université pourront sélectionner sur dossier leurs étudiants sur la base d’un avis du conseil de classe sur les vœux de chaque lycéen et des relevés de notes. C’est cela ce que la ministre appelle la vérification de prérequis;
- pour les lycéens n’ayant pas de place à l’issue de la sélection sur dossier, ils se verraient privés de l’accès direct en première année de licence mais devraient passer par une année préparatoire dont la réussite conditionnerait l’accès à l’université.
Le gouvernement met ici en avant le fait que cette méthode devrait permettre de vérifier que les lycéens ont les prérequis pour s’inscrire à la Fac. Mais c’est oublier un peu vite que le système éducatif français a déjà prévu un vaste examen général, national, identique pour tous les lycéens : le BAC ! En effet, le diplôme national du Baccalauréat permet la vérification à l’occasion d’un examen unique, anonymisé et identique pour tous que le lycéen qui l’obtient a bien les connaissances et le savoir faire nécessaires pour poursuivre des études à l’Université dans l’Enseignement supérieur. Pas besoin donc d’une sélection sur dossier.
La sélection à l’Université empêchera les étudiants les plus pauvres d’accéder à l’université
Il faut au contraire souligner le cynisme du pouvoir Macron.
En même temps qu’il institue la sélection sur dossier à l’entrée de l’Université, il s’attaque à la suppression du BAC, le diplôme national donnant accès à l’université : une large partie du BAC ne reposera plus sur des épreuves identiques pour tous, mais sur un contrôle continu, trois ou quatre matières seulement faisant l’objet d’un examen. Dans ces conditions, c’est le caractère national et identique du diplôme du baccalauréat qui est remis en cause. Selon le lycée où vous vous trouverez – lycée pauvre de banlieue ou riche lycée privé des beaux quartiers, votre bac n’aura plus la même valeur et il ne vous donnera pas le même droit d’accès l’université. Si dans le second cas, à n’en pas douter, il n’y aura pas de barrières mises en place, dans le premier, pour les lycéens des banlieues, des lycées défavorisés, la sélection permettra sous prétexte d’absence de « prérequis » de leur permettre d’accéder à l’Université, sauf à entreprendre une coûteuse année supplémentaire d’études.
Quand on sait que la première cause d’échec en première année de licence c’est le fait pour les étudiants de devoir travailler pour financer leurs études, on comprend bien que la soit-disant « année de remise à niveau » voulue par le gouvernement Macron va tout simplement être une barrière pour empêcher les lycéens les plus pauvres d’accéder à l’enseignement supérieur et à réserver les filières les plus porteuses aux lycéens des beaux quartiers.
Par ailleurs, il faut bien comprendre que cette problématique du bac dépasse la seule question de l’accès à l’université. En effet, sous l’impulsion des communistes à la Libération, les travailleurs ont bénéficié d’un système de garanties collectives de leurs droits, les conventions collectives. Aussi appelées accords de branches. Ce sont eux qui sont déjà remis en cause par les ordonnances loi travail XXL et la loi travail de Macron-Valls voulues par l’UE et le MEDEF. Au cœur de conventions collectives il y a les grilles de salaires de chaque branche, et ces grilles reposent … sur les diplômes nationaux. Ce qui permet de garantir un niveau de salaire minimum lorsqu’un travailleur a un CAP ou un BEP, un BAC, un BAC +3 ou BAC + 5… On comprend ici que ces diplômes nationaux qui permettent de construire les garanties collectives d’un niveau minimum de droits et de salaires sont une protection importante contre les salaires à la tête du client et donc un frein à la baisse des salaires dans un contexte d’euro-dumping social et salarial généralisé. C’est bien pour cela qu’ils sont dans le collimateur. En s’attaquant au BAC national, il s’agit aussi de faire tomber ce qu’il reste des conventions collectives et livrer pieds et poings liés chaque travailleur sous la menace du chantage à l’emploi, au renforcement de l’exploitation. C’est bien pour cela qu’il faut lier, tous ensemble et en même temps la lutte contre la sélection à l’entrée de l’université, pour sauvegarder le BAC national et contre les ordonnances loi travail XXL.
Syndicalistes lycéens, syndicalistes étudiants, syndicalistes salariés, tous ensemble, il y a donc urgence a organiser une grande et puissante manifestation unitaire et nationale à Paris : à 1 million sur les Champs Élysées, il est évident que le pouvoir du président Macron – le plus mal élu et qui bat déjà des records d’impopularité – ne pourra plus continuer à attaquer les travailleurs et la jeunesse de ce pays.
La sélection à l’entrée de l’Université ? Une vieille idée, qui a été bloquée par mai 68
Les propagandistes médiatiques qui font le service après-vente des attaques anti-populaires de Macron, veulent faire croire que la réforme de l’Université que veut mettre en place Macron serait une réforme moderne, une idée neuve et innovante. Que nenni ! Le principe de la sélection à l’entrée de l’Université c’est au contraire un très vieux serpent de mer de la vieille droite rance. Tellement vieux que le texte de loi voulu par Macron apparaît comme une copie conforme de la loi voulue par De Gaulle en mai 68, une loi tellement injuste qu’elle va conduire des dizaines de milliers d’étudiants et de lycéens dans la rue, contribuant à la mobilisation de mai 68.
Jugez plutôt, voici ce que le gouvernement de l’époque prévoyait :
« L’inscription automatique interviendra, dans la voie choisie, pour la moitié environ ou les deux tiers des bacheliers: ceux qui ont obtenu une mention plus ceux qui ont obtenu 12 sur 20 dans les disciplines fondamentales de la voie choisie. Pour les autres, le droit à l’inscription ne sera pas automatique. Le bachelier pourra se porter simultanément candidat à plusieurs établissements. Les candidatures seront examinées, sur présentation du dossier scolaire, par des jurys d’établissement, lesquels pourront accepter ou refuser l’admission ».
C’est exactement la même chose que les « prérequis » voulus par Macron-Medef ! Les lycéens et les étudiants savent donc ce qui reste à faire, puisque le texte de De Gaulle qui devait être adopté en mai 1968 sera retiré sous la pression de la grève générale.
JBC – pour www.initiative-communiste.fr
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