Manifestation du 28 juin 2018 à Paris – Laurent Brun secrétaire général de la CGT cheminot avec le numéro de mai d’Initiative Communiste où il a donné une interview très commentée
La bataille du rail continue. Et ce n’est pas le petit et mesquin occupant de l’Elysée qui, en signant sur un réhausseur la loi votée par ses députés godillots, après avoir donné une chaise basse à son porte parole, va stopper la bataille. Bien au contraire !
Les 6 et 7 juillet les cheminots reconduisent la grève pour stopper l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de passagers, la suppression du statut de cheminot et la privatisation de la SNCF imposés par les directives européennes que vient traduire la réforme ferroviaire du régime Macron.
Rappelons que la « réforme ferroviaire » a été annoncée de longue date – si ce n’est dans le programme du candidat Macron qui ne la mentionnait pas du tout – par la Commission européenne. Ainsi, les très patronaux journaux Les Echos et Le Monde titraient-ils en 2010 :
- Le statut de la SNCF dans la ligne de mire de Bruxelles – Les Echos 31 mai 2010
-
Bruxelles veut transformer la SNCF en société anonyme – Le Monde 31 mai 2010
Réforme ferroviaire : le massacre du transport de marchandises se poursuit, aux ordres de la Commission européenne
754 suppressions de postes. Avec la bénédiction du régime Macron, c’est le nombre de postes que la direction de la SNCF va supprimer dans la branche Fret de la SNCF. Ces suppressions de postes s’ajoutent à la longue cohorte de milliers de postes supprimés depuis que l’Union Européenne a imposé l’ouverture à la concurrence du secteur. Ces 16 dernières années, les effectifs de cheminots de la branche Fret ont été divisés par quatre. Alors que la SNCF se développait dans le transport routier avec sa filliale Geodis Calberson. C’est donc 14% des postes de cheminots dans le Fret qui vont être supprimés.
Le bilan de l’ouverture à la concurrence du Fret devrait alerter, au delà des seuls cheminots, les usagers. Entre 1990 et 2013, d’après les chiffres du ministère des Transports, la part du chemin de fer dans le Fret à diminué de 27%. Face à la diminution du transport de marchandises par rail, la direction de la SNCF n’a eu de cesse que d’augmenter ses tarifs (ils sont passés de 3,9 centimes par tonne et par kilomètre en 2004 à 4,3, des tarifs similaires à ceux pratiqués en Allemagne par la Deutsche Bahn) tandis que le trafic a diminué de 50%. Rappelons que, ramené à la tonne, le fret ferroviaire demeure trois fois moins cher que le transport par camion (12 centimes par tonne et par kilomètre). Le problème n’est pas le tarif, mais bien la stratégie de la SNCF résultant des directives européennes. Au tournant des années 2000 alors que le fret est ouvert à la concurrence, la SNCF s’empresse de faire la chasse à ses contrats les moins rentables et exécute le transport par wagon isolé pour se focaliser sur le train complet plus rentable. Renvoyant directement des parts de marchés à la route. Et dès 700 millions d’euros investis dans le plan fret pour accompagner l’ouverture à la concurrence, une partie significative sera destinée à l’achat de 400 locomotives… qui seront mise à disposition en location des concurrents privés de la SNCF. Pire, la SNCF crée même une entreprise privé, la VFLI pour se faire concurrence à elle même.
Le recul du rail est un recul organisé, en interne comme par le gouvernement : avec une des meilleures façades maritimes européennes, les ports français ne réalisent leur acheminement de marchandises presqu’exclusivement que par la route (3% pour le port du Havre contre 30% pour le port allemand de Hambourg). Et cela s’est aggravé avec le transfert des voies de chemin de fer des ports aux grands ports maritimes, morcelant un peu plus le service public ferroviaire. En même temps, les services du ministère des Transports confirment la désorganisation organisée du Fret ferroviaire, dénonçant le mécanisme inefficace d’attribution des sillons comme l’une des causes de l’effondrement de ce secteur. Les sillons, ce sont les trajets accordés à chaque train pour circuler sur le réseau.
En matière d’investissement dans les transports, il est également important de rappeler que le pouvoir investit prioritairement dans les routes (50%) contre 21% pour le réseau ferré national et 8% pour les ports. Rappelons que les exonérations fiscales favorisant le transport routier (notamment concernant la TICPE) c’est 1,070 milliards d’euros chaque année ! Mais à l’interne même de la SNCF, il est également important de souligner que la direction de la SNCF a préféré investir massivement dans le transport routier de marchandises avec la filliale de droit privé Geodis Calberson.
De fait, ce qui s’est passé ces 20 dernieres années avec le Fret annonce ce qui va se produire pour le transport de voyageurs :
- fermeture des lignes et gares les moins rentables, concurrence exarcerbée uniquement sur les lignes principales les plus rentables
- augmentation des tarifs
- baisse de la qualité de service à l’usager, dégradation de la sécurité
- privatisation des bénéfices, nationalisation des pertes : les contribuables vont devoir payer pour que des entreprises privées s’emparent du patrimoine national. C’est bien cela qui est annoncé avec la reprise par l’état d’une partie de la dette de la SNCF
De fait, c’est bien ce qui va s se produire, car c’est ce que l’on peut constater de la Grande Bretagne à la Finlande en passant par l’Allemagne.
Alors oui, avec les cheminots, usagers, tous ensemble, la bataille du rail continue
JBC pour www.initiative-communiste.fr