Il n’aura donc fallu attendre que quelques semaines pour entendre confirmer de la bouche du patron de la SNCF Guillaume Pépy qu’à la suite de la réforme ferroviaire le statut serait supprimé pour tous les cheminots. En effet, si le régime Macron n’a eu de cesse d’affirmer dans sa propagande que sa loi de réforme ferroviaire ne supprimerait le statut que pour les nouveaux cheminots recrutés et que les cheminots employés au statut actuel ne seraient pas concernés, Pépy vient de faire des déclarations faisant voler en éclat ce mensonge. Dans une interview au très patronal quotidien Les Échos, Pépy déclare ainsi de façon on ne peut plus claire :
« Il ne peut y avoir de SNCF à deux vitesses, avec les statutaires, d’un côté, et les nouveaux salariés, de l’autre. Le nouveau pacte social concernera donc tous les cheminots » Pépy – Les Échos 3 octobre 2018
Le patron de la SNCF a également annoncé à demi-mot un vaste plan social, à l’image de ce qui avait suivi dans les conditions terribles que l’on connaît la privatisation de France Telecom
« Nous allons favoriser la mobilité, géographique et professionnelle, à l’intérieur mais aussi à l’extérieur du groupe, pour ceux qui voudront poursuivre un autre projet »
De la même façon que le mensonge de la non suppression du statut pour les cheminots en poste vole en éclat aujourd’hui, il apparaît déjà que celui sur la non privatisation de la SNCF va éclater de la même façon. Une fois que l’État a repris à sa charge la dette du réseau ferroviaire, la privatisation des branches les plus rentables de la SNCF est en cours. À l’image de ce qui se passe pour les gares. Dès cet été, la SNCF a ainsi lancé la privatisation en catimini de la plus grande gare de passager d’Europe, la gare du Nord à Paris, montant une société d’économie mixte concernant cette gare et cédant au passage les 2/3 des parts au groupe Auchan !
Dans ces conditions, plus que jamais, le PRCF appelle à l’action aux côtés des cheminots en lutte :
SNCF – COMMUNIQUÉ DE LA COMMISSION LUTTES du PRCF
(Bagneux le 5 octobre 2018)
Il fallait s’y attendre ! Guillaume Pépy, homme de main de Macron, le valet de l’Union européenne, vient de sonner le glas de la Sncf. Pour Macron et sa majorité LREM tout ce qui protège les travailleurs et notamment les statuts SNCF, EDF, fonction publique etc. doit disparaître pour laisser place à la concurrence « libre et non faussée » imposée par Bruxelles. Laisser la place à la déréglementation du transport ferroviaire des passagers après celle du fret, qui va avoir pour conséquence la suppression de guichets et bulles d’information, l’automatisation de la conduite, la suppression des agents d’accompagnement, la fermeture des technicentres d’entretien du matériel, la suppression du fret ferroviaire au profit de la route, l’utilisation massive de la sous-traitance en gare et dans l’entretien des voies, le tout : accompagné de 14 000 suppressions d’emplois d’ici 2025.
Plus grave encore, les annonces de Pépy tendent à remettre en cause le maintien du statut pour les personnels déjà engagés ! Décidément, la « parole » de ce gouvernement ne vaut pas plus cher que celle de Sarkozy jurant devant le parlement qu’EDF-GDF ne serait jamais privatisé !
Le but n’est pas seulement de casser la SNCF mais de briser le rebond possible de la grève des cheminots à un moment où ce gouvernement discrédité, minoritaire et pour tout dire, illégitime pour casser notre pays, veut attaquer les retraites par répartition et le statut de la fonction publique, ce qui comporte pour lui le risque de relancer l’aspiration au « tous ensemble en même temps ».
Dans ces conditions on comprend moins que jamais comment il est possible que Martinez et la confédération CGT, qui prétendent déjà scandaleusement proscrire des cortèges syndicaux les partisans du Frexit progressiste, peuvent signer des textes communs avec la CFDT où le « dialogue social » bidon est encensé et où l’idée fondatrice de la CGT que les intérêts des capitalistes et ceux des prolétaires sont antagoniques, est carrément niée. Plus que jamais il est temps que les syndicalistes de classe qui sont nombreux dans le pays, et qui contestent le rapprochement CGT/CFDT, qui veulent rompre avec la C.E.S. et se rapprocher de la FSM se rencontrent, car il n’y aura pas de « tous ensemble en même temps » des travailleurs sans un front de lutte des syndicalistes de classe reprenant le drapeau d’une contestation frontale du capitalisme, des guerres impérialistes et de la funeste « construction européenne ».
Solidaire des agents de la SNCF dans leur combat pour le maintien d’une entreprise nationale au service des usagers, le PRCF et sa commission luttes, dénoncent la privatisation et la suppression du statut, apportent leur soutien aux futures luttes des cheminots et cheminotes qui vont avoir lieu dans les semaines à venir, appellent les usagers du train à faire bloc à côté des travailleurs du rail car leur lutte est aussi celle des millions de passagers de la SNCF.