Au lendemain du Comité Central d’Entreprise où 2900 suppressions d’emplois ont été annoncées, la presse aux ordres a fait ses choux gras des actes de colère très compréhensibles qui ont eu lieu lors de cette immense et pacifique journée de mobilisation de salarié(e)s Air France.
Personnels au sol, personnels navigants commerciaux et pilotes étaient réunis pour protester, tous ensembles, contre ce énième plan de licenciements et de réduction des droits sociaux et salariaux.
Comme à leur habitude, certains médias aux ordres ont tenté d’opposer les salariés entre eux, prophétisant même des tensions entre catégories de personnels. Cette stratégie de division est régulièrement entretenue depuis le conflit des pilotes en septembre 2014.
Contre tous les pronostics, un immense cortège de manifestants à marché vers les aérogares où des forces de police les attendaient.
Si les médias on fait la une sur les chemises arrachées à deux hauts dirigeants de l’entreprise, par contre silence radio sur les brutalités policières qui ont blessé plusieurs salarié(e)s pourtant calmes à l’entrée du terminal E. Ils/elles ont été molesté(e)s sans ménagement, subissant également des jets de lacrymogène.
Pour comprendre la colère des salarié(e)s Air France, ayons à l’esprit que la direction leur avait promis qu’après les efforts contraints fournis dans le cadre du plan Transform !, un plan de croissance serait lancé. Entre temps, un nouveau plan Perfom ! (toujours en anglais, encore une forme de mépris pour les salariés et pour les clients francophones d’Air-France !) est sorti des tiroirs. Sauf qu’il ne correspond en rien au projet initialement promis. Il s’agit en fait d’un plan d’austérité qui prévoit la réduction drastique de l’effectif et de suppressions d’emplois. Le plan Perform concerne les années 2016 et 2017 : si le retrait de 5 avions de la flotte en 2016 entraîne 2900 suppressions d’emplois, alors le retrait de 9 avions supplémentaires en 2017 entraînerait la suppression de 5220 emplois supplémentaires, soit un total de plus de 8000 emplois. Les salarié(e)s et une majorité de syndicats se sentent aujourd’hui floués et exigent une autre trajectoire pour Air-France. Au lieu d’être « in the air », comme le dit sa pub, Air-France doit ATTERRIR, et le gouvernement, qui est l’actionnaire décisionnaire, doit prendre ses responsabilités pour préserver l’emploi et en finir avec un « dialogue social » qui n’est qu’une mascarade cachant de plus en plus mal la volonté de FERMER Air-France en faisant porter le chapeau aux syndicats les plus combatifs.
Nous condamnons fermement les 6 interpellations de salariés intervenues ce matin. Interpellation comme si ces travailleurs était des membres du grand banditisme ou des trafiquants de drogue ou d’armes » alors que la vraie violence vient de l’indécent patron d’Air-France, cet Alexandre de Jugnac qui regrette publiquement l’interdiction du travail des enfants ou l’existence d’un âge légal pour la retraite, qu’elle vient des plans de licenciements à répétition qui brise les vies et les familles, qu’elle vient de l’Union européenne où le « moins-disant social » consécutif à l’ « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » dynamité tous les acquis populaires. Un jour ou l’autre, le pouvoir des travailleurs, cette démocratie supérieure faite pour la majorité laborieuse de la population et que Marx appelait dictature du prolétariat, succèdera à la dictature des actionnaires que dissimule de plus en plus mal la fausse démocratie actuelle.
Nous apportons notre soutien à tous les travailleurs qui luttent contre les violences patronales, aux agressions médiatiques et policières et exigeons la libérations immédiates des six ouvriers d’Air-France pris en otage par le patronat et par le gouvernement de Valls-MEDEF.
Jo Hernandez secrétaire de la commission luttes du PRCF
Communiqué de la Commission Luttes du PRCF
Toute cette violence de la classe dominante et des larbins au pouvoir et dans les médias me refait songer à ces vers d’Hugo (les Années funestes) dont je voudrai qu’ils résonnent fort dans la tête du Peuple d’aujourd’hui :
Vous n’avez pas pris garde au peuple que nous sommes.
Chez nous, dans les grands jours, les enfants sont des hommes,
Les hommes des os, les vieillards des géants.
Oh ! comme vous serez stupides et béants,
Le jour où vous verrez, risibles escogriffes,
Ce grand peuple de France échapper à vos griffes !
Le jour où vous verrez fortune, dignités,
Pouvoirs, places, honneurs, beaux gages bien comptés,
Tous les entassements de votre orgueil féroce,
Tomber au premier pas que fera le colosse !
Confondus, furieux, cramponnés vainement
Aux chancelants débris de votre écroulement,
Vous essaîrez encor de crier, de proscrire,
D’insulter, et l’Histoire éclatera de rire.