Le 14 décembre dernier à Grenoble, c’est devant une bourse du travail fourmillant de monde venu pour assister à l’assemblée générale de soutien aux salariés d’Ecopla – dont l’industrie est en passe d’être détruite au nom du profit et avec le soutien du gouvernement PS et en particulier la mobilisation de Macron – organisée à l’initiative de la CGT métallurgie 38 qu’une délégation de syndicalistes coréen de Samsung a pu alerter les travailleurs du bassin grenoblois de la violente répression anti syndicale qui se déroule dans cette multinationale. Une multinationale qui n’est pas inconnue pour nombre de salariés de la vallée du Grésivaudan.
Ce moment de solidarité de classe et internationaliste mobilisant ensemble travailleurs de Corée et des alpes, syndicalistes de tous les pays a eu lieu à l’initiative de l’AAFC et grâce au soutien du PRCF 38 et la mobilisation de la CGT 38.
A l’issue de l’AG, la décision d’occuper l’usine Ecopla a été prise. Avec l’espoir de gagner, comme les FRALIB ont démontré qu’il est possible de le faire, en se mobilisant tous ensemble. Une vraie leçon de solidarité de classe.
Samedi 17 décembre, les salariés d’Ecopla ont réinvesti LEUR usine
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Grand succès de la conférence du Syndicat Général de Samsung à Grenoble
Le 14 décembre, les syndicalistes sud coréens du Syndicat Général de Samsung en tournée en Europe sont passés par Grenoble pour y donner une conférence.
Grâce à l’appui de la CGT métallurgie Isère, ils ont pu s’exprimer juste avant la réunion « Alu Debout » organisée en coopération avec Fakir en soutien aux salariés d’Ecopla. Ceci a permis de faire connaître leur combat auprès de plusieurs centaines de personnes. Cela fut également l’occasion d’établir des contacts avec des syndicalistes du bassin grenoblois, qui a une importante industrie de la microélectronique. Leur venue à Grenoble a été organisée par le Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud (CILD), l’Association Amitié France-Corée (AAFC), avec le soutien du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) et du Comité internationaliste pour la solidarité de classe(CISC) qui remercient chaleureusement les organisateurs de la soirée Ecopla: CGT Métallurgie Isère, Union Locale CGT Grenoble, Salariés Ecopla, Fakir qui ont accepté d’ouvrir l’assemblée générale de soutien aux Ecopla à la solidarité internationaliste.
Les syndicalistes ont d’abord commencé par chanter leur chant de combat pendant la manifestation
puis chacun d’entre eux a exprimé son vécu et la situation générale des travailleurs de Samsung
et des sous-traitants de Samsung.
Ils ont rappelé que Samsung représente un quart du PIB de la Corée du Sud. Cette situation particulièrement aiguë de concentration capitalistique donne aux propriétaires de Samsung une influence démesurée dans la politique de la Corée du Sud, ainsi surnommée « République de Samsung ».
Ils usent de leur influence pour une politique antisalariée particulièrement féroce: interdiction du Syndicat Général de Samsung, seul syndicat réellement combattif, salaires bas, conditions de travail malsaines, conditions dures envers les sous-traitants. Il est important que les conditions de travail à Samsung soient enfin connues à l’étranger pour mettre fin à ces faits inacceptables.
- Kim Sung-hwan est intervenu en tant que Président du Syndicat général des travailleurs de Samsung, syndicat illégal. Alors qu’il travaillait auprès d’un sous-traitant de Samsung, Kim Sung-hwan a créé en 1996 un syndicat indépendant, ce qui a entraîné la rupture de son contrat de travail puis une condamnation à trois ans de prison, de 2005 à 2007, suite à une plainte pour diffamation déposée par la firme. Depuis octobre 2012, Kim et ses camarades manifestent tous les mercredi devant le siège de Samsung pour exiger le respect du droit constitutionnel de s’organiser en syndicat et, plus généralement, la défense des droits des travailleurs.
- Jung Ae-jung a perdu son mari à l’âge de 31 ans suite à une exposition à des produits toxiques dans le cadre de son travail qui a entraîné une leucémie. Elle a également fait une fausse couche à cause du travail.
- Kim Ji-sook avait commencé à travailler pour le compte de Samsung avec sa soeur en installant un poste de fabrication à domicile. Il s’agissait pour elle de payer les soins à sa mère malade, sachant qu’il n’existe pas de sécurité sociale en Corée du Sud. Malheureusement, l’exposition à des produits toxiques avec du nickel l’a rendue malade de leucémie ainsi que sa soeur. Si elle
a pu survivre à sa leucémie, ce n’est pas le cas de sa sœur, qui en est morte, suivie peu après par sa mère tuée par le chagrin. Lorsqu’elle protesta devant l’entreprise, elle fut frappée et blessée par le personnel de sécurité.
Au total, 223 salariés ou anciens salariés du groupe sont atteints de leucémie, et 76 d’entre eux en sont morts. Pourtant, le groupe Samsung s’obstine à reconnaître le moins possible de leucémies comme des maladies professionnelles dont il est responsable. Le profit ne connait pas la morale mais uniquement le rapport de force.- Choi Sung-chul était un ancien patron de PME sous-traitante de Samsung et avait trois usines, deux en Corée du Sud et une en Chine. Samsung donne des sommes importantes d’argent aux partis politiques et aux politiciens. Choi Sung-chul obéissait ainsi aux requêtes impérieuses du groupe Samsung en faisant des dons hors de tout lien contractuel. Cependant, les exigences devenant de
plus en plus intolérables, il refusa un jour de donner. Cela conduisit Samsung à mettre fin à tous ses contrats et à mettre son entreprise en faillite: il a tout perdu. Ceci montre le haut niveau de concentration du capital en Corée du Sud, qui conduit à l’affaiblissement des PME au profit des monopoles, en particulier de Samsung.Pour faire taire ses opposants, Samsung n’hésiterait pas à lancer des procès, à achèter le silence des médias sud-coréens, ou à mettre sur écoute et organiser des filatures. C’est contre ce système politique et économique corrompu, dont Samsung est le symbole le plus flamboyant, que des millions de Coréens se sont soulevés ces dernières semaines, jusqu’à obtenir le vote par le Parlement d’une motion de destitution de la Présidente Park Geun-hye. Mais ce n’est qu’un début, pour l’avènement d’une réelle démocratie politique et sociale en République de Corée, et qui exige plus que jamais la solidarité internationale avec les militants politiques et syndicaux en lutte. Tel est le sens du combat mené par le CILD.
Nous pouvons nous aussi en France aider ces camarades coréens dans leur lutte en faisant connaître le plus largement possible les pratiques intolérables du groupe Samsung.