Par Georges Gastaud, responsable du secteur Études et perspectives au PRCF – 1er janvier 2025
Même un premier janvier, qui prêterait attention à un analyste politique qui se risquerait à minimiser la gravité de la situation nationale et internationale ?
Sur le plan mondial, la situation continue d’être lourdement marquée, « Harris ou pas Harris, Trump ou pas Trump », par la marche à la guerre impérialiste mondiale, y compris à dimension nucléaire. Cette marche est obstinément conduite par l' »hégémon » du monde capitaliste en crise, l’impérialisme états-unien flanqué de ses complices anglo-saxons (le groupe dit « A.UK.US« ), israélien, européen, japonais, sud-coréen et autres. Pour peu que l’on écarte un peu le rideau ténébreux de l’intox belliciste que propagent en permanence nos médias privés ou d’État, on a tôt fait de constater que l’hégémonisme euro-atlantiste tire partout les ficelles de la « marche au conflit global de haute intensité » théorisé, annoncé, préparé, fomenté par l’UE-OTAN depuis le coup d’État d’Euro-Maïdan » (2014). Cette marche fascisante à la guerre continentale et mondiale cible d’abord la Russie, victime d’un encerclement en règle de la Baltique au Caucase en passant par le Donbass. Elle vise aussi, à travers un « Grand Rift » planétaire creusé par l’impérialisme occidental, le peuple palestinien méthodiquement génocidé, le Liban martyrisé, l’ex-Syrie souveraine en voie de dépeçage, l’Iran, la Chine, la Corée populaire, sans oublier, de manière plus « périphérique », non seulement Cuba socialiste et les pays latino-américains de l’ALBA (où l’assaut impérialiste prend la forme d’un siège économique), le Soudan désarticulé, le Congo démocratique agressé ainsi que d’autres pays de l’Afrique francophone en rébellion contre la « Françafrique » en débandade.
Ajoutons que l’impérialisme-hégémonisme n’hésite plus depuis longtemps, pour frapper ses « ennemis stratégiques » (grands pays émergents des BRICS, Sud « global » en marche vers sa souveraineté, et derrière eux tous, classes travailleuses du monde entier maltraités et paupérisées par les politiques dites néolibérales) à s’allier avec la lie criminelle de l’humanité: racistes génocidaires israéliens, terroristes d’Al Qaida provisoirement recyclés en « libérateurs syriens », obscurantistes chinois de la secte Falungong, nostalgiques déclarés des Waffen SS lettons, admirateurs du pogromiste ukrainien Stepan Bandera, néo-mussoliniens de Meloni, miliciens ukrainiens tatoués de croix gammés, etc. Comment s’en étonner si l’on a compris, comme Lénine le démontrait déjà en 1816 que « l’impérialisme, c’est la réaction sur toute la ligne« , et si l’on saisit en outre qu’aujourd’hui les tendances à l’exterminisme – la propension du capitalisme pourrissant à sacrifier l’humanité s’il le faut pour maintenir à tout prix son hégémonie – deviennent un axe structurant de la politique hégémoniste de l’Axe euro-atlantiste ?
Sur le plan national, les choses ne vont guère mieux. Non seulement parce que, par-delà les crises gouvernementales à répétition, l’Élysée et les euro-gouvernements successifs continuent de dissoudre la France dans l’Europe supranationale du capital (c’est ce qu’ils appellent le « saut fédéral européen », que le peuple français avait pourtant rejeté de fait en repoussant la « constitution européenne »…). Soumettant le pays aux diktats de la finance internationale, strangulant les retraites solidaires, la Sécu, l’hôpital et l’école laïque au nom de l’euro-austérité, ils détruisent nos industries, nos pêcheries, notre commerce de proximité et notre agriculture paysanne à coups de délocalisations patronales et de traités libre-échangistes ruineux. Enfin, dans le but de mettre en place le « grand marché transatlantique » et de détruire l’ADN de la nation, ils évincent subrepticement et délibérément la langue française au bénéfice du tout-globish aliénant en voie d’officialisation continentale. En un mot, ils désossent méthodiquement la France de Sarko en Macron, de Jospin en Hollande, de Valls en Darmanin et de Barnier en Bayrou: qu’importe du reste pour qui vous voterez puisque la « feuille de route » est fixée en amont par l’euro-dame de fer Ursula von der Leyen, par la Banque de Francfort, par l’OTAN exigeant désormais 3% du PIB de chaque pays européen pour préparer la guerre antirusse. Sans oublier les « marchés financiers » dont le remboursement immédiat l’emporte sur les besoins des malheureux Mahorais, des Antillais subissant la vie chère, des services publics hexagonaux désormais « à l’os », des petits paysans trahis, des fonctionnaires dévalués et humiliés, des ouvriers tremblant pour leur emploi, des cheminots, des profs, des électriciens, des hospitaliers indignés par l’euro-casse délibérée de leurs outils de travail naguère si performants !
Pourtant, « l’aube blanchit la campagne » et déjà, une rouge aurore tente de percer ces sombres nuées en France comme à l’échelle géopolitique…
En France, la crise de l’hégémonie bourgeoise devient spectaculaire. Encore dépourvu, hélas, d’un parti d’avant-garde qu’a détruit la « mutation » social-européiste du PCF, privé d’un état-major syndical de classe qu’a dissout le ralliement de la confédération CGT au « dialogue social » bidon de la CFDT, le peuple français n’en résiste pas moins « avec les moyens du bord ». Dans sa mémoire vive demeurent, non seulement le Non trahi à la Constitution européenne et la révolte victorieuse des jeunes contre le CPE (2006), mais le soulèvement durement réprimé des Gilets jaunes, les luttes paysannes à répétition et les grandes mobilisations de 2023 pour les retraites qui, blocages et grèves reconductibles à l’appui (pétrochimie, EDF, éboueurs…), ont fini par « griller » Macron politiquement.
Le peuple s’est également saisi du dernier scrutin législatif pour fragmenter l’Assemblée nationale et rendre le pays ingouvernable tout en veillant, in extremis, à tenir Matignon hors d’atteinte du Rassemblement lepéniste. Or, à moins d’être un destructeur patenté de l’opposition populaire comme le sont, hélas, les dirigeants nationaux du PS maastrichtien, du PCF euro-formaté et des Verts pro-OTAN, et sachant que le vrai programme de tout gouvernement nommé par Macron et adoubé par l’UE-OTAN sera la guerre et l’austérité, qui va gémir longuement, comme l’ont fait Roussel, Faure et Tondelier (qui ont renfloué politiquement Macron en se rendant à l’Elysée…), sur le fait que « la France n’a pas de gouvernement »… et que la classe dominante ne peut donc pas assez vite, et au garde-à-vous s’il vous plait, mettre en place un budget tourné vers l’asservissement national, la casse sociale et le surarmement atlantiste? Du reste, quel révolutionnaire digne de ce nom, quel patriote républicain sincère devrait-il avoir peur des deux citations suivantes, la première de Robespierre :
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour toute portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs »,
la seconde de Lénine:
« Quand ceux d’en haut ne peuvent plus gouverner comme avant, quand ceux d’en bas ne veulent plus être gouvernés comme avant, alors s’ouvre une période de révolutions »?