Après la grande grève des étudiants contre la loi LRU en 2007, les personnels de l’Université et de la Recherche et les étudiants, mènent depuis plusieurs semaines des luttes d’une ampleur exceptionnelle contre la politique du pouvoir. Le PRCF soutient pleinement ces luttes et s’associe aux personnels pour dénoncer les graves attaques contre l’Université et la Recherche :
– la « mastérisation » des concours de l’enseignement primaire et secondaire. Cette régression supprime l’année rémunérée de stage en responsabilité alterné, relègue la formation disciplinaire au rang subalterne, aggrave la sélection sociale, fermant les portes de l’enseignement aux étudiants qui ne pourront pas payer une année de plus ! Mais surtout, elle prépare la fin du statut de fonctionnaire : les nombreux étudiants reçus au diplôme professionnel (master) d’enseignement mais recalés au concours seront un inépuisable vivier de contractuels ou de vacataires, taillables et corvéables à merci, sans autre perspective professionnelle (leur diplôme ne formant qu’à l’enseignement).
– la modification du statut des enseignants-chercheurs. Elle permettra l’augmentation moyenne de leur service d’enseignement au détriment de la recherche, sauf pour une minorité d’entre eux, bien vus des tout puissants présidents des universités « autonomes » ;
– les suppressions jamais vues de postes statutaires, qui prennent à la gorge les petites universités, déjà mises gravement en péril par la LRU.
Au-delà, de nombreuses autres revendications tout aussi importantes sont portées par les personnels et les étudiants :
– dénonciation de la précarité chaque jour croissante et des bas salaires (les personnels ouvriers, administratifs ont toujours payé les premiers les frais des contre-réformes),
Refus de la casse des organismes de recherche, comme le CNRS (qui sous sa forme actuelle constitue un acquis du Conseil National de la Résistance),
Embauches statutaires massives de personnels de toute catégorie,
Abrogation des contre-réformes précédentes qui ont préparé les catastrophes que l’on tente d’éviter dans l’urgence (loi LRU de privatisation larvée des universités,
Attaques contre la recherche fondamentale indépendante, etc.).
Ces contre-réformes actuelles viennent de loin : déjà la mise en place du « LMD » (licence master doctorat) a accru la professionnalisation des diplômes, c’est-à-dire leur transformation en formations très ciblées destinées à répondre à un besoin précis du patronat.
Le LMD, comme la LRU qu’il a préparée, ainsi que la LOLF et la RGPP, outils essentiels de la casse du statut de fonctionnaire (institué par le ministre communiste M. Thorez à la Libération) constituent des maillons de la politique réactionnaire imposée par l’Union Européenne et constitue un élément de la casse généralisée de la nation républicaine pour favoriser la course au profit maximal des monopoles capitalistes redéployés à l’échelle européenne et mondiale : grande industrie et production nationale massivement dégraissées et délocalisées, mais aussi services publics, acquis sociaux, conquêtes de 1936, 1945 et 1968, et même à certains égards acquis de la Révolution française et de ses suites (laïcité de l’Etat, organisation républicaine du pays (nation/départements/Communes, séparation des pouvoirs), Education et diplômes nationaux, statut de la fonction publique, valeurs humanistes de l’enseignement, et jusqu’à la langue française de plus en plus sacrifiée par la classe dominante au « tout-anglais »…
Si bien que défendre l’Université, c’est bel et bien défendre les acquis sociaux et républicains de plusieurs siècles de lutte contre un pouvoir malfaisant, celui de Sarkozy et de ses commanditaires de l’U.E. et du MEDEF. Cela exige aussi sûrement que la mobilisation historique de l’Université puisse rencontrer les nombreuses autres luttes engagées au même moment contre ce même pouvoir, sous peine que l’isolement ne favorise le calcul du pourrissement et de l’accord a minima du gouvernement et de certaines directions syndicales (CFDT en tête). Après les manifestations du 11 mars, le 19 mars sera en particulier l’occasion de converger avec les autres travailleurs de France en lutte contre la casse sociale généralisée (des emplois, des salaires, des services publics, de la Sécu, des retraites….).
Alors que la grève générale dans l’Université ne faiblit pas, alors que les luttes montent à l’Hôpital contre la loi Bachelot de casse de la santé publique, alors que les occupations d’usines se multiplient contre les suppressions d’emplois, alors que le capitalisme mène les travailleurs à la ruine pendant que les gros actionnaires du CAC 40 se partagent des centaines de milliards de dividendes et d’aides gouvernementales et européennes, c’est bien tous ensemble et en même temps que nous parviendrons à faire plier le pouvoir, suivant l’exemple des guadeloupéens et du LKP (« alliance contre la domination d’une caste sur le plus grand nombre »), en construisant un front « tous ensemble et en même temps » d’une ampleur historique, seul capable de battre vraiment Sarko-MEDEF et l’UE, de plus en plus rejetés par notre peuple.