Pôle position – 2 décembre 2009
Le Pôle de Renaissance Communiste en France commente l’actu sur la Toile
Dans un climat de pré-crise politique où le régime sarkozyste étale à la fois sa morgue et son impopularité, le climat social repart de nouveau à la lutte : il y avait eu la combative manif « métallo » du 17 septembre, imposée de haute lutte par la base à la confédération CGT.
Il y a eu le succès de la « votation populaire » sur la poste et la méprisante fin de non-recevoir opposée par Sarkozy.
Il y a eu la grève des enseignants le 24 novembre pour dénoncer le désossage du « mammouth » et la contre-réforme Chatel.
Il faut signaler aussi en dehors du monde salarial, le puissant mouvement des producteurs laitiers contre les prix de famine que leur imposent Carrefour (devenu « Carrefour Market » et « Carrefour City ») et Auchan (devenu « Simply Market » : vive « l’identité nationale » !) tout en ponctionnant lourdement le pouvoir d’achat des consommateurs et des salariés des grandes surfaces.
Il y a la grève des sans-papiers, surexploités par de grandes entreprises, qui continue de poser de sérieux problèmes au gouvernement xénophobe et ultra-patronal de Besson et Hortefeu.
Et voici qu’en pleine période de fêtes, s’annoncent des mouvements sociaux d’ampleur nationale.
D’abord celui des routiers salariés qui passent à l’offensive sur les salaires et qui frappent là où ça fait mal en annonçant le blocage des plates-formes logistiques de la grande distribution ; et en effet, Carrefour et Auchan sont, au moins autant que les patrons nominaux, les vrais profiteurs des routiers sous-payés et surexploités. Quelle force si, disant « merde » à l’U.E., qui impose la déréglementation de leur secteur, les routiers réussissent leur mouvement avec le soutien de la population française préférant un « noël rouge » porteur d’espoir aux mirages de la « trêve des confiseurs » ! Quelle force si les salariés des transports non-routiers, cheminots, travailleurs de l’aéroportuaire, traminots, marins et dockers, prennent conscience de leur force de blocage et construisent le tous ensemble » des transports dans un pays où l’on produit de moins en moins mais qui est un lieu de transit obligé pour le transport de la production à flux tendu de l’UE de Lisbonne !
Il y a aussi la majorité des syndicats de la restauration qui vient de refuser les propositions insuffisantes de la partie patronale.
Il y a l’annonce d’un nouveau mouvement des enseignants de la maternelle à l’université pour défendre la formation des maîtres et combattre l’assassinat planifié de l’Education nationale.
Dans les musées de France, où la politique euro-sarkozyste de destruction de la Fonction publique fait des ravages, la grève s’étend inexorablement.
Bref une part significative des travailleurs du privé et du public sort du découragement où l’avait plongée la trahison des grandes luttes de 2009 par les confédés alignées, CGT comprise, sur le jaunissant Chérèque et sur la Confédération Euro-patronale des Syndicats : on se souvient en effet que les confédés ont rejeté l’aspiration au « tous ensemble et en même temps » qui émergeait des manifs de 2009 regroupant des millions de salariés ; de même elles ont laissé tomber le puissant mouvement universitaire contre la réforme Pécresse, elles ont snobé l’insurrection pacifique du LKP guadeloupéen, elles ont abandonné et trahi la révolte ouvrière des « Conti » et autres « Good Year ». En revanche, imitant Chérèque, Mailly, Thibault et Cie ont cautionné les négos-bidon avec ce gouvernement, le plus réac que la France ait eu depuis 1940.
C’est dans ce climat électrique que vont s’ouvrir les congrès CGT et FSU de cet hiver : le déphasage est total entre l’orientation de la Confédé CGT en pleine « CFDTisation », et le climat de lutte renaissant.
Avec ce congrès d’alignement, l’objectif poursuivi par Thibault et Cie n’est pas seulement d’approfondir la rupture engagée depuis longtemps avec le syndicalisme de classe qui fit la force de la CGT de Frachon et Séguy ; le but des « chéréquiseurs » de la CGT est désormais de purger au kärcher leur syndicat : en centralisant les cotisations au niveau confédéral (« cogétise »), en devenant de fait l’unique employeur des permanents (« qui paie les musiciens choisit la musique »), en créant une commission confédérale de censure qui validera ou pas le moindre tract écrit par un syndicat de base, la confédé CGT s’apprête à lancer une chasse aux sorcières géante contre les « rouges » du syndicat, dans lequel subsistent et se développent de fortes résistances « classistes ». Cela ne peut qu’affaiblir, diviser, voire détruire la CGT : le pseudo-syndicalisme d’accompagnement est déjà fortement représenté en France et on voit mal où serait la place d’une CGT dénaturée concurrençant la CFDT sur le créneau du néo-réformisme européen. A moins que l’objectif de Thibault et Le Duigou, sur consigne de la CES, ne soit de fusionner à terme la CGT et la CFDT pour museler totalement la frondeuse classe ouvrière française ?
Quant à la direction FSU, au lieu de modérer la révolte du monde enseignant par la bouche du lénifiant Aschiéri, au lieu de réapprendre à se dire franchement contre les contre-réformes qui cassent l’enseignement, elle s’interroge sur une éventuelle fusion CGT/FSU… Elle le fait au moment où la Confédé CGT se dote d’un dispositif interne qui interdirait, en cas de fusion, le « syndicalisme de lutte et de transformation sociale » que la FSU affirme vouloir développer. Alors, oui à tout rapprochement de la CGT et de la FSU dans l’action sur des bases de lutte, mais non à leur fusion éventuelle sur la base d’une « syndicalisme rassemblé » visant à purger le mouvement syndical de classe !
Il est donc rassurant dans ces conditions de constater que les syndicalistes de classe se regroupent publiquement.
C’est d’abord l’émergence du Front syndical de classe. Fondé par des militants CGT et FSU sur les principes de toujours de la CGT de classe et de masse, le FSC est ouvert à tous les syndicalistes combatifs.
C’est aussi l’annonce de la candidature contestataire du métallo nordiste J.-P. Delannoy contre Thibault, avec l’objectif de fédérer les cégétistes fidèles au combat de classe.
A sa place propre, celle d’une organisation politique, le PRCF soutient ces courageuses initiatives syndicalistes : on voit mal en effet pourquoi, le syndicalisme « rose » (en train de « jaunir » !) bénéficierait de l’appui massif des patrons, notamment de l’UIMM, de Sarko (qui loue « l’esprit de responsabilité » de Thibault), des médias, de la CES, pendant que les vrais communistes s’interdiraient de soutenir le combat pour un syndicalisme de classe. Oui à l’indépendance des syndicats par rapport au MEDEF, à son Europe et à son gouvernement de combat, mais non à l’indépendance des syndicats par rapport aux intérêts des travailleurs, et non à l’anticommunisme et à la chasse aux rouges dans les syndicats !
Et tout en soutenant le combat des syndicalistes « rouges », le PRCF poursuit son combat propre qui est d’amener des propositions politiques d’avant-garde dans la classe ouvrière à l’inverse des sociaux-démocrates, « mutants » et autres trotskistes qui refusent d’ouvrir des perspectives politiques aux luttes alors que celles-ci se heurtent au trio maléfique composé de Strauss-Kahn (FMI), de l’UE et de Sarko-MEDEF.
Oui il faut engager la lutte politique pour le « produire en France », sans quoi notre prolétariat industriel sera massivement déclassé et la lutte pour le socialisme deviendra impossible ici. Oui il faut appeler la France à rompre avec cette UE de malheur dont le « libre-échange mondialisé » vise à briser tous les acquis. Oui il faut appeler la classe ouvrière à s’engager contre l’anticommunisme obsédant des médias qui vise à bloquer la contestation du capitalisme en crise. Oui, il faut que les vrais communistes se regroupent, s’émancipent de la tutelle politique du PCF mutant satellisé par le PS et par le « Parti de la gauche européenne ». Oui il faut faire renaître un vrai PC marxiste ; sans cela, la classe ouvrière ne redeviendra pas un acteur politique collectif pesant sur la vie nationale. Oui il faut regrouper les vrais républicains patriotes et antifascistes dans une large Convergence nationale républicaine appelant à rompre avec l’UE et défendant un programme inspiré des grands principes toujours actuels du CNR.
Quant à Sarkozy, il n’est plus temps de lui « demander » sagement d’« entendre le mouvement social » : ce personnage viole en permanence l’esprit de la constitution en présidant des réunions électorales de l’UMP, en domestiquant les médias, en démolissant la laïcité, les libertés et la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, en violant le vote du peuple français refusant la constitution européenne (le traité de Lisbonne en est la copie conforme), en privilégiant cyniquement le MEDEF tout en cassant la Sécu, les retraites et les services publics, en orchestrant la destruction du tissu productif du pays (industrie, agriculture, recherche, université…), en activant la substitution du tout-anglais patronal au français (« langue de la République » au terme de la constitution), en traquant les ouvriers immigrés, en courtisant Le Pen avec son « débat d’Etat » assimilant l’ « identité nationale » à la xénophobie. Ce faisant, le régime sarkozyste détruit le « contrat social » républicain sur la base duquel il a été élu avec 53% des voix. Même si l’on s’en tient aux principes de la démocratie bourgeoise, ce régime est illégitime et sa présence incontestée au pouvoir fait honte à toute cette fausse opposition qui « gronde » le régime sans contester sa légitimité parce qu’en fait, l’UMPS flanquée de Cohn-Bendit et du Modem a pour programme commun de casser la nation républicaine pour installer l’Empire transatlantique du grand capital.
Le PRCF appelle donc ses militants à s’engager publiquement à côté des travailleurs en lutte pendant ces mois d’hiver, à soutenir le mouvement de renaissance du syndicalisme de classe.
En sens inverse, les travailleurs et les syndicalistes combatifs sont invités à appuyer l’action du PRCF. Celui-ci travaille à reconstruire une organisation communiste nationale, à unir les vrais communistes, à dénoncer la criminalisation des ex-pays socialistes dont le seul tort est d’avoir trop longtemps bloqué la re-mondialisation de l’exploitation capitaliste, à construire un Front progressiste anti-UE et pro-CNR, à soutenir tous les efforts pour faire renaître un Mouvement communiste international AGISSANT.
C’est en s’appropriant à la fois la renaissance communiste, la renaissance syndicale de classe et la construction d’un front progressiste anti-Maastricht que le monde du travail, mis sur la défensive par la « mutation-trahison » de ses directions nationales, repartira à l’offensive et rouvrira la voie du progrès social avec, en perspective, l’espoir révolutionnaire du socialisme pour la France et du communisme pour le monde.