
C’est médusés que nous avons appris la nouvelle : la présidence de la région Pays de Loire entreprend d’amputer ses subventions au secteur culturel de pas moins de 75 %… La menace est grave pour tous les acteurs : orchestre, opéra, compagnies de théâtre, arts plastiques etc. Les arguments ? Toujours les mêmes : un secteur qui devrait s’autofinancer, un secteur qui profite des subventions publiques pour porter une idéologie politique… C’est bien la vision du monde mesquine, rance, utilitariste d’un capitalisme pourrissant et d’une droite pseudo-républicaine et de plus en plus proche du RN qui s’exprime.
L’outrance de ce coup de tonnerre ne doit pas nous faire croire qu’il s’agit d’une exception. Le ton est donné, signal que l’arrachage du dernier «supplément d’âme» de notre société bourgeoise en décomposition, la vie culturelle, peut commencer dans les grandes largeurs. Du reste ce coup de tonnerre ne survient certes pas dans un ciel serein… Dans le cadre du sabordage en cours de notre pays dans les eaux glacées de la « construction » européenne et atlantiste, nous avions déjà assisté à la mise en extinction du « produire en France » industriel, halieutique et agricole. Délocalisations industrielles parrainées par le MEDEF, quotas de pêche accaparés par la pêche industrielle capitaliste, agriculture paysanne mise à mort par la PAC et l’agro-industrie mondiale, promotion systématique du tout-anglais des traités transatlantiques aux dépens des langues nationales d’Europe, démolition de la Sécu et des services publics issus du CNR : tout cela a déjà largement abouti au déclassement et à l’humiliation massifs d’ouvriers, d’employés, de techniciens, d’artisans, de paysans, d’agents publics, de chercheurs et de leurs familles.
Concernant la Culture au sens large, on assiste à la fois au sabotage organisé de l’Éducation nationale, passée du second rang mondial en 1992 au 27e à l’heure actuelle, à l’asphyxie de la Recherche publique, et à l’étouffement des Écoles d’art et d’architecture de notre pays. À la casse l’exception culturelle chère aux Français, tant il est illusoire de s’imaginer qu’UN secteur, la Culture, pourrait indéfiniment échapper à l’ajustement turbo-capitaliste des activités humaines, cette guerre permanente faite aux peuples et aux travailleurs !
Cette austérité que l’on promet au spectacle vivant et aux arts plastiques comme à tous les aspects de la vie, ne vient pas de nulle part. Certes, la Macronie s’y engage avec enthousiasme ; mais elle est missionnée par cette « Union » européenne, supra-nationale, impérialiste et de plus en plus suprémaciste, dont l’austérité et la violence sociale sont les seules promesses !
Les réactionnaires de tout poil qui fulminent matin midi et soir sur les plateaux de télé , le déplorent suffisamment : les milieux culturels sont globalement progressistes. Ils ont raison, et il n’y a lieu que de s’en féliciter. Usant de mots qui leurs semblent des insultes – « woke », « marxistes », « islamo-gauchistes » -, ils pensent pouvoir rallier la majorité de nos concitoyens à leur vision du monde obscurantiste et mortifère, mais reconnaissent surtout le danger qu’il perçoivent pour leur agenda politique dans une vie culturelle active, libre et foisonnante.
Le PRCF alerte depuis plusieurs années, bien seul pendant longtemps si ce n’est sous les quolibets d’une certaine « gauche », sur le processus de fascisation en cours dans notre pays et dans toute l’Europe. La Culture, au sens large, est évidemment un outil de première importance pour résister à ce processus. Il ne fait aucun doute que les travailleurs du secteur culturel – comme tous les travailleurs qui désirent bien travailler, n’en déplaise à nos bourgeois toujours prêts à projeter sur autrui leur parasitisme rentier – ont à cœur de porter un projet ambitieux et humaniste pour un service public populaire de la Culture.
Cependant, le courage étant « de chercher la vérité et de la dire » (Jaurès), nous devons constater que le progressisme général du secteur de la Culture souffre trop souvent d’angles morts qui affaiblissent leur lutte pour un service public populaire. La vision humaniste du monde que portent les Arts et la Culture dans leur globalité doit s’élargir et viser un progressisme à 360 degrés qui s’empare de tous les aspects de la situation actuelle, nationale et mondiale :
- Il n’est plus temps de s’illusionner sur la nature profonde de l’Union européenne. L’ « Europe sociale » ne sortira pas de cette institution supra-nationale, négatrice des souverainetés et des identités culturelles bien comprises tant l’UE est précisément faite pour prohiber toute espèce de socialisme en Europe ! Comment du reste ne pas voir son caractère de plus en plus anti-social, belliciste et suprémaciste, quand les institutions telles que la Commission européenne exigent à longueur d’année l’austérité et les coupes budgétaires drastiques (les Grecs en savent quelque chose!), quand U. von der Leyen signe le traité UE/Mercosur en narguant effrontément les paysans français, quand Macron et Scholtz poussent à la création d’une armée européenne arrimée à l’OTAN et destinée à faire la guerre à la Russie et à la Chine, quand un Josep Borrell ose déclarer que « l’Europe est un jardin qui doit se prémunir de la jungle de l’extérieur » ?
- Il n’est plus temps d’une ouverture sur le Monde qui s’arrête là où commencent les ennemis désignés par l’OTAN, à laquelle la Macronie est inféodée jusqu’à l’avilissement. Le sursaut d’indignation en faveur des Palestiniens est salutaire, mais Cuba aussi, strangulée depuis plus de 60 ans par un blocus criminel, a aussi besoin que nous nous défendions nous-même en l’aidant à sauver son projet socialiste! Rappelons en passant que peu de voix se sont élevées quand le maccarthysme artistique anti-russe sévissait il y a deux ans en interdisant de scène des artistes triés selon leur nationalité… La dénonciation de l’impérialisme n’est pas réservée aux organisations politiques, les toiles de Picasso, la poésie d’Eluard et les pièces de Brecht sont là pour nous le rappeler.
- Il n’est plus temps de donner dans l’anticommunisme de confort en feignant d’oublier qu’il s’agit là du principal carburant du fascisme. Enfin, et surtout, qu’y a-t-il de plus urgent à faire aujourd’hui que de dénoncer la marche à la guerre mondiale que mène l’impérialisme otanien ? Une escalade irresponsable qui, si elle se muait en conflit nucléaire, menacerait de disparition l’Humanité voire le vivant sur Terre…et reléguerait ainsi aux oubliettes les préoccupations dont s’inspirent à juste titre le spectacle vivant et les arts plastiques : discriminations de genre, , environnement, migrations, droit des minorités etc
C’est sur ces bases que le PRCF, qui partout où il le pourra se tiendra aux côtés des travailleurs de la Culture en lutte comme de tous les autres travailleurs, vous invite à la réflexion, à la discussion et pourquoi pas à l’action.