Le mardi 24 mars 2015 à 20 h 50, à une heure de grande écoute, la chaîne de télévision HD1 a osé programmer un film de docu-fiction confinant à la propagande anti-soviétique.
Ce film réalisé conjointement par les américains, les britanniques et les allemands (Joli trio !) est intitulé « Stalingrad ». (ndlR Ennemy at The Gate 2001, JJ Annaud, Paramout Picture & cie)
Dès les premières images, on nous montre des soldats soviétiques, totalement ahuris, qui au mois de septembre 1942, en bateau et sous de terribles bombardements de l’aviation allemande, réussissent à traverser la Volga et à rejoindre la cité où l’armée Rouge mène une bataille acharnée afin que cette ville ne tombe pas sous l’emprise des Nazis.
Au milieu d’une pagaille innommable, on aperçoit un sous-officier de l’Armée Rouge qui, monté sur une camionnette, distribue un fusil pour deux combattants en leur disant « lorsque ton camarade est tombé, tu ramasses son fusil et tu continue le combat ».
Un fusil pour deux ? Mais comment dans ces conditions allaient-ils pouvoir contenir la plus puissante armée du monde, armée jusqu’aux dents et qui avait reçu l’ordre d’Hitler de prendre Stalingrad coûte que coûte ?
Et pourtant, (ce que ce documentaire ne montre pas ou montre très mal) c’est que seulement quatre mois plus tard, c’est dire le deux février 1943 cette Armée Rouge dépenaillée et avec un fusil pour deux venait d’écraser l’armée allemande qui, archi-battue, devait rendre les armes.
Trois cents mille soldats et leur Etat-major étaient faits prisonniers.
Défiant sans scrupules la vérité historique, en laissant croire que l’Armée Soviétique était composée de pauvres hères, vivant dans un pays où l’industrie n’était même pas capable de fournir un fusil à chaque combattant, relève de la malhonnêteté.
Non seulement les combattants soviétiques de Stalingrad venaient de vaincre la puissante armée nazie, mais cette victoire démontrait au monde qu’il en était fini de l’invincibilité de l’armée allemande. Avec cet exemple et désormais la certitude de la Victoire, la Résistance contre l’occupant s’intensifiait.
Quatre mois plus tard, Hitler avec la volonté de démontrer au monde que ce n’était qu’une bataille de perdue et que l’Allemagne était toujours aussi puissante, voulut s’emparer de la ville de Koursk, important nœud ferroviaire.
Pour attaquer cette ville, il réunit 6000 chars, Cet affrontement contre les chars soviétiques allait devenir la plus grande bataille de blindés de tous les temps.
Après deux mois d’une furieuse bataille, au cours de laquelle les chars allemands durent faire face aux T34, (chars nouvellement sortis des chaînes de fabrication soviétique) les allemands durent quitter les lieux en laissant sur place environ cent mille soldats tués et la moitié de leur armement.
Après ces deux démonstrations, combien apparait ridicule et malhonnête cette présentation de la distribution d’un fusil pour deux hommes.
Décidément pour salir l’Union Soviétique et surtout l’idéal qu’elle représentait et qu’elle représente toujours aux yeux de millions et de millions d’être humains, il faut sans cesse, que les tenants de la grande finance, travestissent la vérité historique et salissent sans aucune pudeur le pays qui a payé très cher sa liberté et la nôtre.
Présenter des évènements historiques falsifiés de la sorte ne peut qu’inspirer le mépris de la part des téléspectateurs, qui ont quelques connaissances de ces évènements.
Honteux et scandaleux ce sont bien les termes qui peuvent être adressés à ceux qui osent présenter au public de pareilles saloperies.
Léon LANDINI
Léon Landini, résistant d’hier et d’aujourd’hui, est président du Pôle de Renaissance Communiste en France,
Résistant FTP-MOI, il est le président de l’association des bataillons FTP-MOI Carmagnole Liberté.
De la réécriture de l’histoire par la propagande de l’occident capitaliste
C’est une présentation récurrente – directement héritée de la propagande nazie reprise par Vichy – que pour la machine médiatique (Hollywood et Cie) de présenter l’Armée Rouge comme une armée sous-développée utilisant ses hommes comme de la chair à canon.
C’est le cas des rares films consacrés à la victoire de l’Armée Rouge à Stalingrad, documentaire ou super production d’Hollywood ou française. Comme nous le rappelle ici Léon Landini à propos du Stalingrad de Jean Jacques Anaud avec Jude Law. On remarquera au passage que si la diffusion de films consacrés aux alliés anglo-américains sont légions, très peu nombreux sont les films et documentaires rappelant le déroulement de la guerre sur le front de l’Est : bataille de Moscou, siège de Léningrad et surtout l’ opération Bagration où l’URSS réussit à battre les forces coalisées de l’Axe (Allemagne nazie et ensemble de ses alliés de l’Europe fasciste).
C’est comme cela que les Français qui au sortir de la guerre étaient une écrasante majorité à considérer devoir leur libération principalement à l’Union Soviétique, en viennent à ignorer contre toute réalité historique le rôle majeur et essentiel d’une Union Soviétique qui avec la Chine endura le plus grand nombre de morts du à la barbarie fasciste capitaliste. Ce qui conduit à ce que les chancelleries occidentales, l’Union Européenne en viennent à pouvoir soutenir officiellement des parties néo-nazis au pouvoir dans les Pays Baltes, et à installer une junte fasciste à Kiev qui à nouveau installe un régime de terreur, faisant la guerre contre le peuple, organisant le siège du Donbass par des milices portant les insignes des collaborateurs nazis du IIIe Reich. Qui méconnaît l’histoire est malheureusement condamné à en revivre les horreurs.
Le sous-équipement de l’armée soviétique : un mythe de la propagande nazie, repris par Hollywood
Un fusil pour deux, des soldats désarmés envoyés en masse pour arrêter les balles allemandes. Ainsi bien sûr que des commissaires politiques exécutant en masse les soldats, présentés non pas comme ces hommes héroïques qui par leur courage, leur sacrifice arrêtèrent les armées fascistes et à qui nous devons notre liberté, mais comme de pauvres hères. Les films occidentaux sur Stalingrad réussissent systématiquement à présenter ce genre d’image, qui poursuivent les mêmes desseins que la propagande nazie, avec un but idéologique : accréditer l’idée que, pour les soviétiques, les hommes ne comptent pas et que les nazis n’ont été stoppés que par l’affrontement contre des hordes de sauvages (ces Russes à moitié asiatiques et donc cruels et barbares, selon la propagande occidentale) n’ayant pour eux que leur nombre, leur sauvagerie, leur violence bestiale et leur haine. Durant la guerre d’ailleurs, les films d’Hollywood ne reprenaient pas ce genre de clichés… On ne s’étonne qu’à moitié que les idéologues du camp impérialiste capitaliste aient recours à ce genre de recyclage détestable,, eux qui ont recyclé jusqu’aux réseaux nazis à l’Est pour mener la guerre.
Car en ce qui concerne les faits, les 1,1 millions de soldats soviétiques qui ont stoppé, encerclé et contraint à la rédition les quelques 1 million de soldats des forces de l’Axe, notamment la 6e armée de Von Paulus, étaient correctement armés tout comme l’armée soviétique.
Ci-après, les chiffres de production de fusils par l’URSS de l’armée soviétique :
Production de fusils de l’économie soviétique:
1941 : 1 760 000
1942 : 5 910 000
1943 : 5 920 000
1944 : 4 860 000
1945 (jan.-avril) : 1 380 000
ainsi que le nombre de soldat dans les rangs de l’Armée Rouge ainsi que ses pertes par années :
Moyenne des effectifs de l’Armée Rouge :
1941 : 3 024 900 – 2 993 803
1942 : 5 313 600 – 2 993 536
1943 : 6 389 200 – 1 977 127
1944 : 6 550 000 – 1 412 335
1945 : 6 330 880 – 631 633
De fait, il apparait que l’hypothèse d’un sous-équipement de l’Armée Rouge n’est pas plausible, l’industrie soviétique produisant suffisamment d’armes pour équiper les soldats mobilisés…
D’après les études de l’historien militaire John Erickson, spécialiste britannique de l’histoire militaire sovietique (in « Road to Stalingrad »), pour le front autour de Stalingrad en Juillet 42 (début de la bataille) les 250 000 soldats allemands disposaient de 500 000 fusils et 70 000 pistolets mitrailleurs alors que les 180 000 soldats soviétiques pouvaient compter sur 900 000 fusils et 100 000 pistolets mitrailleurs. Au début de la bataille de Stalingrad, les divisions de l’Armée Rouge disposent d’autant de canons que l’armée nazie, malgré leur effectif nettement plus faible, mais d’un tiers de moins de chars et d’avions. Dès le mois de novembre, la logisitique soviétique permet d’inverser le rapport de forces.
A Stalingrad, les ordres mêmes de l’état major soviétique, par exemple de Tchouïkov, démontrent l’inexactitude malhonnête du film : loin d’un déversement en masse de soldats, la stratégie reposait alors sur l’utilisation de petits groupes bien armés :
L’attaque était prévue pour le 27 septembre. Avant l’offensive, Tchouïkov rappela les ordres de bataille dans un communiqué : « Une fois encore, je demande aux commandants de toutes les unités et de toutes les formations de ne pas lancer dans la bataille des unités entières, compagnies ou bataillons. L’offensive doit être essentiellement organisée sur la base de petits groupes, armés de mitraillettes, de grenades, de cocktails Molotov et d’armes antichar. » La pensée de Tchouïkov se trouve alors très loin de celle des officiers allemands qui continuaient à penser en terme de divisions et de régiments / d’après Kinareth.
Au moment de l’opération Bagration en 1944, l’Armée Rouge dispose du rapport de forces numérique suivant : 1,5 soldat soviétique pour 1 Allemand, 9 chars et canons soviétiques pour 1 allemand et 6 avions soviétiques pour 1 avion allemand. Sur le plan industriel aussi bien que militaire, l’Union Soviétique gagne la guerre, et c’est à la mobilisation antifasciste et aux sacrifices du camp socialiste, en France de la résistance pour l’essentiel communiste que l’on doit la libération. Dans le même temps, sous le commandement de la classe capitaliste proclamant plutôt Hitler que le Front populaire, l’état major et les industriels français, après une drôle de guerre, laissaient s’effondrer en quelques semaines la première armée du monde pour entrer dans la collaboration, sabordant la flotte française et faisant tirer sur les forces alliées en Afrique.
Rappelons que le 2 février 2013, il n’y eut, en France, aucune célébration officielle des 70 ans de la victoire de Stalingrad, à l’exception de la manifestation organisée par le PRCF place Stalingrad à Paris.
Allocution de Léon Landini lors du 70e anniversaire de la bataille de Stalingrad.
jbc pour www.initiative-communiste.fr