Voici la lettre de l’UD-CGT des Hauts-de-Seine qui circule désormais dans les milieux militants et sur l’internet. Décidément, un nombre grandissant de syndicalistes de classe n’en peuvent plus de l’orientation confédérale ouvertement réformiste et défaitiste de la CGT.
Ainsi qu’une prise de position de la CE de l’UD de Paris.
Nous signalons également que les choses bougent aussi dans la FSU, confrontée comme la CGT à une orientation paralysante marquée par la complaisance envers les positions patronales et ultra-maastrichtiennes de Hollande. Pour information, la section académique de Lille du SNES vient de rejeter le rapport d’activité du SNES, ce qui est un évènement sans précédent dans le SNES, et cela d’autant plus que la direction syndicale de Lille est de la même tendance – Unité et Action – que la direction nationale.
Décidément, syndicalistes de lutte, « tous ensemble, tous ensemble ! », et bon 18 mars de lutte !
La commission luttes du PRCF.
UD CGT des Hauts de Seine
Aux membres de la CE Confédérale
Cher-e-s camarades,
Vous trouverez ci-jointe la lettre adoptée par la CE de notre Union Départementale des Hauts de Seine et qui vous fait part de nos critiques, observations et propositions quant à la stratégie CGT de luttes à organiser face au « pacte de responsabilité ».
Avec cette lettre nous voulons affirmer :
- l’exigence d’une opposition CGT résolue au « pacte de responsabilité », et en toute cohérence, notre refus de négocier dans ce cadre piégé,
- notre exigence de la mise en place d’un autre cadre de négociations interprofessionnelles,
- la possibilité de construire des actions collectives rassembleuses à partir de ces deux exigences et aussi, en lien avec nos propositions revendicatives et les attentes des salariés,
Nous souhaitons par cette démarche aider au développement du débat dans la CGT, à un débat franc et approfondi et dont l’aboutissement en termes de décisions majoritaires soit vraiment une feuille de route à respecter dans toute la CGT.
Notre ambition est aussi qu’à l’issue de nos débats, les décisions prises, – nos analyses et prises de positions CGT – ne soient pas des vœux pieux mais bien autant de convictions et de supports pour engager l’action revendicative collective.
Nous sommes bien conscients que nous vivons une période où, comme l’ont écrit et souligné des camarades de la CGT : »le MEDEF et les forces politiques favorables au libéralisme économique qu’elles soient de droite ou de gauche, agissent pour instaurer dans les faits un syndicalisme institutionnalisé, intervenant non plus dans un rapport de représentation du salariat, mais dans une logique de corps intermédiaire chargé de la gestion des risques sociaux« .
Une nouvelle preuve que nous sommes bien face à cet enjeu vient d’en être apportée avec la capitulation des syndicats de collaboration de classe dans la mauvaise farce de la soi-disant négociation du très mal nommé « pacte de responsabilité ».
Nous ne voulons pas decet avenir-là pour le syndicalisme en France et nous sommes convaincus que la CGT, organisation syndicale de classe, de masse, indépendante et démocratique, a la capacité de construire une alternative à condition d’ouvrir en grand les espaces de débat et de confrontations d’opinions en son sein, comme avec les salariés, retraités et chômeurs dans notre pays. Toute l’histoire de la CGT témoigne qu’elle possède en elle-même les ressources de son renouvellement, du développement de ses forces et cette année 2014, avec le 70èmeanniversaire de l’élaboration du programme du Conseil de la Résistance, en apporte une illustration parmi les plus éloquentes et enthousiasmantes et qui donnent confiance.
Salutations fraternelles
Pour l’UD CGT
Le secrétaire général
Denis RENARD
Expression de la CE de l’UD de Paris
La Commission executive de l’UD de Paris a pris connaissance des déclarations de Thierry LEPAON, secrétaire général de la CGT au Nouvel économiste dans lesquelles il déclare :
« Il n’existe à la CGT aucune opposition de principe face au patronat. L’entreprise est une communauté composée de dirigeants et de salariés – là encore, je regrette que les actionnaires fassent figures d’éternels absents – et ces deux populations doivent pouvoir réfléchir et agir ensemble dans l’intérêt de leur communauté. Sur ce plan, il est évident que le pragmatisme syndical s’impose.
Cette perspective ne me gêne pas, pas plus que celle du compromis qui s’inscrit dans les réalités de l’entreprise depuis toujours : encore une fois, dès lors que nous sommes contraints de vivre ensemble, il faut bien trouver les conditions de ce vivre-ensemble. C’est pourquoi je considère que la vocation d’un syndicat ne se résume plus aujourd’hui à protéger les salariés mais consiste à agir pour faire évoluer non seulement le monde du travail mais aussi la perception qu’on en a ; à incarner une forme de régulation sociale. »
Ces déclarations nous ont consternées car elles remettent en cause les fondements même de la CGT, organisation syndicale de classe et de masse, démocratique, indépendante du gouvernement et du patronat. Elles sont contraires aux orientations du 50eme congrès confédéral qui précisent :
Page 6 : «Le gouvernement a marqué dès son entrée en fonction la volonté de concertation et de négociation comme pierre angulaire de sa démarche. Il doit mener une politique claire en faveur des travailleurs-euses et non pas parier sur un soi-disant «donnant-donnant» entre syndicats et patronat qui dans les faits ne favorise que ce dernier. »
Page 7 : « Dans un contexte caractérisé par d’intenses contradictions, la CGT adopte une démarche revendicative offensive et déterminée de conquête sociale et démocratique et ancrée sur la défense des salarié-e-s dans l’antagonisme capital-travail »
La CGT ne saurait cheminer de façon erratique. Être désorienté avec de telles déclarations dans le Nouvel Economiste et au même moment, dans un rapport de la CE confédérale du 18 février, affirmer que « la double besogne de la Charte d’Amiens est plus que jamais d’actualité », ce qui confirme nos valeurs et repères historiques.
Par ailleurs, que signifie la phrase « je crains un net rejet de l’Europe » alors que travailleurs, citoyens et syndicalistes (et notamment la CGT) ont lancé en 2005 un débat de haut niveau sur la nature de l’Union Européenne qui a conduit la CGT à appeler à voter non et au rejet de la constitution européenne à 54 % ?
Quant au « vivre ensemble » qui est une aspiration laïque et républicaine à faire vivre dans la cité, cette notion ne saurait être dévoyée en une négation des antagonismes de classe qui se jouent sur chaque lieu de travail !
La multiplication de déclarations et initiatives individuelles de Thierry LEPAON sur des positions qui n’ont pas fait l’objet d’un débat et de décisions du CCN, voire contraire à ses orientations, nous interroge sur sa conception du mandat de secrétaire général confédéral.
Ce type de démarche ne saurait perdurer. Au moment où le gouvernement cherche à associer les organisations syndicales à l’accompagnement de mesures d’austérité à travers le pacte de responsabilité, la CE de l’UD :
- réaffirme que le salariat n’a aucun intérêt commun avec le capital. La CGT ne pactise pas avec le patronat et s’oppose à toute forme de pacte (pacte de responsabilité, pactes régionaux, conférence sociale…) qui cherchent à associer les organisations syndicales à la régression sociale.
- Appelle à la mobilisation la plus large possible contre le pacte d’austérité, dit pacte de responsabilité. Le pacte de responsabilité n’est ni amendable, ni négociable, il doit être retiré.