Par la commission Éducation du PRCF 04-09-2021
Tous les membres de la commission Éducation du PRCF sont, comme il se doit pour des communistes, syndiqués et militants syndicaux. Il n’est donc pas question pour eux de cultiver l’anti-syndicalisme démagogique et pour finir toujours réactionnaire. De même qu’il est hors de leur propos de céder au spontanéisme gauchiste en idéalisant n’importe quel mouvement de masse indépendamment de ses finalités sociales et culturelles. Ces deux indispensables pré-requis fermement posés, il ne saurait être question de cautionner, fût-ce par le silence, l’autosatisfaction incroyable qui caractérise les directions nationales du syndicalisme enseignant.
Il n’est pas utile de s’attarder sur le cas des cartels de cireurs de bottes ministérielles que sont les apparatchiks de l’UNSA et du SGEN-CFDT. En effet ces deux organisations n’ont eux de cesse de soutenir toutes les CONTRE-REFORMES imposées aux enseignants par des gouvernements réactionnaires et directement inspirées par l’Union Européenne. Ce faisant, elles n’ont cessé de saboter les luttes de la profession, d’en travestir les légitimes revendications et d’en brader les luttes.
Nous ne pouvons qu’exprimer notre consternation quand nous regardons ce qu’est le bilan du syndicalisme (de moins en moins) majoritaire que représentent la FSU et les syndicats enseignants qui la composent (SNUIPP, SNES, SNEP). En effet, sur le plan des dossiers revendicatifs, c’est la catastrophe sur toute la ligne que ce soit sur le plan salarial, professionnel, didactique, pédagogique ou social, la réaction accumule les mauvais coups tandis que les enseignants et les usagers du service public souffrent davantage à chaque défaite.
- Statuts massacrés, avec notamment la disparition du paritarisme, le développement des logiques de cycles et de pluri-valence.
- Précarité galopante avec le développement du recrutement de contractuels, l’éviction massive périodique de ceux qui étaient en poste (histoire de nourrir l’hyper-précarité) et l’explosion du nombre de postes partagés,
- Austérité salariale sans fin, avec le gel du point d’indice, la hausse des mutuelles (prises à la gorge par l’UE) et la division machiavélique entre les enseignants jeunes et les enseignants expérimentés systématiquement écartés des primes.
- Mise à mort des concours avec des changements TOUS LES ANS dans les modes de recrutement depuis la contre-réforme doucereuse de mastérisation imposée par l’UE avec le système LMD.
- Déstructuration des disciplines scolaires avec l’imposition de programmes scolaires arasant les contenus disciplinaires et la multiplication des injonctions hiérarchiques, contraires aux règles de l’art du métier d’enseignant, et visant à détruire les cultures disciplinaires et professionnelles patiemment construites par des générations de professeurs, tout cela dans le cadre du dogme du Livret de compétences directement inspirée du Sommet européen de Lisbonne imposant un marché européen de la Connaissance
- Caporalisation accélérée de la profession, avec la multiplication des hiérarchies intermédiaires, le règne du « New Management », l’autonomie des chefs d’établissement et le musèlement des Conseils d’Administration dénaturés à coup de Conseils Pédagogiques et de comités ad hoc.
- Répression antisyndicale et surveillance généralisée dans un climat de division de la communauté éducative sans précédent
- Extinction du lycée général à la française et du Baccalauréat national, et non pas comme le prétendent sans rire les affiches du SNES « affaiblissement » du baccalauréat national
- Etranglement des Lycées professionnels et technologiques traités de façons assumée comme des voies de garage.
- Démolition du collège par les contre-réformes prétendument « socialistes » héritées de Vallaud-=Belkacem et Cie
- Désorganisation des écoles primaires et maternelles par la logique des cycles et la multiplication des missions médiatiques selon la mode du moment,
- Arasement de la politique d’éducation prioritaire
- Glissement accéléré vers l’Université à l’américaine avec le triomphe de Parcours Sup et du tri social illimité des étudiants,
- Renforcement des flux vers l’école privée, tout cela sur fond de désarticulation de la République française une et indivisible, de l’instrumentalisation réactionnaire de laïcité et du recul planifié du français au profit du tout-anglais de la maternelle à l’Université (ou de l’enseignement « immersif » en langues régionales dans le cadre d’écoles privées type Diwan),
- il n’y a pas un seul dossier, surtout dans le Supérieur et le Secondaire, où les revendications historiques du mouvement enseignant laïque ne soient laminées ou en voie de l’être.
Le ministre Blanquer, après la très hautaine Vallaud-Belkacem, incarne et impulse ces régressions sans précédent. Ajoutant l’humiliation à la violence il s’est grossièrement affiché comme le ministre le plus méprisant et le moins responsable à l’égard des usagers et des personnels dont il a la charge, usant systématiquement pour ce faire de méthodes ultra-brutales et autoritaires alliées à une communication basée sur le dévoiement systématique de la vérité et sur le culte de la personnalité.
Avec un cynisme rare il a osé profiter de la Pandémie pour accélérer la destruction de l’Education Nationale et se servir des diverses vagues épidémiques, au péril de la santé des personnels des élèves et de leurs familles, comme autant d’expérimentations réactionnaires lui permettant de violer les missions des personnels et de les dénigrer afin de mettre en place son dogme réactionnaire et néolibéral.
Après un tel régime, l’Education Nationale est en miettes. Les résultats scolaires se sont effondrés, les personnels et les élèves sont en souffrance, tandis que la communauté éducative est fracturée comme jamais du fait des campagnes de division et de dénigrement entretenues depuis le sommet de l’appareil d’Etat jusque dans les médias; dans le même temps, les étudiants se détournent massivement des métiers d’enseignant.
Pourtant, comme si de rien n’était, la direction actuelle du SNES, de la FSU et du SNUIPP, continue de refuser d’appeler à la démission du pire ministre que l’école ait dû endurer depuis l’abject Claude Allègre, tout cela pour soi-disant préserver un « dialogue social » en forme de mascarade.
Dans le même temps, ces mêmes syndicats (de moins en moins majoritaires) continuent de se vanter d’être les premiers (alors que le nombre d’adhérents est historiquement faible) et tentent désespérément d’euphémiser la débâcle et de présenter des reculs comme des avancées dans de tristes tentatives d’auto-promotion.
Les syndicats de second plan que sont FO, Sud et la CGT, ne prennent quant eux pas leur part de responsabilité, peinant à sortir des postures gauchistes pour développer un véritable syndicalisme de classe à vocation majoritaire.
On pourrait cependant objecter que l’on n’y peut rien et que le rapport de forces est mauvais pour les travailleurs. Certes, mais le fait d’avoir successivement appelé à voter Hollande, puis Macron au nom d’un antifascisme de pacotille, et surtout, de n’avoir jamais, depuis le très funeste traité de Maastricht, éclairé les enseignants sur la parfaite incompatibilité entre Éducation NATIONALE et intégration européenne supranationale et néolibérale, a-t-il aidé à construire le rapport des forces idéologique ou bien a-t-il contribué à désarmer le monde enseignant appelé par les pouvoirs maastrichtiens successifs à jouer le rôle de chien de garde idéologique, anticommuniste et euro-béat de l’=empire euro-atlantique en gestation ?
Quand la FSU fut créée en 1995, nombreux étaient ceux qui espéraient qu’avec elle, en alliance avec la CGT à l’époque moins euro – dérivante qu’aujourd’hui, le syndicalisme de lutte allait donner le ton dans le pays. Par la faute des dirigeants de ces appareils syndicaux, c’est quasiment l’inverse qui s’est produit et jamais le pseudo syndicalisme d’accompagnement inféodé à Bruxelles n’a été si fort.
Dénoncer ce bilan de faillite n’est certes pas agréable ni suffisant pour relancer le syndicalisme de lutte, mais c’est une condition nécessaire pour que les syndicalistes de terrain se réapproprient les outils de lutte au lieu de croire faire montre d’esprit de responsabilité en continuant de suivre les bergers roses ou franchement jaunes qui pèsent sur nos luttes comme un étau. D’autant que dans les circonstances funestes de la crise sanitaire les enseignants ont pu, tout en accomplissant leur mission avec compétence et professionnalisme tandis qu’ils étaient abandonnés voire dénigrés par leur hiérarchies, prendre conscience de leur place indispensable dans la société tant pour le développement scientifique, social et culturel du Pays, que pour permettre tout simplement que la production perdure et que la vie sociale continue.