Le G20 réuni à Cannes les 3 et 4 novembre dernier a en fait tenu toutes ses promesses et confirmé sa vocation: conforter les riches dans leurs privilèges, aggraver les politiques de rigueur contre les peuples, imposer des gouvernements directs du capital financier hors de tout contrôle populaire.
De leur côté, syndicats et organisations patronales (Labour20/Business20)(1) ont publié une déclaration commune pour exprimer leur « profonde inquiétude quant à la situation économique mondiale », demander « avec insistance » aux gouvernements de faire des questions sociales « une priorité afin de réduire le chômage et éviter qu’une proportion croissante de la population ne perde confiance et espoir en l’économie mondiale » après avoir salué « les efforts entrepris durant la crise par de nombreux gouvernements afin de concentrer leur action sur la protection et le développement de l’emploi productif » !
Ce que la déclaration commune exprime donc quant au fond, c’est l’inquiétude que les travailleurs perdent confiance non pas dans l’économie mondiale de manière vague, mais dans le capitalisme, la CSI et la CES se portant au secours du système pour le sauver comme nous le disons depuis longtemps. La CSI et la CES ou les infirmiers empressés d’un système à la dérive, étendant ses ravages sur l’ensemble de la planète !
A la différence de la CFDT et de FO, la CGT n’a pas participé à cette véritable mascarade. Nadine Prigent, secrétaire confédérale, au cours de la dernière réunion du comité Confédéral National s’est même étonnée « de l’appréciation positive portée par la CSI sur les résultats du G20 ». Et Bernard Thibault dans une lettre à la secrétaire générale de la CSI de considérer « inopportun, au regard de la crise actuelle et de la situation à laquelle sont confrontées les organisations syndicales dans nombre de pays, de laisser entendre qu’il y aurait une vision partagée entre syndicats de salariés et patronaux sur les principaux facteurs qui permettraient une sortie de crise durable. »
Inopportun ?
Seulement inopportun ?
En quelque sorte ce n’était pas le moment et ce ne serait pas compris par les travailleurs ?
Quelques jours auparavant, B. Thibault avaient pourtant justifié son refus de participer au G20 : « Je ne me prêterai pas à cet exercice en laissant à la délégation syndicale de la CSI le soin de porter les revendications communes à l’ensemble du mouvement syndical international et que nous partageons. »
Mais ce sont la vocation et la mission de la CSI financée par les Etats-unis et le Vatican et de la CES intégrée à l’Union Européenne que de voler au secours des patrons, des multinationales et des marchés financiers dans la crise qui est la crise de leur dette et de leur système !
Ce soutien au G20 et cet alignement n’étant pas par conséquent un simple accident ou une simple bévue inopportune!
Et que fait la CGT dans cette galère sinon porter caution à ces orientations et à cet accompagnement du système ?
Au cours du même CCN, Nadine Prigent constatait par ailleurs : « Il faut se satisfaire de ce climat revendicatif dans plusieurs pays européens mais des difficultés de conception et de recherche de convergences sont apparues dans la CES, particulièrement avec le secrétariat, lors du dernier comité exécutif. »
Comme si l’attentisme de la CES, cette absence d’initiatives concrètes pour développer les luttes convergentes en Europe, était là-encore le fruit du hasard ou de simples insuffisances d’une orientation qui elle serait conforme aux intérêts des travailleurs.
La vérité, c’est que les travailleurs en Europe ne peuvent pas compter sur la CSI et la CES pour contrer l’offensive sans précédent du capital, s’opposer aux fermetures d’entreprises, à la véritable liquidation de l’industrie automobile en France, aux fermetures de services dans les hôpitaux et au recul sans précédent de l’accès aux soins, au sabotage de l’éducation nationale, s’opposer aux plans de rigueur qui vont aggraver le chômage et les déficits publics …
Et puisque la direction de la CGT constate l’inaction de la CES, qu’attend-elle pour proposer aux autres organisations syndicales d’Europe qui comme au Portugal, en Espagne, en Italie, en Grèce … sont encore dépositaires –malgré les aléas- des traditions de lutte de la classe ouvrière et des travailleurs, l’organisation d’une action commune forte qui serait le point de départ d’une résistance prolongée, organisée, déterminée contre les plans de rigueur de la « troïka » (Fond Monétaire International, Banque Centrale Européenne et Union Européenne) ?
Action commune forte avec des organisations qui pour le moment appartiennent à la CES, mais aussi à la Fédération Syndicale Mondiale comme c’est le cas de PAME en Grèce qui joue un rôle essentiel dans la résistance du peuple grec (800.000 adhérents) !
C’est en ce sens que le Front Syndical de classe appelle les militants et les organisations de la CGT, de la FSU et plus largement à intervenir, à s’exprimer publiquement, à réclamer avec force, à prendre les contacts nécessaires en vue de l’organisation d’une grande initiative européenne des travailleurs seule capable de contourner l’inaction de la CES et de donner le signal du « TOUS ENSEMBLE » dont nous avons besoin au niveau national comme international !
Le Front Syndical de Classe, 17 novembre 2011
(1). qui du côté syndical recouvre en fait la Confédération Syndicale Internationale (CSI) et la Confédération Européenne des Syndicats (CES) avec pour la France François Chérèque (CFDT) et Jean-Claude Mailly (FO).