Alain Refalo, professeur «désobéisseur», initiateur du «Mouvement des enseignants en résistance pédagogique»/AFP/Eric Cabanis
TOULOUSE – Alain Refalo, qui a refusé d’appliquer le dispositif d’aide personnalisée, s’est vu signifier un abaissement d’un échelon représentant une perte salariale d’au moins 7.000 euros… Professeur «désobéisseur», ça peut coûter cher. Alain Refalo en a fait l’amère expérience. Cet enseignant de Colomiers (Haute-Garonne), qui a refusé d’appliquer les réformes gouvernementales dans son établissement, est passé jeudi en commission disciplinaire devant l’inspection académique de Toulouse. Il a été sanctionné d’un abaissement d’échelon. «Alain Refalo vient de se voir signifier une sanction disciplinaire de catégorie 2, un abaissement d’un échelon, soit la sanction qui a le plus de conséquences financières sur son traitement», a indiqué vendredi le comité de soutien à l’enseignant.
Des rapports pédagogiques élogieux
«S’ajoutant à la promotion qui lui a été refusée au mois de février, et indépendamment des 19 jours de salaire qui lui ont déjà été soustraits, cette sanction représente pour les quatre ans qui viennent une perte d’au moins 7.000 euros, alors qu’Alain Refalo a effectué l’intégralité de son service devant les élèves et que les rapports pédagogiques de ses inspecteurs sont élogieux», poursuit le communiqué.
Dans une lettre de trois pages envoyée par ailleurs, l’enseignant explique, lui, que «cette action de désobéissance pédagogique qui s’est essentiellement cristallisée sur le dispositif de l’aide personnalisée, a permis à des milliers d’enseignants du primaire d’en montrer toute la perversité et l’inefficacité tout en ayant une attitude responsable vis-à-vis des élèves en difficulté».
«Le nouveau ministre se trompe gravement»
Selon le professeur, «les motifs invoqués de manquement au devoir de réserve et d’incitation à la désobéissance collective, une première dans l’Education Nationale, témoignent d’une volonté de bâillonner les enseignants».
Il s’agit, selon lui, d’une «décision politique» qui «vise assurément l’ensemble des enseignants du primaire en résistance». L’enseignant estime que «le nouveau ministre espère ainsi écraser toute velléité de contestation à la rentrée. Il se trompe gravement. Le pouvoir s’enferme dans une attitude répressive qui ne peut que susciter des tensions regrettables pour l’avenir.»
Appel à «une insurrection des consciences»
Alain Refalo conclut en appelant «à une insurrection des consciences de la société civile pour sauver l’école de la République aujourd’hui menacée». Il demande également aux «syndicats d’enseignants de jouer pleinement leur rôle en organisant dès la rentrée un mouvement de résistance puissant à ces réformes scélérates».