Pôle position, par Georges Gastaud et Fadi Kassem, secrétaires nationaux du PRCF
« 470 milliards d’euros, c’est plus que le budget annuel de l’État ! » : face à l’aréopage habituel des patrons du CAC-40 et du MEDEF, Jean Castex a réaffirmé le mercredi 26 août 2020 la servitude volontaire traditionnelle de tous les euro-gouvernements qui se succèdent depuis des décennies ; à quoi s’ajoute le « plan de relance » (pas pour les emplois ni pour les salaires) de 100 milliards d’euros tant vanté par la macronie, et dont bien entendu les travailleurs confrontés à une vague de « plans sociaux » sans précédent (Airbus, Air France, Alcatel, Nokia, Renault, Sanofi, etc.) ne verront jamais la couleur. Remarquons d’emblée que la fable selon laquelle « il n’y a pas d’argent », tant serinée à longueur de temps par les chantres du capitalisme euro-atlantique refusant de consentir à des « dépenses » publiques trop « coûteuses » en temps normal, s’effondre comme un château de cartes lorsqu’il s’agit, sous prétexte de lutte contre le coronavirus, de passer de la pommade aux patrons milliardaires tout heureux de pratiquer continuellement « l’optimisation fiscale » et de se servir des « paradis fiscaux » (y compris au sein de l’UE : Belgique, Pays-Bas, Chypre, Luxembourg, Irlande, etc.). Au-delà, le gouvernement Castex peut se targuer d’avoir été bien représenté lors des « débats » ayant émaillé cette « Renaissance des entreprises de France » (comme est désormais nommée cette université d’été) : Olivier Véran, chargé de réaliser un « check-up complet » de la Santé ; Olivia Grégoire, secrétaire d’État à « l’économie sociale et solidaire » chargée de démasquer les « complotistes » et les « tentations populistes » ; Clément Beaune, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé des Affaires européennes et venu plaider pour construire « l’indispensable souveraineté européenne » ; ou encore Elisabeth Borne, « ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion » (autant de fables dans le monde euro-capitaliste promu par la macronie).
Bien évidemment, les « républicains » et « sociaux »-« écolo »-libéraux collant aux basques de la macronie (derrière une opposition de façade) ne pouvaient manquer ce grand rendez-vous annuel des adeptes des attaques contre les travailleurs. Ainsi auront participé à ces journées de « réflexion » : Sylvie Goulard, ancienne membre du MoDem et éphémère ministre des Armées du gouvernement Philippe (épinglée pour cause d’emploi fictif au sein du Parlement européen) ; l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin ; François Baroin, annoncé comme un prétendant à la présidentielle en 2022 et qui a déjà prêté allégeance à Chirac puis Sarkozy ; Henri Guaino, ancien mentor de Sarkozy réfléchissant également à cette « indispensable souveraineté européenne » ; mais également les « socialistes » Anne Hidalgo (âprement soutenue par le « communiste » Ian Brossat à Paris) et Najat Vallaud-Belkacem (qui réfléchit aux conflits de génération), l’ami du patronat Manuel Valls venu parler des « stéréotypes » (lui qui se plaignait qu’il n’y ait pas assez de « blancos » à Evry…), ainsi que le faux « écologiste » Yannick Jadot réfléchissant au « débat » intitulé « L’économie au secours de l’écologie, et vice-versa ? » (et introduit par la ministre de la « Transition écologique », Barbara Pompili...). En somme, une brochette habituelle d’euro-serviles pratiquant l’adoubement au pied d’un MEDEF déguisé en maître à penser pour faire face à la crise du coronavirus.
Comme d’habitude également, le plateau pouvait se gargariser d’une caution « scientifique » avec la présence d’« intellectuels » et de « journalistes » tout acquis à la triple obédience Macron-MEDEF-UE, Sciences Po Paris occupant, comme toujours, une place de choix dans cet exercice de flagornerie indécente. Ainsi, Angèle Malâtre-Lansac, diplômée de Sciences Po Paris et désormais directrice déléguée à la Santé de l’Institut Montaigne (dirigé par Laurent Bigorgne, ancien directeur des études de… Sciences Po Paris), a-t-elle débattu sur « Le siècle des pandémies », après avoir embrassé une belle carrière atlantiste : lauréate du Harkness Fellowship 2018-2019, elle a travaillé pendant un an à la Harvard Medical School et à la Rand Corporation à Boston sur l’organisation des soins primaires et notamment leur intégration avec les soins de santé mental ; désormais correspondante en France du International Health News Brief du Commonwealth Fund, elle est de surcroît co-auteur, aux côtés de l’inénarrable Olivier Duhamel (professeur à… Sciences Po Paris), du livre Les Primaires pour les Nuls – un titre correspondant parfaitement au pedigree des auteurs. Comment ne pas citer en outre Laurence Nardon, diplômée de… Sciences Po Paris, et responsable du programme Amérique du Nord de l’Institut français des relations internationales (Ifri) tout en étant membre du comité de rédaction des revues Politique étrangère, Questions internationales et The Washington Quarterly (les revues-phares promues à Sciences Po) ; Pascal Perrineau, professeur des universités à… Sciences Po Paris, et qui apporte sa traditionnelle « expertise » sur le thème « Tous experts : qui croire ? » afin de démonter les « populismes » – et ce en compagnie de Chloé Morin, « politologue à la fondation Jean Jaurès, diplômée de… Sciences Po Paris et conseillère en charge de l’opinion publique au sein des cabinets des Premiers ministres Ayrault Valls ; ou encore Julien Damon, sociologue et professeur associé à… Sciences Po Paris.
À ce plateau sciences-piste hégémonique s’ajoutent les indispensables laquais de l’ordre capitaliste euro-atlantique, de la « journaliste » de France Info Fanny Guinochet à l’économiste libéral Nicolas Bouzou, de la chroniqueuse et essayiste Céline Pina (contributrice régulière du Figaro et de Causeur, membre du « Printemps républicain » et du « Front populaire » de Michel Onfray, adepte de la seule critique de l’islam(isme) à l’inévitable François Lenglet, « un des journalistes les plus influents du paysage médiatique français » dixit le site du MEDEF. Et pour parachever le tout, outre les représentants du grand patronat industriel et financier qui s’amuse à désindustrialiser massivement – signalons notamment la présence de Paul Hudson, directeur général de Sanofi – se trouvent toujours les idiots utiles de l’ordre établi, pétris de bonnes intentions mais faisant preuve d’une candeur et d’un aveuglement confinant à la bêtise, à l’image du directeur général de Greenpeace France Jean-François Julliard (ancien secrétaire général de Reporters sans frontières…) et de Camille Etienne, étudiante à… Sciences Po Paris, militante pour le climat, porte-parole du mouvement « On Est Prêt » et présentée par le MEDEF comme « « jeune activiste » chez les « décideurs » au Ritz, chez JP Morgan, au Sénat, devant des députés, ou encore à TEDex » (ainsi qu’au Parlement européen aux côtés de Greta Thunberg).
Une nouvelle fois cette année, le MEDEF aura donc réussi un coup double : d’une part, par le biais du dernier laquais en place Jean Castex, faire passer « l’amour de l’entreprise » et la foi dans la « politique de l’offre » en première page des médias sous le contrôle des grands patrons ; d’autre part, proposer un plateau pléthorique sur le papier et dominé par la seule pensée totalitaire inhérente à l’évènement, celle du capitalisme euro-atlantique recouvert de peinture « verte » et de grandes proclamations de principes sur « l’égalité hommes-femmes », avec la caution des « experts » et « intellectuels » prompts à servir de paillasson au grand patronat.
Plus que jamais, la véritable Renaissance doit être celle d’un Parti communiste franchement marxiste-léniniste, en rupture totale avec l’euro, l’UE, l’OTAN et le capitalisme pour conduire la France, la République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique, l’ensemble des travailleurs et des citoyens vers de « nouveaux Jours heureux ».